Claude Dambreville |
Actuellement, à Port-au-Prince, il y a un nombre surprenant
de motos en circulation. La plupart de ces véhicules sont de petite cylindrée. Ils
sont utilisés pour :
Les déplacements personnels ou professionnels.
Le transport public (taxis)
L'acheminement des messages et colis.
L'ELOIGNEMENT RAPIDE DES BANDITS QUI VIENNENT DE VOLER OU
TUER.
Bien différent était le paysage urbain d'autrefois. Les
quelques motards qu'on apercevait dans les rues, étaient de paisibles citoyens
vaquant à leurs affaires. A cette époque, les attaques à main armée étaient
inexistantes, et les larcins qui se commettaient à la capitale, ne tiraient
vraiment pas à conséquence.
C'était le temps où les victimes de petits vols à l'esbroufe
( arrachages de sacs à main ou de bijoux, après bousculades et empoignades ) ,
ne s'en tiraient pas avec des dommages trop graves. Rien qu'une légère
égratignure ou une foulure bénigne de temps en temps. Qui plus est, les
malfaiteurs tremblaient de frousse beaucoup plus que ceux qu'ils dévalisaient.
Au simple cri de "Bare volè", la peur donnait des ailes à de solides
gaillards qui, terrifiés, se mettaient à courir comme des dératés, pour ne pas
se faire épingler.
Par ailleurs, d'importants commerçants, sans être vraiment
naïfs, se comportaient avec une apparente et imprudente candeur, dictée par la
bienveillance et l'honnêteté qui fleurissaient sur tous les visages
environnants. Ainsi, pour effectuer à la Banque un dépôt de cent cinquante
mille dollars, il n'était pas question de recourir à un fourgon blindé. Réparti
en paquets bien comptés et bien ficelés, l'argent était enfermé dans une simple
boîte en carton soigneusement conditionnée, et acheminé à la Banque, avec
aisance et innocence, par un modeste employé de confiance.
Ce messager n'avait besoin d'aucun accompagnateur armé, pour
le protéger. Avec une admirable bonhomie, il posait le précieux fardeau sur sa
tête, ( tout comme l'aurait fait une sereine paysanne transportant des légumes
) , et il prenait résolument le chemin de la Banque. Croyez-le ou non, tout se
passait merveilleusement bien.
Une tristesse infinie m'envahit aujourd'hui, quand je pense
à mon amie Y... qui, il y a de cela quelques années, a été exécutée en pleine
rue , et en plein jour, pour avoir refusé de remettre à un tueur à moto la
modique somme qu'elle venait de retirer de sa Banque , et qui, selon certains,
ne dépassait pas 200 US dollars.
Crédit : Claude Dambreville
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