Haïti est toujours dans l’attente des résultats définitifs de la présidentielle du 20 novembre. Pourtant, le temps presse. Début octobre, un ouragan a dévasté le pays et mis en berne son économie, déjà paralysée par une interminable crise électorale. Les Haïtiens attendent toujours l’aide humanitaire, tandis que des dons de la communauté internationale sont revendus à prix d’or sur le marché noir. Enquête de notre reporter.
Magouille, recel et corruption... Deux mois après le passage dévastateur de l'ouragan Matthew sur le sud d'Haïti, la population, exténuée, dénonce l'accaparement des aides par les élus. Pour les Haïtiens, le scénario de l'après-séisme de 2010 semble se répéter.
L'aide internationale qui a atterri à l'aéroport de Port-au-Prince peine à parvenir à la population en situation d'urgence. Dans les départements touchés, famine et choléra alourdissent de jour en jour le bilan de la catastrophe, qui a déjà fait à elle seule 546 morts selon le décompte officiel, et 175 000 sans-abris.
De son côté, le président provisoire Jocelerme Privert affirme n’avoir reçu que 1,9 millions d’euros de la part de l’Union européenne et 190 000 euros en provenance de Taïwan. Une aide minime pour un désastre évalué à plus de 1,8 milliards d’euros, selon le rapport de la Banque Mondiale.
Des vents soufflant à plus de 230 km/h et les pluies diluviennes ont entièrement dévastés les récoltes du Sud. Pour les paysans, qui représentent la moitié de la population et consomment uniquement le fruit de leurs récoltes, la situation est catastrophique. La pénurie s'étend aux marchés du reste du pays et accentue une inflation déjà galopante.
L’ouragan n’a fait qu’amplifier une crise qui perdure depuis 10 ans. Avec un PIB en baisse, un chômage endémique touchant, selon certaines estimations, jusqu'aux deux tiers des Haïtiens et plus de 60 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, le pays, toujours très marqué par le terrible séisme de janvier 2010, ne parvient pas à se relever.
Notre reporter Manon Heurtel a suivi le fil des distributions des aides d'urgences, depuis les entrepôts de stockage jusqu'à leur revente au marché noir. Sur la route, elle est allée à la rencontre des habitants impuissants qui, depuis leurs abris de fortune, voient passer ces convois sans jamais en bénéficier.
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