vendredi 18 novembre 2016

Haïti/Rétrospectives : Les enfants d'aujourd'hui ne bougent plus.

Claude Dambreville
Autrefois, les enfants étaient extrêmement remuants. Ils bougeaient sans cesse, couraient de-ci de-là, renversaient et cassaient tout sur leur passage, se heurtaient à tous les meubles, tombaient plusieurs fois par jour, et pleuraient à tout bout de champ.

A présent, à part les exercices physiques obligatoires qu'ils font à l'école, les gosses et même les adolescents se tiennent souverainement tranquilles. A la maison, leur incorporation à la vie familiale se remarque à peine, car leurs parents ont trouvé dans la technologie moderne un allié providentiel pour refroidir l'ardeur de leurs enfants . Par exemple, le matin, on ne s'aperçoit même plus s'ils sont réveillés, ou s'ils continuent de sommeiller. Aussitôt qu'ils ont les yeux ouverts, ils demeurent silencieux, et saisissent automatiquement les joujoux qui sont inévitablement à leur portée, c'est-à-dire un téléphone cellulaire, ou une tablette ( I-pad ) . Ces "indispensables" passe-temps leur permettront de rester au lit pendant des heures, sans éprouver le besoin de visiter la toilette, ou d'aller chercher quelque chose à manger.

Comment se comportaient les enfants de jadis, à leur réveil ? Ils faisaient du bruit, se précipitaient vers la toilette, s'habillaient, prenaient leur petit déjeuner (café et tartines beurrées ) , puis se joignaient bien vite à leurs voisins, ou à d'autres amis qui n'habitaient pas loin de chez eux. Les garçons n'attendaient pas neuf heures du matin (pendant les vacances, cela va de soi ) , pour commencer une intéressante partie de "saute-mouton", en créole : "zep" , avec force tapes, suyades, et piquades. Ou bien ils jouaient aux billes, en sortant de leurs poches leurs " boules-fer ", leurs " chelènes ", leurs "grisons ", et leurs " bikas ".

Quant aux fillettes, elles restaient chez elles, ou n'allaient pas plus loin que chez leurs amies du voisinage immédiat. Elles jouaient à l'infirmière, à la maîtresse de maison, confectionnaient de nouvelles robes pour leurs poupées, ou faisaient quelques parties de "bourriques" avec leurs vieilles cartes écornées, en compagnie des garçonnets, qui cherchaient toujours à tricher.

De nos jours, même à cinq ans, on peut être un utilisateur passionné d'un petit écran lumineux. Vautré dans son lit ou sur un sofa, durant de longues heures, le visage resplendissant de bonheur, le tout petit enfant pianote avec une admirable dextérité sur les minuscules touches de son cellulaire.

Au supermarché, Madame n'a qu'à installer son petit garçon ou sa petite fille de quatre ou cinq ans, dans un caddie , avec un téléphone ou une tablette entre les mains, pour être certaine qu'elle fera ses achats sans la moindre anicroche.



 Crédit : Claude Dambreville

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