Claude Dambreville |
Autrefois, les enfants étaient extrêmement remuants. Ils
bougeaient sans cesse, couraient de-ci de-là, renversaient et cassaient tout
sur leur passage, se heurtaient à tous les meubles, tombaient plusieurs fois
par jour, et pleuraient à tout bout de champ.
A présent, à part les exercices physiques obligatoires
qu'ils font à l'école, les gosses et même les adolescents se tiennent
souverainement tranquilles. A la maison, leur incorporation à la vie familiale
se remarque à peine, car leurs parents ont trouvé dans la technologie moderne
un allié providentiel pour refroidir l'ardeur de leurs enfants . Par exemple,
le matin, on ne s'aperçoit même plus s'ils sont réveillés, ou s'ils continuent
de sommeiller. Aussitôt qu'ils ont les yeux ouverts, ils demeurent silencieux,
et saisissent automatiquement les joujoux qui sont inévitablement à leur
portée, c'est-à-dire un téléphone cellulaire, ou une tablette ( I-pad ) . Ces
"indispensables" passe-temps leur permettront de rester au lit
pendant des heures, sans éprouver le besoin de visiter la toilette, ou d'aller
chercher quelque chose à manger.
Comment se comportaient les enfants de jadis, à leur réveil
? Ils faisaient du bruit, se précipitaient vers la toilette, s'habillaient,
prenaient leur petit déjeuner (café et tartines beurrées ) , puis se joignaient
bien vite à leurs voisins, ou à d'autres amis qui n'habitaient pas loin de chez
eux. Les garçons n'attendaient pas neuf heures du matin (pendant les vacances,
cela va de soi ) , pour commencer une intéressante partie de
"saute-mouton", en créole : "zep" , avec force tapes,
suyades, et piquades. Ou bien ils jouaient aux billes, en sortant de leurs
poches leurs " boules-fer ", leurs " chelènes ", leurs
"grisons ", et leurs " bikas ".
Quant aux fillettes, elles restaient chez elles, ou
n'allaient pas plus loin que chez leurs amies du voisinage immédiat. Elles
jouaient à l'infirmière, à la maîtresse de maison, confectionnaient de
nouvelles robes pour leurs poupées, ou faisaient quelques parties de
"bourriques" avec leurs vieilles cartes écornées, en compagnie des
garçonnets, qui cherchaient toujours à tricher.
De nos jours, même à cinq ans, on peut être un utilisateur
passionné d'un petit écran lumineux. Vautré dans son lit ou sur un sofa, durant
de longues heures, le visage resplendissant de bonheur, le tout petit enfant
pianote avec une admirable dextérité sur les minuscules touches de son
cellulaire.
Au supermarché, Madame n'a qu'à installer son petit garçon
ou sa petite fille de quatre ou cinq ans, dans un caddie , avec un téléphone ou
une tablette entre les mains, pour être certaine qu'elle fera ses achats sans
la moindre anicroche.
Crédit : Claude
Dambreville
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