Daly Valet |
"Radio Antilles Internationale" de Jacques Sampeur
a révolutionné la rediffusion en Haïti avec sa fameuse " Libre Tribune
" à l'ouverture de la transition démocratique en 1986. Le peuple avait la
parole en direct pour dire Haïti et dire sa condition humaine...
La transition démocratique était vielle de 10 ans quand, à
partir de 1995, dans l'émission "Vision 2000 à l'écoute" sur le 99.3
FM ( lage m pou m pale ! ) ", j'ai reformaté et révolutionné le modèle
"libre tribune " par l'introduction des grandes thématiques de débat
cadré, les grandes analyses de politique locale et d'actualité internationale
axées sur un effort de cadrage théorique...Mes émissions bien travaillées,
préparées, documentées, recherchées....Je rejetais d'emblée l'option facile du
vedettariat facile et du sensationnalisme de caniveau...Ma génération et celles
avant nous étaient loin d'être parfaites, mais nous faisions notre possible
pour demeurer décents et respectables avec nos plumes et nos micros.
Aujourd'hui, hélas, rares sont des professionnels du métier
de journaliste à s'imposer un minimum de scrupules et de savoir-faire dans le
faire. La bêtise s'est métastasée dans ce corps professionnel à un rythme
effarant et mortel avec la prolifération des stations de radio. Des noms qu'on aurait
pu prendre pour des modèles dans le métier se sont ravalés jusque dans
l'indigence éthique la plus crasse, la plus plate et la plus déshonorante avec
leur plume, leur micro ou leur "smarthphone". La presse haitienne est
actuellement au zénith de la grande bêtise. À présent, plus on est idiot dans
ce métier, plus on fait la leçon aux autres et a du succès. Plus on est
corrompu et voyou, plus on fait du bruit et s'affiche en parangon de toutes les
vertus avec son micro de vendus et de mercenaires. Ils disent, laissent dire et
écrivent n'importe quoi sur n'importe qui, n'importe quand et n'importe
comment.
Une profession, où la barre à succès se retrouve désormais
dans les égouts et non plus dans les hauteurs, devrait se livrer à une
introspection pour un aggiornamento. Trop de dérives et de laideurs. J'avoue
que je n'aurais jamais choisi d'entrer dans ce métier si la presse d'hier avait
le visage enlaidi et macabre qu'elle a aujourd'hui. On ne peut que se soulager
que certains jeunes de la génération montante, des jeunes mais dejà de vrais
modèles, se signalent brillamment par leur professionalisme et leur refus
évident du n'importe quoi nauséeux qu'exposent à la radio, à la télé, dans les
journaux, beaucoup de leurs aînés.
Il y a de l'espoir, malgré tout, pour la presse et le pays
avec ces jeunes...Entre-temps une certaine vielle garde corrompue et
médiocrement éduquée sur les principes fondamentaux du métier de journaliste
continuera d'avilir la corporation et de faire la loi dans la cité de
l'impunité et du n'importe quoi ...pour longtemps encore...dans l'insuffisance
intellectuelle, le vedettariat creux et le sensationnalisme de bas étage.
Daly Valet
24 novembre 2016
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