Serge H. Moïse |
L’être humain est
doté de cette capacité d’espérer même lorsqu’il semble avoir atteint le point
de non-retour, ce qui explique, ne serait-ce qu’en partie, que la délinquance
et le taux de suicide ne soient pas plus répandus à travers le monde.
Il serait difficile de faire une énumération exhaustive de
toutes les catastrophes, guerres, désastres naturels, épidémies de maladies
mortelles qui ont jalonné le parcours de l’homme sur cette minuscule planète.
Encore faut-il souligner que le plus grand prédateur dans cette jungle, c’est
encore l’homme, lequel, par son avidité caractérielle n’est jamais rassasié,
oubliant ou ignorant que « la meilleure façon de dominer la nature c’est
d’obéir à ses lois ».
Dans le temps on s’en remettait à la volonté des dieux dont on
implorait la clémence à partir d’une multitude de rituels. Aujourd’hui avec les
percées fantasmagoriques de la science, la magie de la technologie moderne, la
diffusion des connaissances les plus pointues, comment expliquer que la qualité
de vie, même dans les pays dits civilisés soit, à bien des égards, à peine
supérieure à celle du moyen âge?
Nonobstant les moyens de communication sophistiqués à notre
disposition, la solitude à elle seule, fait d’innombrables victimes. Les revues
spécialisées nous apprennent que la prescription de médicaments antidépresseurs
connaît une poussée exponentielle. Les pathologies dues au stress se
multiplient et les médecines modernes combinées aux différentes thérapies dites
douces se révèlent impuissantes dans bien des cas. Les fonds pour la recherche
ne cessent de s’accroître entretenant tous les espoirs mais tout porte à croire
qu’il va nous falloir aiguiser notre patience, encore et encore!
Ne devrions-nous pas réorienter nos recherches de sorte
qu’au lieu de nous attaquer aux symptômes, avec des palliatifs qui ne sont, en
bout de ligne que des placebos afin de revenir aux valeurs cardinales à partir
desquelles nos grands-parents ont pu vivre heureux, longtemps et avoir beaucoup
d’enfants?
La famille, l’école, les communautés, les gouvernements et
même les religions semblent avoir changé de vocation. Il n’y a plus de repère,
de modèle ou encore, il y en a une telle profusion qu’il devient de plus en
plus difficile de trouver un consensus tant au niveau familial que sociétal.
Ce phénomène se constate un peu partout et le professeur
Gaston Marcotte de l’Université Laval à Québec, appuyé en ce sens par le
philosophe Edgard Morin, ont décidé de créer le « Mouvement Humanisation » afin
d’attirer l’attention de tous sur ce danger qui nous pend au nez et lui trouver
des solutions avant qu’il ne soit trop tard. Le « Mouvement Humanisation »
considère que le sous-développement humain est la principale cause de
l’ignorance, de la pauvreté et de la misère.
Les méthodes d’enseignement à tous les niveaux sont remises
en question dans la perspective d’offrir aux nouvelles générations une
éducation humanisante en rupture avec la robotisation, c'est-à-dire, la
spécialisation à outrance, le cloisonnement des connaissances qui entrave toute
tentative de synthèse permettant d’appréhender les problèmes dans leur
globalité en tenant compte des nuances et spécificités y relatives.
Il est devenu impensable aujourd’hui d’envisager l’avenir en
marge de l’évolution technologique, n’empêche qu’il faille toujours garder à
l’esprit que cette dernière doit être au service de l’homme et non l’inverse.
Ceci étant dit, n’en déplaise à ceux qui ne jurent que par
le modernisme, incapables de toute analyse en profondeur, aveuglés par le
spectaculaire et le superficiel, le temps est venu pour tous les locataires de
cette planète d’effectuer un sérieux examen de conscience, un véritable état
des lieux afin d’éviter la faillite de la race humaine.
Dans les pays dits avancés, engoncés dans le
post-modernisme, la lutte sera féroce car les intérêts en jeu sont d’une telle
énormité que les forces d’argent vont résister jusqu’à friser une nouvelle
catastrophe plutôt que d’amorcer ce virage au nom de la raison et de la sagesse
des peuples.
Toutefois les pays du tiers-monde et ceux en émergence
pourraient donner le ton.
En Haïti par exemple où tout est à refaire : réforme
judiciaire, création de millions d’emplois, lutte contre la corruption,
éducation humanisante pour tous, revalorisation de notre haïtianité, promotion
d’une culture de solidarité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du terroir,
l’exemple pourrait être donné comme ce fut le cas en mil huit cent quatre.
Ainsi, et pour la première république nègre et pour le reste
de la planète, loin des fracas de la ferraille, des luttes sans grandeur et
fratricides, réalisant que l’argent n’est et ne sera jamais comestible,
saurions-nous envisager des lendemains meilleurs, des lendemains qui chantent.
Crédit : Me Serge H. Moïse av. Barreau de P-au-P.
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