mercredi 30 novembre 2016

Des mots et des maux-8...Quelles réponses à leurs questions?

mardi 29 novembre 2016

Haïti/Elections 2016 : L'élection de Jovenel Moïse, «une catastrophe» pour Haïti

Jovenel Moïse, lundi à Port-au-Prince. AFP
Frédéric Thomas, spécialiste du pays, voit dans la victoire de ce PDG à la carrière opaque un retour en arrière pour les Haïtiens, avec une poursuite des mesures ultralibérales engagées par son prédécesseur et parrain, Michel Martelly.


Lundi, le Conseil électoral provisoire (CEP) haïtien a annoncé, dans un climat de tensions national, les résultats préliminaires de la présidentielle, donnant Jovenel Moïse, 48 ans, vainqueur dès le premier tour, avec 55,6 % des voix. Pour Frédéric Thomas, chercheur en sciences politiques au Centre tricontinental de Louvain-la-Neuve (Belgique), ce scénario est dramatique pour un pays qui tentait, tant bien que mal, de reconstruire ses institutions démocratiques. Jovenel Moïse, choisi par l’ancien président libéral, Michel Martelly, compte renforcer la dépendance de Haïti envers l’aide internationale et les Etats-Unis.

Que savez-vous de Jovenel Moïse ?

Il est le dauphin de Michel Martelly, l’ancien président élu en 2010 [peu après le séisme qui a tué 220 000 personnes, le 12 janvier 2010, ndlr], et qui a terminé son mandat en février. Jovenel Moïse est un homme d’affaires qui vient du nord-est du pays. Il est surtout connu pour être le PDG d’Agritrans, une entreprise de production et d’exportation de bananes biologiques, à destination surtout de l’Allemagne, située dans la première zone franche du pays. C’est un méga projet de 987 hectares, pour lequel Moïse a obtenu 6 millions de dollars [5,6 millions d’euros] du gouvernement Martelly. Ce dernier avait déjà pour objectif de créer plusieurs zones franches, Jovenel Moïse l’a repris dans son programme. Comme l’ancien président, le jeune homme d’affaires a fait sa campagne sur son image d’outsider. Agritrans est néanmoins un projet vitrine très opaque qui rappelle l’opacité de la carrière de Moïse. D’après une récente enquête, il posséderait 14 comptes bancaires et ferait l’objet de soupçons de blanchiment d’argent. Il est très probablement l’homme de paille derrière lequel se cache l’élite économique locale, et Michel Martelly.

Comment expliquer qu’un homme d’affaires impliqué dans de telles affaires soit élu dès le premier tour ?

Il faut déjà noter que le taux de participation a été, une nouvelle fois, très faible : 21 %, selon le CEP. Si on le rapporte à la population totale, cela veut dire que Moïse aurait été élu par 10 % des Haïtiens. Cela montre bien le discrédit de la classe politique pour la population. Si Moïse est arrivé premier, c’est que, pour beaucoup, l’espoir réside en dehors de la classe politique. Martelly était aussi considéré comme un outsider [c’est une ancienne star de kompa, ancêtre du zouk, ndlr], comme avant lui, René Préval (2006-2011), et bien sûr Jean-Bertrand Aristide (2001-2004). Les importants moyens financiers du parti de Moïse, le PHTK, ont aussi joué un rôle dans sa victoire.

Quelles conséquences cette élection peut-elle avoir sur le pays ?

C’est une catastrophe. Il faut regarder le bilan de Martelly pour comprendre : on a observé un recul des droits des femmes ; la société civile a dénoncé l’aggravation des menaces et des violences à leur encontre ; l’ex-président fait l’objet de soupçons de corruption à grande échelle. Jovenel Moïse va poursuivre cette politique ultralibérale. Il a une image moins «showbiz» que son mentor, mais les sources de financement de sa campagne sont opaques. On ne sait pas qui il y a derrière lui.

Est-ce une bonne nouvelle pour les Etats-Unis ?

En effet. Michel Martelly, malgré ses frasques, a reçu jusqu’au bout le soutien des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’OAE [Organisation des Etats américains, un espace de coopération entre 35 Etats américains, ndlr]. Jovenel Moïse aussi. Les autres candidats face à lui s’étaient montrés, eux, plus indépendants. Du moins dans les paroles. En octobre 2015, l’Occident avait condamné le choix du Conseil électoral provisoire d’annuler, pour fraude, les résultats du premier tour de la présidentielle qui donnaient déjà Moïse vainqueur. L’UE avait même retiré sa mission d’observation des élections. Finalement, ce scrutin s’est déroulé sans incident majeur et, pourtant, avec beaucoup moins de financements. C’est un très bon signe, mais l’élection de Moïse va signifier un retour en arrière, et la mise à mal d’institutions démocratiques déjà fragiles.

Comment expliquer ce taux de participation très faible ?

L’abstention dans le pays est généralement de cette ampleur. Avec 21 % de participation, cette fois-ci, on a à peu près le même taux qu’en 2015, et un peu moins qu’en 2010. Cela reflète le clivage très grand qui persiste entre les élites politiques déconnectées et la population confrontée à une urgence quasiment quotidienne. Au-delà des élections, il existe très peu d’activités politiques en dehors du gouvernement. Les partis politiques sont des coquilles vides qui s’animent à chaque scrutin. Le cynisme de la population vis-à-vis de leurs dirigeants est donc justifié. Il faut rappeler que Haïti est le pays le plus pauvre et le plus inégalitaire du continent américain.

Comment expliquer ce taux de participation très faible ?

L’abstention dans le pays est généralement de cette ampleur. Avec 21 % de participation, cette fois-ci, on a à peu près le même taux qu’en 2015, et un peu moins qu’en 2010. Cela reflète le clivage très grand qui persiste entre les élites politiques déconnectées et la population confrontée à une urgence quasiment quotidienne. Au-delà des élections, il existe très peu d’activités politiques en dehors du gouvernement. Les partis politiques sont des coquilles vides qui s’animent à chaque scrutin. Le cynisme de la population vis-à-vis de leurs dirigeants est donc justifié. Il faut rappeler que Haïti est le pays le plus pauvre et le plus inégalitaire du continent américain.

Crédit : Aude Massiot/Libération


lundi 28 novembre 2016

Haiti/Elections 2016: Jovenel Moïse remporte l'élection présidentielle en Haïti

Jovenel Moise, 58e Président d’Haiti, dès le 1er Tour
Jovenel Moïse, le candidat choisi par l’ex-chef de l’Etat Michel Martelly pour représenter son parti PHTK, a remporté l’élection présidentielle haïtienne au premier tour avec 55,67% des voix, a annoncé lundi soir un responsable électoral.
Jude Célestin, du parti Lapeh, arrive deuxième avec 19,52% des suffrages, tandis que Moïse-Jean Charles engrange 11,04% des votes et Maryse Narcisse, candidate de Fanmi Lavalas, 8,99%, selon Uder Antoine, un haut responsable du Conseil électoral provisoire (CEP).
A 48 ans, Jovenel Moïse signe avec cette élection le début de sa carrière politique. Entrepreneur agricole, il n’est apparu sur la scène politique haïtienne qu’au printemps 2015, quand Michel Martelly l’a choisi pour représenter son parti PHTK.
Lundi soir, Léopold Berlanger, président du CEP, a tenu à souligner que ces résultats ne sont que préliminaires. La loi permet à tout candidat de contester ces chiffres, mais près de 350 000 voix séparent Jovenel Moïse de Jude Célestin.
Après examen des plaintes et verdict des tribunaux électoraux, les résultats définitifs du premier tour de la présidentielle seront publiés le 29 décembre.
Les membres du CEP ont tardé lundi soir à se présenter devant les journalistes, signe d’un conflit quant à la publication de ces résultats.
Trois des neuf membres du conseil ont refusé de signer la feuille des résultats annonçant la victoire de Jovenel Moïse. Léopold Berlanger n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette divergence interne au CEP.
Le scrutin du 20 novembre, qui s’est déroulé sans incident majeur, est une étape indispensable pour permettre au pays de retourner à l’ordre constitutionnel, après l’annulation du premier tour de la présidentielle tenu en octobre 2015.
L’an dernier, les résultats avaient déjà placé M. Moïse en tête avec 32.76% des suffrages: classé en deuxième position avec 25.29%, Jude Célestin avait qualifié ces résultats de “farce ridicule”.
Une commission électorale indépendante avait conclu que le processus était entaché de “fraudes massives”, amenant les autorités à annuler totalement le vote.
M. Martelly, élu président en 2011 et dont le mandat arrivait à terme, n’a de ce fait pas transmis le pouvoir à un successeur élu au suffrage universel. Le parlement a élu en février Jocelerme Privert, alors président du Sénat, au poste de président provisoire.
Reprogrammé pour le 9 octobre, le premier tour de la présidentielle a dû être reporté à cause du passage de l’ouragan Matthew sur le sud du pays le 4 octobre. Cet ouragan dévastateur a fait plus de 540 morts.

Crédit: CANAL+HAITI/DIASPORAMA-HAITI avec AFP

Haiti/Elections 2016: Résultats partiels des Élections Présidentielles du 20 novembre 2016, Jovenel Moise, Président !

Jovenel Moise, 58e Président d'Haiti, dès le 1er Tour
En soirée, au local du CEP à Pétion-ville, sous forte protection, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) a donné une conférence de presse (qui était prévue depuis 11 heures du matin).
En attente cette conférence, au cours de la journée, la situation était tendu dans la zone métropolitaine, un groupe d’individus violent ont prit la rue voulant se rendre au siège du CEP à Pétion-ville via la route de Bourdon, sur leur chemin brisant des pare-brises, lançant des roches... des tirs ont été entendu dans la zone de Nazon. Des barricades ont été érigées... finalement les manifestant n'ont pas étaient en mesure de passer Bourdon.
Il semblerait qu'une partie de ce retard soit du au fait que certain conseillers aient refusé de signé les résultats préliminaires, rappelons que 6 des 9 membres doivent signer.
À 19h30, Richardson Dumesle, directeur de communication du CEP a indiqué "les conseillers électoraux sont encore en délibération."
Vers 21h30, les conseillers ont fini de délibéré à l'hôtel Karibe, à 21h45 les conseillers sont arrivé au siège du CEP à Pétion-ville...
À 22h30, 8 conseillers sont entrés dans le bâtiments, le Président du CEP Léopold Berlanger était présent.
La raison des résultats tard ce soir sont à cause d'un "travail démocratique" selon Léopold Berlanger, et il s'est dit soucieux de respecter la date de lundi, précisant qu'il ne voulait pas donner de résultats dans la nuit...
3 conseillers n'ont pas signé ces résultats, Kenson POLYNICE, Josette JEAN DORCELY, et Jean Simon SAINT-HUBERT.
Finalement le directeur exécutif du CEP a fait lecture des résultats préliminaires pour les élections présidentielle du dimanche 20 novembre.
Résultats préliminaires pour la Présidentielle :
  • Jovenel Moïse, « Parti Haïtien Tèt Kale » (PHTK) - 595,430 votes 55.67%
  • Jude Célestin, « Ligue Alternative pour le Progrès et l’Émancipation Haïtienne » (LAPEH) - 208,837 votes 19.52%
  • Jean-Charles Moïse, « Pitit Dessalines » - 118,142 votes 11.04%
  • Maryse Narcisse, « Fanmi Lavalas » - 96,121 votes 8.99%
  • Jean-Henry Céant, « Renmen Ayiti » - 8,075 votes 0.75%
  • Edmonde Suppice Beauzile, « Parti fusion des sociaux-démocrates haïtiens » (FUSION) - 6,812 0.64%
  • Maxo Joseph, « Randevou » - 5,362 votes 0.50%
  • Amos André, « Front Uni pour la Renaissance d’Haïti » (FURH) - 2,278 0.21%
  • Jean Hervé Charles, « Parti pour l’Evolution Nationale Haïtienne » (PENH) - 1,985 votes 0.19%
  • Joseph Harry Bretous, « Konbit Pour Ayiti » (KOPA) - 1,813 votes 0.17%
  • Marie Antoinette Gauthier, « Plan d'Action Citoyenne » (PAC) - 1,806 votes 0.17%
  • Jean Clarens Renois, « Unir-Ayiti-Ini » - 1,687 votes 0.16%
  • Daniel Dupiton, « Cohésion Nationale des Partis Politiques Haïtiens » (CONAPPH) - 1,308 votes 0.12%
  • Gérard Dalvius, « Parti Alternative pour le Développement d'Haïti » (PADH) - 1,222 votes 0.11%
  • Kesler Dalmacy, « MOPANOU » - 1,007 votes 0.09%
  • Jean Bertin, « Mouvement d'Union République » (MUR) - 991 votes 0.09%
  • Jean Ronald Cornely, « Rassemblement des Patriotes Haïtiens » (RPH) - 983 votes 0.09%
  • Marc-Arthur Drouillard, « Parti Unité Nationale » (PUN) - 978 votes 0.09%
  • Jean Poincy, « Résultat » - 970 votes
  • Jacques Sampeur, « Konbit Liberasyon Ekonomik » (KLE) - 960 votes 0.09%
  • Jean-Chavannes Jeune, « CANAAN » - 943 votes
  • Joseph G. Varnel Durandisse, « Retabli Ayiti » (PPRA) - 890 votes
  • Roland Magloire, « Parti Démocrate Institutionnaliste » (PDI) - 824 votes
  • Vilaire Clunny Duroseau, « Mouveman pou Endepandans
  • Kiltirel Sosyal Ekonomik ak Politik an Ayiti » (MEKSEPA) - 799 votes
  • Monestime Diony, (indépendant) - 768 votes
  • Luckner Désir, « Mobilisation pour Haïti » (MPH) - 744 votes
  • Nelson Flecourt, « Olah Baton jenès la » - 687 votes 0.06%
  • Aucun candidat - 7,284 votes 0.68%
Selon le calendrier électoral cette étape "publication et affichage des résultats préliminaires Président + Législatives 1/3 sénat" était prévue pour le 1er et 2 décembre, la prochaine étape au calendrier est le "Dépôt des contestation Président + Législatives 1/3 sénat" 3 au 5 décembre, le "Traitement des Contestations BCED" est prévu du 6 au 17 décembre, et l' "Affichage de la décision BCED" est prévu pour le 18 décembre.
En suite aura lieu le "Dépôt Appels contestation BCEN" du 19 au 21 décembre, suivi du "Traitement Contestation BCEN" 22 décembre au 26 décembre, l' "Affichage décisions BCEN" est prévu pour le 27 décembre, la "Préparation des résultats définitifs après contentieux" aura lieu le 28 décembre et la "Publication résultats définitifs Président + Législatives 1/3 sénat (1er tour)" aura lieu le 29 décembre 2016.
Crédit: CANAL+HAITI/DIASPORAMA-HAITI avec HL/ HaïtiLibre

Michaëlle Jean, reine de la francophonie

Michaëlle Jean
« Les Français, de grâce, exprimez-vous en français ! », supplie la secrétaire générale de la francophonie, polyglotte mais aussi fermement convaincue de la force d’attractivité de l’espace francophone, dont le 16e sommet se tient ce week-end à Madagascar.

« Briser les solitudes ». Michaëlle Jean avait choisi cette devise pour ses armoiries de gouverneure générale du Canada. Une consécration suprême pour la petite Haïtienne noire, qui avait trouvé refuge avec sa famille au Québec en 1968, que d’être nommée en 2005 « Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean », 27e gouverneur général et commandante en chef du Canada, représentante de la reine Elizabeth II, également chef du Commonwealth. « L’appel du destin », estime-t-elle.
La « petite reine » d’outre-Atlantique avait alors pris ses quartiers dans la grandiose résidence de Rideau Hall avec ses 175 pièces, à Ottawa, avait sillonné les vastes provinces du Canada et parcouru la planète lors d’une quarantaine de visites d’État et de déplacements à l’étranger. Certains de ses détracteurs en avaient profité pour égratigner le panégyrique, estimant qu’elle avait pris goût depuis à la vie de château.
Désormais secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Michaëlle Jean continue de sillonner la planète, toujours en mettant en avant la même devise. « C’est mon histoire, c’est ce qui me caractérise le mieux. Mon père me disait toujours : “L’indifférence n’est jamais une option. Tu dois tout voir, tout savoir.” Cela a été douloureux. Cela a fait de moi une enfant grave. »

Des parents arrêtés et torturés

En Haïti, sous la sanglante dictature de François Duvalier dit « Papa Doc » et de ses Tontons macoutes, la petite Michaëlle a été témoin du pire, de la terreur, des corps gisants et des personnes disparues. Ses parents ont été arrêtés, son père torturé et brisé à vie même si le Canada sera une véritable terre d’adoption.
Dans la petite ville québécoise de Thetford Mines, le système canadien de parrainage des nouveaux migrants, qui associe l’État fédéral, les provinces et les citoyens, a fonctionné à plein pour la famille Jean, acculée à fuir Haïti. « Nous n’avons jamais été seuls. Si l’on refusait de nous louer un logement, nous étions défendus. La famille Côté a toujours été là pour nous aider. »
« Lorsque l’on est forcé de fuir, on est dépossédé de tout. On arrive avec une immense précarité, mais aussi avec notre richesse personnelle à offrir. L’intégration aide à se reconstruire. L’accès rapide à la citoyenneté redonne la dignité de pouvoir contribuer à la société », assure-t-elle encore.
Le ton est donné. Michaëlle Jean ne goûte guère la politique migratoire européenne. « Les migrants, il leur faut beaucoup de courage », plaide-t-elle, dénonçant « l’amnésie » européenne. « Ceux qui érigent des barricades aujourd’hui ont, dans un passé pas si lointain, cherché refuge ailleurs. Les populations européennes ont contribué à édifier le Canada. »

L’exil est un chapitre de son histoire

Parce que l’exil est un chapitre de son histoire, Michaëlle Jean n’oublie pas qu’« il n’y a rien de plus important que de pouvoir envisager un projet de vie chez soi, et aussi de pouvoir voyager par choix et non par obligation ». C’est là qu’intervient la responsabilité de la francophonie. Michaëlle Jean en est convaincue, « créer de l’espoir et des possibilités dans les pays de départ des migrants – pour beaucoup francophones – pour ces jeunes habités par un sentiment d’impasse, c’est une vraie croisade pour l’OIF. » La francophonie est, selon elle, potentiellement « une arme de construction massive » pour soutenir les populations civiles, pour lutter contre l’extrémisme et l’embrigadement des jeunes.
Lorsqu’elle faisait campagne pour accéder à la tête de la francophonie en 2014, Michaëlle Jean a plaidé pour un pacte de coopération, une francophonie économique proche des populations qui soutienne l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Avec la langue française pour trait d’union. La « croissance partagée » est d’ailleurs le thème du 16e sommet de la francophonie, qui se tient ce week-end à Madagascar même si, dans ce pays, l’un des plus pauvres du monde, la croissance est tout sauf… partagée.

Entendre, écouter, répondre pour recueillir l’information

« Oui, on peut faire des choses en français ! », s’exclame-t-elle tout particulièrement à l’adresse de la France et des f rançais, très dubitatifs à l’égard de la Francophonie, alors que Paris reste le premier pays contributeur de cette organisation. Ainsi, huit des seize opérations de maintien de la paix se tiennent dans l’espace francophone.
« Pour protéger les populations en danger, il faut être capable de bien comprendre les instructions données en français, il faut pouvoir entendre, écouter, répondre pour recueillir l’information sur la réalité des pays en temps de crise », dit encore Michaëlle Jean. L’OIF, en partenariat avec l’ONU, dispense des formations spécifiques en français pour les forces militaires et policières qui se déploient dans ces pays. « Elle a ses propres méthodes d’apprentissage, et un vrai réseau d’expertise de juristes et de médiateurs. »
À l’adresse de ceux qui vilipendent une OIF qui perdrait sa vocation en accueillant de plus en plus d’États non francophones (1), Michaëlle Jean balaye la critique d’un revers de main. « Non, la Francophonie n’est pas dans la dilution. Tout se fait en français au sein de l’organisation. Il faut arrêter de sous-estimer l’attractivité de l’espace francophone. Beaucoup de pays ont envie de le rejoindre, de s’engager autour de ses valeurs, de se projeter vers un marché commun. Ces pays nous demandent de former leurs diplomates, leurs hauts fonctionnaires au français. Le Canada anglais a parfaitement compris que le français est une plus-value, une porte de plus ouverte sur le monde. » Car le français, parlé sur les cinq continents, reste la deuxième langue la plus enseignée et la troisième langue des affaires.
À l’entendre, les Français feraient bien d’en prendre de la graine. « Les Français, de grâce, exprimez-vous en français ! Sans doute en raison d’un grand retard dans l’apprentissage des langues, les Français ont un complexe vis-à-vis de l’anglais et l’utilisent abusivement et souvent mal à propos avec un vocabulaire bâtard. » Elle fulmine quand, dans les instances européennes et internationales, elle entend les intervenants français ânonner en anglais. « Il faut savoir dire non, le français est une langue de travail, il faut ramener les institutions à leurs obligations. » Si la conférence climat s’est tenue en français, l’an dernier à Paris, c’est aussi parce qu’elle a joué des coudes au plus haut niveau. « Il a fallu se battre », dit-elle.

Polyglotte accomplie

En parfaite canadienne anglophone, en polyglotte accomplie – elle parle le créole, le français, l’anglais, l’italien et l’espagnol –, Michaëlle Jean saute aisément d’une langue à l’autre. Elle n’a rien contre l’anglais, mais elle se bat contre son usage exclusif. « C’est une question de démocratie internationale, de respect de l’intégrité linguistique des peuples. Le multilinguisme est aussi vital que le multipartisme en démocratie. Il est essentiel pour se faire entendre avec sa force d’éloquence. Quand je parle en français aux Nations unies, avec une vraie conviction, avec un corps qui parle aussi, les gens écoutent, réagissent parce qu’ils voient quelqu’un de vivant qui s’exprime et cherche à convaincre. Dès lors que l’on s’installe sur une langue unique, on crée un vrai déficit de participation, de perspective, d’idées, d’énergie. Cette uniformisation est dangereuse. »

Histoire difficile de la francophonie

Elle rappelle que la Francophonie est née au Sud, en dépit d’une histoire difficile, entachée d’un lourd passé colonial. « La langue française nous a été enfoncée dans la gorge. » Mais elle est devenue un tribut de guerre, une langue de résistance, dans toute la noblesse du terme, que Michaëlle Jean, avec son identité multiple du Nord et du Sud, de Canadienne et d’Haïtienne, de noire descendante d’esclaves, défend avec ardeur. Pour le linguiste Bernard Cerquiglini, qui l’a côtoyée lorsqu’il dirigeait l’agence universitaire de la Francophonie, elle « symbolise la francophonie des valeurs universelles, qui se nourrit de la diversité des cultures ».
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Bio express

1957. Naît à Port-au-Prince en Haïti.
1968. Sa famille fuit la dictature Duvalier et se réfugie au Québec. Elle y suit des études littéraires italiennes et hispaniques et milite pour la défense des femmes victimes de violence.
1988-2005. Journaliste et présentatrice vedette à Radio Canada et CBC Television.
1990. Épouse le cinéaste franco-canadien Jean-Daniel Lafond. Le couple adopte une Haïtienne née en 1999.
2005-2010. Devient le 27e gouverneur général, et de ce fait commandante en chef du Canada. Elle renonce alors à la nationalité française obtenue par son mariage pour éviter tout imbroglio diplomatique.
2010. Envoyée spéciale de l’Unesco pour Haïti.
2011. Chancelière de l’université d’Ottawa.
2014. Décorée des insignes de Grand-Croix de la Légion d’honneur.
Novembre 2014. Secrétaire générale de la francophonie.

Crédit: DIASPORAMA-HAITI avec Marie Verdier & LaCroix

dimanche 27 novembre 2016

Haiti/Elections 2016: Le coup de maître des Tèt Kale !


» Coup de Maître  »
 » MWEN GEN LA LWA BOUCH MWEN  »
 Kote sevis dentèlijans mesye goch yo ? Kote sistèm enfiltrasyon yo nan KEP ? Yo pral nan eleksyon, yo pat okouran de sa advesè politik yo ap planifye. Yo pat konn ki kou kap prepare pou yo. Se kounyela, yap vinn pale de frod, yap kriye eskandal. Avan youn tap goumen ak lòt. Se lè kabrit fin pase yap rele fèmen baryè.
Yo preske chire !
Faut-il sortir des grandes écoles pour comprendre cela ?
Les innombrables détracteurs reprochaient à  » Neg Bannan  » de s’être lancé dans une aventure électorale dévastatrice, perdue d’avance. Ils prophétisaient à PHTK, depuis mars dernier, un enlisement suicidaire dans le bourbier de la masse populaire. Ces oiseaux de malheur en seront pour leurs frais. Car le PHTK vient de leur administrer une douche froide en quatre leçons qui sont acceptables en politique : Intelligence, stratégie, ruse et coup de maître.
On est dans l’irrationnel ! et on le subit !
Evidemment, en fevrier 2016, l’opposition arrivait à traverser la mer Rouge à pied sec, alors, aujourd’hui, par le vent de trahison, qu’elle n’arrive pas à canaliser le petit ruisseau qui coule sur son propre terrain.
Nicholas Machiavel :  » Vouloir atteindre un but précis autorise et justifie l’emploi de n’importe quel moyen pour y arriver « .
Mais si d’aventure l’un des candidats de l’opposition arriverait à affronter Jovenel Moise en deuxieme tour, alors la stratégie du PHTK mériterait le qualificatif de coup de maître.
Blackout + Digicel + Photoshops + Journalistes Courtisans + Mandataires achetés + Réseaux sociaux + Cri de la Victoire anticipée + Intoxications = TOUS LES MOYENS SONT BONS.
Forcément nous nous souvenons de la « Main de Dieu » et « le but frauduleux du siècle » en 90 minutes face à l’Angleterre, Diego Maradona est entré au Panthéon du football, le 22 juin 1986.
En politique, la stratégie est un art tout d’exécution. Et comme toujours, c’est dans l’exécution que les coups de PHTK atteignent la vitesse de croisière.
KAFE OPOZYSYON YO PRESKE KOULE AK MA.


Crédit: Gerry Jabon avec REZONODWES & DIASPORAMA-HAITI

Haiti/Violence et Justice: Camille Edouard Jr. promet de sévir contre la recrudescence de l’insécurité et de la criminalité dans le pays



Camille Edouard Jr
"...Le Ministre de la Justice et de la Sécurité, Me. Camille Edouard Jr., condamne les crimes crapuleux commis ces derniers jours, notamment contre l’ancien Premier Ministre Yvon Neptune. Des dispositions préventives et coercitives seront prises pour juguler toute forme de recrudescence de l’insécurité et de la criminalité dans le pays, à l’approche de la publication des résultats partiels du scrutin du 20 novembre 2016.

Le Ministre de la Justice promet de s’attaquer à la criminalité à bras le corps tout en alertant la population sur l’installation d’un dispositif de sécurité et de prévention faisant objet de mesures importantes dans la démarche de sécurisation de la population. A cet égard, des agents de la Police Nationale d'Haïti (PNH) procèdent à un contrôle d’identité autour de certains axes dans la capitale Port-au-Prince.

Le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Me. Camille Edouard Jr, appelle la population à la plus grande vigilance, en respectant strictement les consignes de sécurité diffusées par les autorités en question..."


 Lit-on dans un communiqué de Presse, du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique, parvenu aux médias ce dimanche soir 27 novembre 2016.


samedi 26 novembre 2016

Cuba/Haiti/Castro: Les mots de Fidel Castro sur Haïti

Le père de la Révolution cubaine Fidel Castro est décédé vendredi soir à La Havane à l’âge de 90 ans. Suite à la nouvelle de la mort de l’équipe éditoriale d’Ayibopost a décidé de publier ce texte de Fidel paru deux jour après le séisme du 12 janvier 2010. Ce texte témoigne de l’amitié et du respect qu’il a toujours exprimé envers Haïti.

La leçon d’Haïti

Voilà deux jours, à partir de six heures de l’après-midi à Cuba, mais déjà de nuit en Haïti du fait de sa position géographique, les chaînes de télévision ont commencé à informer qu’un violent séisme de catégorie 7,3 à l’échelle Richter, avait frappé sévèrement Port-au-Prince, l’épicentre ayant été repéré dans une faille tectonique située en mer à seulement quinze kilomètres de la capitale haïtienne où 80 % de la population vit dans des maisons de pisé et de torchis.

Les nouvelles ont continué d’arriver presque sans interruption pendant des heures. Les images manquaient, mais on disait que de nombreux bâtiments publics, des hôpitaux, des écoles et des installations plus solides s’étaient effondrés. J’ai lu qu’un séisme force 7,3 équivalait à l’énergie libérée par une explosion de quatre cent mille tonnes de TNT.

Les descriptions étaient tragiques. Les blessés en pleine rue réclamaient en criant des secours médicaux, au milieu des ruines sous lesquelles des familles étaient ensevelies. Personne n’a pu toutefois, durant bien des heures, transmettre la moindre image.

La nouvelle a surpris tout le monde. Nous étions nombreux à écouter de fréquentes informations sur des cyclones et de grandes inondations en Haïti, mais nous ignorions que notre voisin courait des risques de fort tremblement de terre. C’est alors qu’on a appris que le dernier grand séisme survenu dans cette ville remontait à deux cents ans en arrière, quand elle ne comptait sans doute que quelques milliers d’habitants.

A minuit, le chiffre de victime était encore approximatif. De hauts fonctionnaires des Nations Unies et plusieurs chefs de gouvernement parlaient de ces événements bouleversants et annonçaient l’envoi de secouristes. Comme des troupes des Nations Unies de divers pays étaient déployées en Haïti dans le cadre de la MINUSTAH, des ministres de la défense évoquaient des pertes éventuelles parmi leurs personnels.

C’est réellement hier matin, mercredi, que des nouvelles attristantes ont commencé à arriver au sujet d’énormes pertes humaines dans la population, et des organisations comme les Nations Unies signalaient que certains de leurs bâtiments s’étaient effondrés, une expression qui ne dit rien en soi ou qui peut au contraire signifier beaucoup.

Des nouvelles toujours plus bouleversantes au sujet de la situation dans ce pays frère ont continué d’arriver pendant des heures. Les chiffres de victimes mortelles variaient selon les sources de trente à cent mille. Les images sont désolantes. Cette catastrophe a reçu une large divulgation mondiale, et de nombreux gouvernements sincèrement émus s’efforcent de coopérer dans la mesure de leurs moyens.

Toute tragédie bouleverse de bonne foi un grand nombre de personnes, surtout quand il s’agit de désastre naturel. Mais rares sont sans doute celles qui se demandent : pourquoi Haïti est-elle un pays si pauvre ? Pourquoi sa population dépend-elle à presque 50% des envois de fonds familiaux en provenance de l’étranger ? Pourquoi n’analysent-elles pas aussi les réalités qui ont conduit à la situation actuelle en Haïti et à ses énormes souffrances ?

Le plus curieux de cette histoire, c’est que personne ne rappelle à aucun moment qu’Haïti a été le premier pays où quatre cent mille Africains victimes de la traite et de l’esclavage des Européens se soulevèrent contre trente mille Blancs, maîtres de plantations de canne à sucre et de café, déclenchant la première grande révolution sociale sur notre continent. Ils écrivirent des pages d’une gloire insurpassable. Ils mirent en déroute le général de Napoléon le plus éminent.

Haïti est le pur produit du colonialisme et de l’impérialisme, de plus d’un siècle d’utilisation de ses ressources humaines aux travaux les plus durs, des interventions militaires et de la ponction de ses richesses.

Cet oubli historique ne serait pas aussi grave que le fait réel qu’Haïti constitue une honte de notre époque, dans un monde où l’immense majorité des habitants de la planète continue d’être exploitée et mise à sac.

Des milliards de personnes en Amérique latine, en Afrique et en Asie souffrent de carences semblables, quoique toutes ne les subissent peut-être dans des proportions aussi élevées qu’en Haïti.
De situations comme celles de ce pays ne devraient exister nulle part sur la Terre, et pourtant des dizaines de milliers de villes et de villages y connaissent des conditions semblables, voire pires, à cause de l’ordre économique et politique international injuste qu’on a imposé au monde. La population mondiale n’est pas seulement menacée par des désastres naturels comme celui d’Haïti, qui est un pâle reflet de ce que les changements climatiques peuvent provoquer, bien que ces risques aient été vraiment tournés en dérision à Copenhague.

Il est juste de dire à tous les pays et à toutes les institutions qui ont perdu des citoyens ou du personnel dans le désastre naturel d’Haïti : nous ne doutons pas que vous ferez les plus grands efforts pour sauver des vies et soulager la douleur de ce malheureux peuple ; nous ne pouvons vous rendre coupables du phénomène naturel qui vient d’y avoir lieu, bien que nous soyons en désaccord avec la politique qu’on a suivie vis-à-vis d’Haïti.

Je ne peux m’empêcher de le dire : il est temps de chercher des solutions réelles et véritables pour ce peuple frère !

Dans le domaine de la santé et d’autres, Cuba, bien que pays pauvre en butte à un blocus, coopère depuis des années avec le peuple haïtien. Environ quatre cents médecins et spécialistes de la santé lui prêtent des services gratuits. Nos médecins travaillent tous les jours dans 227 des 337 communes du pays. Par ailleurs, au moins quatre cents jeunes Haïtiens se sont formés comme médecins dans notre pays. Ils travailleront maintenant auprès des renforts que nous avons dépêchés hier pour sauver des vies dans cette situation critique. On peut donc mobiliser sans efforts spéciaux jusqu’à un millier de médecins et de spécialistes de la santé qui sont presque tous déjà sur place et prêts à coopérer avec n’importe quel État qui souhaiterait sauver des vies haïtiennes et soigner des blessés.

De nombreux autres jeunes Haïtiens font actuellement des études de médecine à Cuba.

Nous coopérons aussi avec le peuple haïtien dans d’autres domaines à notre portée. Aucune autre forme de coopération ne sera toutefois plus digne de porter ce nom que celle de la bataille dans le monde des idées et dans l’action politique pour qu’on mette fin à la tragédie sans borne que souffrent de nombreuses nations comme Haïti.

La chef de notre brigade médicale a informé : « La situation est difficile, mais nous avons déjà commencé à sauver des vies. » Tel était le message laconique qu’elle a pu envoyer quelques heures après son arrivée, hier, à Port-au-Prince à la tête de renforts médicaux.

Elle a fait savoir tard dans la nuit que les médecins cubains et les Haïtiens diplômés de l’École latino-américaine de médecine (ELAM) de La Havane étaient en train de se déployer dans le pays. Ils avaient déjà soigné à Port-au-Prince plus de mille blessés, après avoir refait fonctionner d’urgence un hôpital qui ne s’était pas effondré et en recourant, en cas de besoin, à des tentes. Ils se préparaient à installer sans retard d’autres centres de soins d’urgence.

Nous sommes fiers à juste titre de la coopération que les médecins cubains et les jeunes médecins haïtiens formés à Cuba prêtent à leurs frères d’Haïti en ces moments tragiques !



Fidel Castro Ruz
Le 14 janvier 2010

Cuba/Fidel Castro: De Trump à Maradona et Bachar al-Assad, la mort de Fidel Castro fait réagir le monde entier

Hommage spontané à Fidel Castro, au Guatemala,
après l’annonce de sa mort. JOHAN ORDONEZ / AFP
De nombreux chefs d’Etat et anciens proches du dirigeant historique de Cuba ont réagi à l’annonce de sa mort, vendredi à l’âge de 90 ans.

Le père de la révolution cubaine s’est éteint. Depuis l’annonce, vendredi 25 novembre par son frère et successeur Raul Castro de la mort de Fidel Castro à l’âge de 90 ans, les dirigeants de la planète entière ont réagi, ainsi que les personnalités proches de l’ancien chef de l’Etat. Dans plusieurs pays du monde, des rassemblements spontanés ont aussi rendu hommage au « Lider Maximo ».


Etats-Unis : Barack Obama et Donald Trump diamètralement opposés


Ennemis déclarés du régime castriste pendant la Guerre froide, les Etats-Unis, dont la CIA a tenté à 638 reprises de se débarasser du dirigeant cubain, ont réagi par la voix du président Barack Obama et de son successeur, Donald Trump. Co-architecte du rapprochement historique entre son pays et Cuba,
 le président Obama a réagi dans un communiqué, soulignant que « l’Histoire jugera[it] de l’impact énorme de cette figure singulière sur le peuple et le monde qui l’entourent. » Soulignant que son administration avait « travaillé dur » pour tourner la page de plus d’un demi-siècle de « discorde et de profonds désaccords politiques », le président américain a exprimé son « amitié au peuple cubain ».
Autre son de cloche avec le président élu Donald Trump. Après avoir sobrement annoncé sur Twitter la mort du « Lider Maximo », dans un second temps, Trump a fait savoir que Castro était « un dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple » et qu’il fera « tout » pour contribuer à la liberté du peuple cubain. Cuba est engagée dans un dégel historique avec les Etats-Unis depuis fin 2014, mais Donald Trump a affiché des réserves sur ce rapprochement, affirmant qu’il ferait « tout pour obtenir un accord solide » avec La Havane.

A Miami, où de très nombreux réfugiés cubains fuyant le régime castriste se sont installés, des scènes de liesse ont accueilli la nouvelle de la mort du tyran cubain. De son côté, le sénateur de Floride et candidat malheureux à l’investiture républicaine, Marco Rubio, fils d’exilés cubains, a salué la mort d’un « dictateur meurtrier ayant infligé misère et souffrance à son propre peuple. »


Russie, Chine, Vietnam, les anciens « pays-frères » saluent sa mémoire


Pendant les années de la Guerre froide, Cuba a pu compter sur le soutien de l’Union soviétique et était devenu l’une des icônes de la confrontation entre les deux blocs. Aussi, de Moscou à Pékin, en passant par Hanoï, les anciens « pays-frères » du Cuba de Castro ont salué la mémoire du dirigeant cubain.

« Fidel a résisté et a fortifié son pays au cours du blocus américain le plus dur, quand il y avait une pression monumentale sur lui et il a pu mener son pays sur la voie du développement indépendant », a salué l’ex-dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, quand le président russe, Vladimir Poutine, dans une lettre adressée à Raul Castro, saluait « un ami sincère et fiable de la Russie » et un « homme d’Etat émérite, à juste titre considéré comme le symbole d’une époque de l’histoire moderne du monde ».

En Chine, l’hommage au « Lider Maximo » a été appuyé. « Le peuple chinois a perdu un camarade bon et sincère », a déclaré le président chinois Xi Jinping, assurant que Fidel Castro « vivra éternellement ». Si les deux pays se sont rapprochés depuis la chute de l’URSS, jusqu’à la mort de Mao, en 1976, les relations entre les deux pays sont restées distantes du fait de la présence de Cuba dans l’orbite soviétique, rivale de la Chine. A l’inverse, le Vietnam a toujours entretenu des liens étroits avec Cuba, et l’agence de presse officielle a salué « un grand dirigeant » qui fut « le brillant miroir des mouvements d’indépendance et révolutionnaires des nations d’Amérique latine et du monde ».


Polémique au Canada


Le premier ministre libéral Trudeau a qualifié Fidel Castro de « leader remarquable, plus grand que nature » et de « révolutionnaire et orateur légendaire », même s’il était une « figure controversée », ce qui lui a attiré les foudres de ses opposants. « Je n’arrive pas à croire que notre premier ministre exprime une ’profonde tristesse’ et considère comme un  ’ami’ un dictateur méprisable qui a tué et emprisonné des milliers d’innocents et exilé plus d’un million de personnes », a écrit sur Facebook le député conservateur Maxime Bernier.

L’élu a dénoncé aussi des « politiques communistes absurdes » du « Lider Maximo » qui « a brimé la liberté d’expression, a persécuté les homosexuels alors qu’il amassait une fortune et vivait dans le luxe comme tous les dictateurs qui exploitent leur peuple ». « C’est révoltant », a-t-il conclu.

La députée conservatrice Kellie Leitch, qui comme Maxime Bernier, est candidate à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC), a dénoncé des louanges formulées « comme si le premier ministre lisait un livre de conte de fées ».

Mme Leitch a dénoncé un « régime castriste (...) brutal, répressif et meurtrier ». Et « notre Premier ministre a plutôt choisi d’honorer l’homme qui a privé son peuple de ses droits fondamentaux pendant des décennies », a-t-elle condamné sur Facebook.

Les propos de Justin Trudeau ont aussi fait réagir aux Etats-Unis. Née à La Havane, l’élue américaine républicaine de Floride Ileana Ros-Lehtinen a comparé l’hommage de Justin Trudeau à « une lettre d’amour écoeurante ». « Vous n’avez pas perdu un être cher dans un peloton d’exécution. (...) Vous ne pouviez pas voter aux élections cubaines parce qu’il n’y a pas de partis politiques à Cuba. Le droit de manifester y est interdit. Il n’y a pas de liberté de presse. Aucune des libertés dont vous jouissez au Canada ou aux Etats-Unis n’existent à Cuba », a-t-elle réagi sur CNN.


L’Amérique du Sud pleure le « Commandante »


La révolution cubaine incarnée par Fidel Castro a déclenché une onde de choc durable, et des répliques qui ont ébranlé le sous-continent latino-américain pendant plusieurs années. Et les réactions ont été nombreuses en Amérique latine à l’annonce de la mort de Fidel Castro.

 « A tous les révolutionnaires du monde, nous devons suivre son héritage et le drapeau de l’indépendance, du socialisme », a écrit le président vénézuelien Nicolas Maduro sur Twitter. De l’Equateur à la Bolivie en passant par le Brésil, de nombreux chefs d’Etat latino-américain – actuels ou passés – se sont émus de la mort de cette « figure emblématique du XXe siècle », comme l’a déclaré le président mexicain Enrique Pena Nieto.

Le président du Venezuela Nicolas Maduro lui a rendu hommage en se rendant au mausolée où reposent les restes d’Hugo Chavez, le défunt président vénézuélien et « fils spirituel » de Fidel Castro.« Fidel, pars serein, pars en paix, car nous sommes là », a-t-il déclaré, en promettant de faire vivre « les idées » de Fidel Castro.

C’était « un géant de l’Histoire » qui a défendu « la dignité des peuples du monde », s’est enflammé le président bolivien Evo Morales. « Nous pleurons la mort de Fidel Castro », a indiqué le président colombien Juan Manuel Santos sur Twitter, tout en le remerciant pour sa « contribution » aux négociations de paix avec les rebelles marxistes des Farc.

Le pape François, qui s’était entretenu avec le dirigeant cubain lors de sa visite sur l’île en 2015, a fait part de ses « sentiments de tristesse » après cette « triste nouvelle ». De son côté, la légende du football argentin, Diego Maradona, a déploré la mort de celui qui était comme « un second père » pour lui. L’ancien joueur de Naples a séjourné à plusieurs reprises à Cuba, où il a notamment été traité pour sa dépendance à la drogue. Et il a noué une relation d’amitié avec Fidel Castro.


Une « figure historique » pour l’Europe


En Europe, plusieurs dirigeants, de l’Espagnol Mariano Rajoy au président français, ont salué la « figure historique du siècle dernier ». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a reconnu que « le monde perd un homme qui était pour beaucoup un héros » et conclu qu’il « appartiendra à l’histoire de juger son héritage. » De son côté, la « ministre des affaires étrangères » de l’Union européenne, Federica Mogherini, s’est efforcée de penser à l’avenir de Cuba, assurant que l’UE « continuera de porter [un] engagement fort avec Cuba. »

En marge du sommet de la Francophonie à Madagascar, François Hollande a « encore insisté pour que l’embargo qui pénalise Cuba puisse être levé, définitivement levé [...] et que Cuba puisse être pleinement dans la communauté internationale regardé comme un partenaire. » En France, de nombreuses personnalités politiques de gauche, notamment le candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon, ont rendu hommage au symbole qu’était le « Lider Maximo ».

« Adieu commandant - Jusqu’à la victoire pour toujours des peuples », a lancé le premier ministre grec de gauche radicale Alexis Tsipras. « Une page importante de l’histoire politique mondiale se tourne », il s’agit d’« un terme définitif à la guerre froide », a commenté le premier ministre belge Charles Michel.

Ailleurs dans le monde, des hommages ont été rendus de l’Afrique du Sud, où le président a salué un homme qui «  s’est identifié à notre lutte contre l’apartheid », à l’Iran, où le président Rohani à vu en Castro l’incarnation des « hommes libres qui restent dans la lutte jusqu’à leurs tout derniers jours. » Fidel Castro a été « une figure hors pair par son importance historique transcendantale », a jugé le président angolais Jose Eduardo dos Santos. Mahmoud Abbas, le président de l’’Autorité palestinienne a estimé que ce fut un « défenseur acharné (...) de la justice dans le monde ».

Même le président syrien, Bachar al-Assad, qui avait reçu Castro en 2001, a dressé un parallèle entre Cuba et son pays, notamment en raison des sanctions qui ont pesé sur l’île des Caraïbes pendant des décennies : « Le nom de Fidel Castro vivra à jamais dans l’esprit des générations et inspirera ceux qui aspirent à une véritable indépendance. »




Crédit; DIASPORAMA-HAITI avec AFP/Reuters