Claude Dambreville |
Que sont devenus nos horlogers d'antan ? Erwin, maître
horloger diplômé d'une grande Ecole de la Suisse, Roro, Loulou, Pepe, etc. qui
avaient appris le métier sur le tas ? La réparation des montres et horloges,
une honorable et paisible occupation, a connu chez nous une lente agonie,
suivie inexorablement d'un implacable trépas.
Durant les dernières années qui ont précédé l'extinction de
cette respectable activité chez nous, on pouvait voir Roro, par exemple,
traverser le Champ de Mars chaque matin, à petits pas réguliers, pour se rendre
à son atelier de travail : une table entourée de vitres protectrices, et
surchargée de montres qui avaient rendu l'âme, ainsi que d 'une vingtaine de
petites boîtes contenant des aiguilles, des oscillateurs, des pignons, des
remontoirs, des jeux d'engrenages, des ressorts, des vis minuscules, sans
oublier sa lampe frontale, sa loupe, et toute une série d'outils microscopiques
.
Grâce à leur honnêteté et à leur conscience professionnelle,
tous ces courageux et patients gentlemen, comme Roro, Erwin, et bien d'autres,
avaient la confiance absolue de leurs clients. Ils ouvraient avec amour et
sérieux, pour que les montres. Réveils, et pendules qu'on leur confiait, se
remettent à fonctionner d'une manière irréprochable. On peut dire qu'ils
faisaient vraiment honneur à ce noble et vieux métier d’horloger.
Il y avait malgré tout quelques petits astucieux que les
clients avertis s'efforçaient d'éviter, et pour cause. Avant même de
diagnostiquer le dysfonctionnement d'une montre, ces madrés techniciens
déclaraient sur un ton d'autorité : "Visiblement, cette pièce a besoin
d'un bon lavage. Sinon, je ne réponds pas de sa durée". Ne connaissant
rien en la matière, neuf fois sur dix, les clients disaient amen à la
proposition. Or, un lavage de montre, cela faisait bien une trentaine de
gourdes en plus du prix de la réparation.
La plupart de nos horlogers sont partis pour l'au-delà,
laissant après eux, en guise de remplaçants, rien que des "remplaceurs"
de petites piles rondes pour les montres modernes .
Crédit : Claude
Dambreville
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