Madeleine Bégon-Fawcett |
Que laisserez-vous en héritage aux générations futures et au monde, chers politiciens haitiens?
Alors que de ce côté de l’océan, nous vivons, le souffle court. Le souffle coupé devant l’incompréhensible, l’impensable, l’inacceptable incohérence De nos frères, ces pseudo-politiciens, apprentis-sorciers qui se prennent pour Dieu.
Un peuple se meurt, sous des tentes de janvier 2010 qui ont été rejointes par celles de Matthew. Il a fallu trois semaines avant que les millions de sinistrés reçoivent le peu d’aide à leur survie. Mais qu’à cela ne tienne! Il nous faut des élections. Salvatrices. Celles-ci ne seront pas comme les autres, inclusives, honnêtes, transparentes et tutti quanti. L’histoire nous attendait au tournant.
Depuis 1990, nous avons trop de doigts à une main pour compter les bonnes élections qui ont lieu dans ce pays. Mais, à chaque fois, tels des enfants, nous croyons encore que ce sera différent alors qu’on a toujours les mêmes modèles de citoyens. La même mentalité, la même éducation nous mènera toujours vers les mêmes erreurs.
Ce que je veux dire ce soir n’est pas différent de ce que je dis depuis quelque temps : Haïti, avec ses infrastructures actuelles N’EST PAS PRÊTE POUR DES ÉLECTIONS AU SUFFRAGE UNIVERSELLE et ce mode de gouvernance centré, centralisé et circonscrit autour des besoins claniques des uns et des autres, les détenteurs du moment dans la république de Port-au-Prince NE NOUS CONVIENT PLUS.
Personne n’écoute ou alors, ce sont des hauts-cris autour de la Constitution que tout le monde viole au quotidien mais sans jamais l’avouer…Soit. Nous avions été fortement conseillés d’organiser des élections sous peine de…elles ont commencé au mois d’août 2015 et on croyait dur comme fer qu’elles s’achèveraient au plus tard le 29 janvier prochain. 150, 000.000 de dollars US plus tard, on se rend compte que le lendemain de la veille ce n’est pas aujourd’hui.
Aux organisateurs de ces dernières joutes électorales, vous qui aviez eu accès aux millions sacrificiels alors que le peuple crève, alors qu’il s’est levé tôt pour aller faire la file sous la pluie, pataugeant dans la boue, ayez un sursaut de conscience. Agissez enfin dans l’intérêt du pays.
A vous, chère communauté internationale, vous ces amis qui aimez tant Haïti, laissez-lui la chance pour une fois de retrouver son chemin. Trop d’interférences malheureuses se sont révélées tragiques pour elle depuis…
Chère bourgeoisie marchande, il viendra un moment ou même la classe moyenne qui s’est appauvrie dangereusement au cours des dernières années ne pourra plus acheter vos marchandises alors, vos franchises douanières ne vous serviront pas a grand-chose…
Chers politiciens zokoksis, vous qui vous prenez pour une tranche de la cuisse de Jupiter, vous les présidents, coordonnateurs A VIE de vos partis moribonds, vous à l’égo surdimensionné qui vous croyez NOÉ et qu’après vous ce sera le déluge, vous l’aviez eu votre temps de gloire. Vous n’en aviez pas fait grand-chose, vous aviez plutôt foutu la pagaille. Tous autant que vous êtes, votre contribution à la déchéance de la jeunesse, de la famille haïtienne, bref de la société, n’est plus à prouver. Le génie n’a qu’un siècle disait l’autre…maintenant, vous pourrissez, vous dégénérez. Retirez-vous avant que ce ne soit la honte consommée pour ceux d’entre vous dont ce n’est pas encore le cas. Vous aviez fait assez de mal à ce pays et dimanche dernier, le peuple vous a sanctionnés à sa manière, TOUS SANS EXCEPTION.
Aux candidats, vous prétendez vouloir vivre et faire vivre le peuple haïtien dans un état démocratique. Vos discours bien que divergents comportaient tous cette prétention diffuse. Si vous êtes allés en élection c’est que vous acceptiez d’office de vous soumettre au verdict populaire. Il n’y a pas que les vaines promesses aussi farfelues les unes que les autres qui devraient vous avoir motivés. On ose croire qu’en chacun de vous subsiste un chromosome des pères fondateurs en ce lendemain de Vertières. Je félicite ceux qui ont accepté de bonne grâce de tirer leur révérence tout en se disant toujours prêts à servir le pays. Quant aux autres, faites preuve de civilité, d’humanité, d’introspection positive face a la douleur, a la misère de ce peuple.
Loin de moi ce discours incohérent d’accepter des résultats quels qu’ils soient. Pas question! Les 9 membres du CEP ont ACCEPTÉ UN MANDAT. Ils doivent le respecter dans la plus grande transparence. Et vous, chers candidats, vous avez l’impérieuse responsabilité de protéger ce peuple qui n’en peut plus. Vous avez la charge de sauver ce qui peut encore l’être de ce pays en lambeaux.
La jeunesse a besoin de modèle, d’un système éducatif équitable qui donne à chacun les mêmes chances de vivre sur sa terre, d’un environnement sans violence qui incite au développement du sentiment d’appartenance à une nation enfin construite. Depuis 1806, nous vivons tels des tribus encore armées de nos flèches les uns contre les autres. Donnons-lui la chance de devenir UNE NATION.
Puisque vous avez choisi ce mode de gouvernance, il ne saurait avoir qu’UN SEUL PRÉSIDENT. Il sera celui que LE PEUPLE AURA CHOISI mais PAS celui qui lui sera imposé. La violence, les incitations incendiaires et invectives ne nous ont pas servi jusque-là.
Le pays est fatigué de cet état de délabrement qui force ses filles et ses fils à le fuir ou à vivre dans l’inconcevable dégradation de leur humanité. En cette veille de proclamation des résultats des dernières élections je nous souhaite la paix. A nous tous, je souhaite la tempérance, le respect de l’autre, de ses compétences et de son potentiel. Haïti a besoin de chacun de nous pour se relever.
Crédit : Madeleine Bégon-Fawcett
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