Les mandataires de Fanmi Lavalas et de Lapeh, présents au Centre de tabulation des votes (CTV) le mercredi 23 novembre, scrutent à la loupe le déroulement des opérations. Tour à tour, ils dénoncent une violation flagrante du décret électoral au niveau du contrôle de qualité des procès-verbaux.
Pour la troisième journée de travail au CTV, les contestataires rentrent en scène. Fanmi Lavalas et la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh) crient déjà au scandale. Et pour cause, le décret électoral relatif aux critères de recevabilité d’un procès-verbal serait violé. Selon le mandataire lavalassien Yvon Feuillé, de nombreux procèsverbaux ont été comptabilisés avant qu’ils soient acheminés à l’unité de contrôle de qualité.
De la réception jusqu’à la saisie des données tirées des PV, explique- t-il, l’enveloppe plastifiée contenant des procès-verbaux, les listes d’émargement, les feuilles de comptage, les listes électorales partielles et autres est restée fermée. On se contente de vérifier la lisibilité des procès-verbaux au niveau de l’unité de contrôle visuel avant que les opérateurs ne procèdent à la saisie des informations disponibles. Seulement 5 % des procès-verbaux, à son avis, ont été acheminés à l’unité de contrôle de qualité, la seule habilitée à ouvrir une enveloppe.
Ce procédé, selon Yvon Feuillé, s’effectue en marge du décret électoral en son article 171.1 qui définit les critères de validité d’un procès-verbal. Ce dernier contient un ensemble de données comme le nombre de votants qui doit être conforme à la liste d’émargement. Or, a déploré le mandataire, la saisie des données tirées des PV est antérieure au contrôle de qualité permettant la mise à l’écart d’un procès-verbal et non l’inverse. C’est pourquoi il brandit la thèse d’une planification à un coup d’État électoral.
De son côté, un mandataire de Lapeh, Alex Joseph, qualifie le processus de tabulation de vol électoral organisé. Comme Yvon Feuillé, il soutient que nombre de procèsverbaux ont été comptabilisés en violation du décret électoral. Il cite en exemple la commune de Cité Soleil où, selon lui, les troisquarts des procès-verbaux venant des centres de vote de cette zone n’ont pas été endossés au regard de la liste d’émargement.
Pour Alex Joseph, cette situation explique bien les irrégularités relevées durant la journée du vote. À savoir que certains votants n’ont pas pu remplir leur devoir civique sous prétexte que leur numéro de carte d’identification nationale avaient déjà été utilisés pour voter.
En réponse aux dénonciations des mandataires de Fanmi Lavalas et de Lapeh, le directeur général du CTV, Robinson Chérilus, estime que le processus de tabulation des votes est conforme aux règlements publiés par le CEP sur le fonctionnement du Centre. À ce titre, il avance que le CTV n’a pas la prérogative d’intervenir au niveau des listes d’émargement, des feuilles de comptage et autres. Le contrôle de qualité s’effectue sur la conformité de l’ensemble des données contenues dans les PV aux critères prédéfinis.
Dans cette veine, il brandit encore les règlements du CEP pour justifier que l’ouverture de l’enveloppe plastifiée contenant les documents suscités n’est pas nécessaire dans le traitement des PV. Ces derniers, selon son constat, sont pour la plupart de bonne qualité. C’est pourquoi peu de procès-verbaux ont été mis en quarantaine.
Robinson Chérilus en profite pour communiquer les dernières mises à jour du processus de tabulation. La quasi-totalité des procès-verbaux a été reçue. Il n’en reste que 625. Pas moins de 48.82 % d’entre eux ont été traités. La présidentielle accuse le taux le plus élevé de procès-verbaux traités, soit 62.31 %.
La thèse du complot revient. Comme lors des élections de 2015 où l’opposition a vivement contesté les résultats de la présidentielle du CEP présidé alors par Pierre- Louis Opont. Une commission de vérification à la demande des contestataires avait dû intervenir pour rétablir, dit-on, la sincérité du vote. Les procès-verbaux avaient été examinés à la loupe jusqu’à la conclusion que le processus était truffé d’irrégularités et de fraudes nécessitant la reprise intégrale des élections.
Credit: Jean Michel Cadet/ LeNational
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