vendredi 22 mars 2013

Rebecca Zama: «...Haïti est un roseau, qui plie mais qui ne casse pas !»

« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. »

Pierre Corneille
Dans le cas de Rebecca Zama, Pierre Corneille ne croyait pas si bien dire. On peut classer la fille de Nunotte Zama dans la catégorie des surdouées.  A 13 ans, le palmarès de Rebecca est impressionnant : polyglotte (elle maitrise au moins 3 langues), chanteuse (elle a déjà côtoyé Emeline Michel et Carole Demesmin), compositrice, instrumentiste (piano), poète, écrivaine, philanthrope, footballeuse (gardien de but) et la cerise sur le gâteau, elle est belle comme une princesse.

Nom complet: Rebecca Noëlle Zama. De l’union de 2 citoyens du monde, elle a pris naissance un 27 Avril, dans la capitale fédérale américaine, Washington (District of Columbia). Depuis bien des années, elle réside avec sa famille à Boston, dans l’état du Massachusetts où milite sa mère, Nunotte, en tant qu’avocate (lawyer). Celle-ci  est d’origine haïtienne.  Notre écolière est en 3e année à une école internationale bilingue dans la banlieue de Boston (Cambridge). Mademoiselle Zama danse depuis l’âge de 3 ans  et commença à chanter  depuis l’âge de 4 ans. Elle fait également  du théâtre depuis sa tendre enfance. Actuellement elle suit des cours de musique (piano + chant) et de danse. Elle prend très au sérieux sa carrière musicale et ceci depuis bien des années. Elle chante en français, en anglais et en créole haïtien dans le but de s’imposer davantage devant un public cosmopolite.  Grâce à son énorme talent d’artiste polyvalente et surtout sa beauté naturelle, elle a fait des  apparitions remarquables et très remarquées dans plusieurs films et publicités télévisées.

 De plus, Rebecca Zama  a le sens des responsabilités: une véritable force de la nature, quoi ! Patriote convaincue : «… Je voudrais apporter ma contribution à l’avancement d’Haïti. Je voudrais aider ceux qui habitent dans les conditions misérables, leur donner une meilleure qualité de vie. Je voudrais faire en sorte que le monde arrête de voir Haïti comme seulement un pays pauvre et négatif mais comme un pays extraordinaire.  Je voudrais aider Haïti avec tout ce que j’ai.  Je voudrais rendre Haïti stable et complètement indépendante… », dixit, notre activiste.  On ne saurait dire que ses réflexions soient trop fortes pour son âge d’adolescent, parce qu’elle a de qui tenir.

Rebecca, en effet, ne fait pas partie d’une génération spontanée, son éducation vient d’un projet préparé de longue date et minutieusement,  par des parents concernés qui voulaient inculquer les notions de citoyenne responsable à leur future progéniture. Bien entendu, notre athlète est un cas particulier et unique, c’est ce qui fait une sacrée différence avec d’autres enfants ayant reçu une approche éducative similaire.   Comment ne pas penser à tant de valeurs perdues, tant de génies enfouis,  en Haïti, faute d’encadrement!  La mère de notre musicienne vient de la matrice haïtienne, le pays en-dehors : « L’Asile ».  A Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, les besoins primaires font grandement défaut. Que dire de l’arrière-pays!  C’est la raison pour laquelle notre philanthrope s’implique corps et âme dans des projets de développement durable, en revenant souvent à ses racines maternelles : «… Je serai en Haïti…(…)… je vais faire du volontariat à L’Asile avec ma maman et un autre groupe de volontaires…  (…) …On a plusieurs plans: … cours de recyclage pour des  profs, aider à bâtir des paniers de basketball, enseigner des groupes comment utiliser le soleil pour rendre de l’eau potable, etc… »

Rebecca & Emeline Michel
Coté croyance religieuse, on peut lire cette réflexion sur sa page Facebook : « I believe in God. I don’t understand the difference between the christian religions… », Autrement dit, elle ne comprend pas pourquoi tant de divisions chez les chrétiens qui servent un seul Dieu.

N’oubliez pas que l’objectif de DIASPORAMA  est non seulement de chercher les modèles, mais surtout servir de pont entre plusieurs catégories d’Haïtiens et d’Haïtiennes, disséminés à travers la planète, afin  qu’ils se réunissent dans un but commun qui est de véhiculer des images et pensées positives d’Haïti à travers le monde. Ces compatriotes sont les meilleurs ambassadeurs de leur pays là où ils évoluent; de par leur comportement, l’étranger trouvera un reflet de leur identité de peuple digne ou rebelle. A l’instar de Rebecca Zama, leur fierté de citoyens et citoyennes libres, honnêtes et respectueux des principes de leur environnement, ayant des valeurs intrinsèques marquantes, pourront servir d’exemple et de boussole aux générations actuelles et futures en mal de repères.

Nous vous invitons à suivre cet excellent entretien de l’Artiste-Etoile montante Haïtiano-américaine, Rebecca Zama, qui servira de tremplin aux jeunes qui subissent un déficit de valeurs, pour pouvoir mieux s’orienter  à l’avenir, dans des choix ponctuels qu’ils auront à faire. Nous rendons un hommage public à Rebecca Zama pour toutes les prouesses  qu’elle réalise en terre étrangère pour Haïti. Définitivement : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années !»

 INTERVIEW EXCLUSIVE

DIASPORAMA-HAITI.- Rebecca Noëlle Zama, tu es une haïtiano-américaine, née à Washington D.C.(U.S.A.), depuis treize années; sais-tu pour quels motifs et dans quelle(s) condition(s), ta maman, Nunotte Zama, qui est une éminente avocate à Boston, Massachusetts, a-t-elle  laissé sa ville natale « L’Asile »(Haïti),  pour  aller  s’établir définitivement aux USA?

REBECCA ZAMA.- Ma maman me confie avoir laissé L’Asile, sa ville natale, à la recherche d’une vie meilleure.  Ses études primaires achevées, elle s’est rendue à Port-au-Prince pour continuer ses classes parce qu’à L’Asile il n’y avait même pas une école secondaire. Il n’y avait pas d’électricité et d’eau potable non plus.  Elle  étudiait à la lueur d’une lampe à l’huile.  Après dix ans à Port-au-Prince à étudier et travailler, elle se rendit aux États-Unis pour parfaire son éducation et pour améliorer sa vie.
DIASPORAMA-HAITI.- Culturellement, te sens-tu plus proche des américains ou des haïtiens ?
REBECCA ZAMA.- Je suis au milieu! Je peux m’identifier à la fois comme Haïtienne et comme Américaine et j’en suis fière. J’essaie de tirer le maximum de bonnes choses que ces deux cultures ont à offrir.

DIASPORAMA-HAITI.- Parle-nous un peu de ta famille…Ton enfance a-t-elle été heureuse?

REBECCA ZAMA.- J’ai un petit frère de 8 ans, il s’appelle Joey. Mon père est Américain.  J’ai 7 tantes et un oncle: Wildie, Minerve, Ludia, Chizenere, Clemène, Enitte, Emmanuella et Wildor. J’ai une très grande famille qui est répartie entre les États-Unis, Haïti et Canada. Je suis très proche de ma famille. Mon enfance a été très heureuse. Je suis chanceuse d’avoir des parents qui font tout pour s’assurer que je suis contente et que j’ai tout ce dont j’ai besoin.
DIASPORAMA-HAITI.- Peux-tu nous parler un peu de tes activités professionnelles et universitaires chez l’Oncle Sam?
REBECCA ZAMA.- Je chante depuis l’âge de 4 ans et je chante partout! Je danse aussi depuis l’âge de 3 ans et je fais du théâtre depuis un très jeune âge. Je suis en 4ème au lycée.  Je prends des cours de musique (piano et chant) et de danse. Je poursuis la musique comme carrière sérieuse et ceci depuis déjà des années. Finalement, je joue au football (soccer) comme gardienne de mon équipe.            
DIASPORAMA-HAITI.- Tu vas toujours à l’école, tu as plusieurs cordes à ton arc : Écrivaine, chanteuse, etc… Tu participes souvent à beaucoup de spectacles dans la communauté. Comment fais-tu pour concilier tout ça ?
REBECCA ZAMA.- Depuis mon très jeune âge, j’ai un emploi de temps très productif, avec l’école, la musique, le sport ou d’autres activités extra-scolaires. C’est ma mère qui gère tout. Elle fait en sorte que tout soit possible et que je m’amuse en même temps.
DIASPORAMA-HAITI.- Par tes aptitudes, tu épates plus d’un, est-ce un don d’avoir toutes ces potentialités ? Ou bien est-ce que tu as suivi un cursus normal sur l’écriture musicale, le chant… tu parles couramment plusieurs  langues, etc… ?
Où est-ce que tu as appris à t’exprimer, chanter et écrire ?

REBECCA ZAMA.- Je suis encore très jeune et j’essaie d’exploiter des opportunités mais j’ai un très long chemin à parcourir. Mes parents m’aident aussi dans la direction où je veux m’orienter.  Par exemple,  ma maman a remarqué très tôt que j’aimais chanter et que j’avais une belle voix. Donc, elle m’a encouragée à chanter, elle m’a aussi trouvé un professeur pour me donner des leçons de musique.

 J’ai commencé par écrire des poésies à l’école comme des devoirs.  A la maison, j’écrivais des poésies comme passe-temps. J’ai eu l’opportunité plus tard de compiler mes poésies en un livre.

  S’agissant des langues, le Créole a commencé avec ma grand-mère. Elle m’a appris la langue en m’apprenant à parler ; elle fut mon premier « loving babysitter ».  En plus, la communication est importante, ma maman m’emmenait dans des activités ou le Créole était la langue dominante. Sachant que le Français et le Créole sont les langues utilisées en Haïti et dans d’autres pays, ma maman voulait que ses enfants soient capables de communiquer dans plus d’une langue.  Donc, elle nous a mis dans une école bilingue.

 DIASPORAMA-HAITI.- Tu es l’auteure  d’un livre de poésies  inspiré du séisme dévastateur qui a frappé la capitale haïtienne et ses environs, le 12 janvier 2010. Étais-tu sur les lieux au moment du drame ? Où as-tu appris tout ça ? Par les médias ? Raconte-nous comment t’est venue cette idée ?

REBECCA ZAMA.- Dieu merci, je n’étais pas en Haïti lors du tremblement de terre! En revenant de l’école, ma mère m’a emmené avec mon frère Joey dans un restaurant haïtien à Boston et c’est là que nous avons vu les nouvelles terribles de ce désastre qui a détruit notre chère Haïti chérie.  Ma mère, mon petit frère, et moi, sommes revenus des vacances d’Haïti seulement onze jours avant le tremblement de terre, soit le premier janvier 2010. En décembre 2009, nous avons passé d’agréables vacances en Haïti.  Nous nous sommes rendus à L’Asile pour nous baigner dans les jolies rivières, à la plage à Jacmel, et au Club Indigo.  Nous avons passé beaucoup de temps à admirer les meilleures décorations que nous n’ayons jamais vues: le palais national. Nous étions (et sommes encore) très tristes des pertes énormes causées par le tremblement de terre.

Nunotte Zama, la mère de Rebecca
 En mai 2010, à l’occasion de la montée du drapeau haïtien devant la mairie de Boston, les organisateurs en charge, sachant comment j’aime Haïti et qu’il n’y avait pas longtemps que j’en revenais, m’ont demandé d’écrire mes sentiments sur le tremblement de terre sous forme de poésies. Ceci, en plus de ma tâche de chanter l’hymne national haïtien en cette même occasion.  Donc, j’ai écrit un poème intitulé “Broken” (« Brisé » en français). Après avoir récité mon poème à la cérémonie, ma mère m’a encouragée à en écrire plus. Résultat: Mon livre de poésies que je vends pour aider Haïti!
DIASPORAMA-HAITI.- Rebecca Noëlle Zama, les gens qui te fréquentent te présentent comme une Haïtiano -Américaine qui aime éperdument Haïti. Une vraie patriote, quoi. D’où vient cet amour incommensurable ?
REBECCA ZAMA.- Cet amour profond vient de ma mère qui aime beaucoup son pays natal. Dès mon enfance, mes parents ont commencé à me parler d’ Haïti. Mon éducation d’Haïti n’a pas été faite à travers les médias qui ne montrent que l’aspect négatif d’Haïti.   Ma mère m’a toujours décrit Haïti comme un pays riche en histoire et en culture. Elle m’a montré la beauté du pays en allant là-bas plusieurs fois avec moi ; en me faisant participer dans des activités culturelles haïtiennes aux États-Unis.  Elle ne cache jamais son identité haïtienne et elle m’a enseigné à en faire de même.  C’est ma mère qui a mis cette passion pour Haïti dans mon cœur.     

DIASPORAMA-HAITI.- Que voudrais-tu faire pour la terre de tes ancêtres maternels, aujourd’hui et demain ?

REBECCA ZAMA.- Je voudrais apporter ma contribution à l’avancement d’Haïti. Je voudrais aider ceux qui habitent dans les conditions misérables, leur donner une meilleure qualité de vie. Je voudrais faire en sorte que le monde arrête de voir Haïti comme seulement un pays pauvre et négatif mais comme un pays extraordinaire.  Je voudrais aider Haïti avec tout ce que j’ai.  Je voudrais rendre Haïti stable et complètement indépendante. Je voudrais élever le statut mondial d’ Haïti.          
DIASPORAMA-HAITI.-  Quelle relation développes-tu avec  la communauté haïtienne de l’endroit où tu vis?
REBECCA ZAMA.- J’ai grandi dans la communauté haïtienne ici à Boston. C’est comme ma famille. J’ai passé ma vie dans cette communauté qui m’a appris à être fière de mon origine et à ne jamais oublier ma culture. Aussi, cela m’aide à garder mon identité. Je chante dans la communauté depuis l’âge de quatre ans.  La communauté haïtienne de Boston me considère comme sa star et m’invite à des myriades d’activités communautaires.

DIASPORAMA-HAITI.-  Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où tu es, si oui, en bref, quelles sont-elles, que font-elles de concret dans la communauté?

REBECCA ZAMA.- Nous avons une communauté haïtienne très active à Massachusetts.  Nous avons des étudiants, des politiciens, des professionnels, des organisations professionnelles et communautaires qui supportent grandement Haïti dans tous les sens, que ce soit au niveau culturel, économique et politique.  Par exemple, commençant au début de chaque année,  le premier janvier, le Cardinal de Boston, en collaboration avec le Consulat d’ Haïti à Boston, célèbre une messe de l’indépendance d’ Haïti dans la grande cathédrale de « Holy Cross » de Boston. Bien que ce soit une messe, les Haïtiens viennent de partout et de toute autre dénomination pour y participer car c’est l’indépendance d’ Haïti que l’on fête.

Rebecca, bien encadrée: Emeline & Carole
 En plus, il y a une organisation dénommée « Haitian-American United, Inc. » (HAU) qui a plus d’une dizaine d’années en existence à Massachusetts.  C’est une organisation promouvant la culture et l’héritage haïtien ici à Boston.  Par exemple, chaque première semaine du mois de janvier, « HAU » organise un gala de l’indépendance d’ Haïti où les membres de la communauté célèbrent nos héros de l’indépendance.  C’est un gala très sophistiqué où l’on peut vraiment voir la fierté haïtienne. C’est aussi une occasion que les politiciens de Boston ne ratent jamais pour exprimer leur appui pour les haïtiens et Haïti.

 
 Les Haïtiens à Massachusetts  fêtent leur drapeau durant tout le mois de mai.  Grâce aux efforts de la « HAU », l’état de Massachusetts a déclaré le mois de mai « le mois de l’héritage Haïtien».  Pour ce faire, il y une cérémonie organisée à la marie de Boston où l’on monte le drapeau haïtien qui reste flottante devant la mairie de Boston pendant tout le mois de mai.  Je dois dire en passant que depuis déjà quatre ans, j’ai eu le privilège de chanter l’hymne national haïtien durant la montée du drapeau devant la mairie de Boston et dans plusieurs autres célébrations comme au « State House » de Massachusetts – la où fonctionnent le Gouverneur et les législateurs.

 En plus de la montée du drapeau, la « HAU » organise une parade qui parfois compte plus de dix mille personnes.  Dénommée “Parade de l’unité”, cette parade attire les participants d’un peu partout, comme des églises, des écoles, des organisations, des politiciens, etc. La mairie de Boston travaille avec les membres de la « HAU » en matière de sécurité durant la parade.  Grâce à mes parents, je participe activement dans pas mal d’activités visant soit à promouvoir la culture haïtienne soit à aider les Haïtiens aux USA et en Haïti.

DIASPORAMA-HAITI.- Éprouves-tu un sentiment de xénophobie  et/ou de racisme de la part américains    typiques?

REBECCA ZAMA.- Pas du tout! Le Massachusetts est un état très international.  Surtout ici à Boston, les Américains sont généreux et chaleureux envers les Haïtiens. Je ne vois pas de xénophobie de la part des américains à l’égard des gens venant de l’étranger.
                
DIASPORAMA-HAITI.- Qu’est-ce que tu apprécies chez les américaines et que tu aimerais retrouver  chez les haïtiennes du terroir?

REBECCA ZAMA.- Peut-être plus d’unification et de fierté de nationalité.

DIASPORAMA-HAITI.- Quels genres de difficultés rencontres-tu aux États-Unis d’Amérique?

REBECCA ZAMA.- J’apprécie beaucoup ce que j’ai et j’en remercie le Grand Dieu!

DIASPORAMA-HAITI.- En ce moment, comment sont tes rapports avec la terre de tes aïeux et  quels genres de support apportes-tu, à ton pays d’origine ?

REBECCA ZAMA.- En ce moment j’ai de très bons rapports avec Haïti. Je fais des travaux de volontariat à L’Asile. L’été dernier, j’ai passé presqu’un mois à organiser des journées récréatives dans plusieurs écoles à L’Asile. Je collabore avec le reste de ma famille et nous sommes  entrain d’équiper des écoles avec des matériels de sports. Nous avons d’autres petits projets en cours à L’Asile. Je vends mes livres pour aider les enfants L’Asile.

J’apporte le support majoritairement pour les enfants, c’est avec eux que je peux m’identifier. Je leur envoie des jeux, des équipements sportifs et je passe un mois en train de faire des camps d’été dans les écoles.  Ma famille a d’autres projets d’eau potable, de couture, d’électricité, dans la zone aussi.
 
DIASPORAMA-HAITI.- Après tant d’années vécues aux USA, tu vis comme Joséphine Baker, ton cœur balance, tu as 2 amours, Haïti et les États-Unis d’Amérique. Aimerais-tu  venir t’établir  définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ? Sinon, pourquoi ?

REBECCA ZAMA.- Je ne sais pas encore, je réfléchis encore. J’aimerais vivre en Haïti et aussi j’aime vivre ici à Boston. Mais, honnêtement, si je vis en Haïti ou au États-Unis je serais contente. J’aimerais bien vivre en Haïti pour voir si ça me plaît, on sait tous que c’est très diffèrent des États Unis. Je ne sais pas trop où je vivrais : dans la ville ou bien dans la campagne, je ne sais pas ce qui me plairait plus.

DIASPORAMA-HAITI.-  Tu comptes rentrer sous peu en Haïti, quel sera le but de ton voyage ?

REBECCA ZAMA.- Je serai en Haïti au début du mois d’Avril, au mois de mai, et durant l’été. En avril, je vais faire du volontariat à L’Asile avec ma maman et un autre groupe de volontaires.  Nous allons en groupe de 14 personnes.  Notre âge varie de 13 à 70 ans et le groupe comprend, des directeurs et professeurs d’école, des élèves, des charpentiers, des ingénieurs, etc.   Le chef de la délégation est un prêtre d’une église catholique à Boston qui a fait un jumelage avec l’Église St. Joseph de L’Asile.  On a plusieurs plans:  mariage en masse d’une cinquantaine de couples, cours de recyclage pour des  profs, aider à bâtir des paniers de basketball, enseigner des groupes comment utiliser le soleil pour rendre de l’eau potable, etc.  L’autre but est de promouvoir Haïti, d’établir des relations avec les gens de la ville, de montrer un autre côté d’Haïti. En mai prochain, j’espère retourner en Haïti faire la promo de mon livre de poésie “Optimum Me” en participant à la foire de « Livres en Folie » qui aura lieu le 30 mai au « Parc Historique de la Canne à Sucre ».

Enfin, durant l’été je compte organiser des journées récréatives pour les jeunes de L’Asile.     
   
DIASPORAMA-HAITI.- Parle-nous un peu de ce que te racontent tes parents sur Haïti, concernant leurs  bons et mauvais souvenirs, quand ils y vivaient ?

REBECCA ZAMA.-  Mon père est américain et me parle en général d’ Haïti. Cependant, ma mère me parle tout le temps d’ Haïti.   Elle me raconte les histoires de son enfance, de l’histoire d’ Haïti   et de la culture. Elle me rappelle souvent comment il faut être courageux pour avoir du succès.  Elle me raconte toujours, comment elle a grandi sans électricité, sans eau potable, sans des grands moyens économiques et malgré tout, elle a réussi à devenir avocate aux États-Unis.  Elle me rappelle qu’il y a beaucoup d’opportunités aux USA et qu’il n’y a pas de limite à ce que je peux accomplir si je persiste et fais des efforts sans oublier de prier. Cela sonne beaucoup plus dramatique quand elle me l’explique en Créole (Rebecca, si mwen ka etidye lan lamp tet gridap poum rive avoka lan etazini, ou mem ki fèt lan peyi-ya, ki gen limye la jounen kou lanwit, ou ka vinn ninpot ki gro bagay ou vle).

 Le mauvais côté d’Haïti est le manque d’opportunité pour les jeunes.  On a besoin de beaucoup d’écoles à travers le pays.  On a besoin d’ emplois pour les jeunes aussi.  Haïti devrait être capable de répondre aux besoins de son peuple sans avoir à dépendre de l’aide étrangère et aussi sans que les Haïtiens pensent qu’ils doivent se rendre aux Etats-Unis pour chercher une meilleure vie.

DIASPORAMA-HAITI.-  Nous savons que tu es très jeune, mais peux-tu nous dire quels sont tes espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti et ceux  de la diaspora ?     

REBECCA ZAMA.- J’espère que la jeunesse haïtienne aura le même sentiment de fierté que moi. J’espère qu’elle apprécie Haïti comme moi et qu’elle garde son identité. J’espère qu’elle formule un plan pour le développement d’ Haïti; qu’elle ne regarde pas vers l’extérieur pour sauver Haïti et qu’elle sache que l’avenir d’ Haïti est entre ses mains.  Je veux que tout haïtien sache que malgré tous ses problèmes, il n’y a pas de meilleurs pays qu’Haïti.  J’aimerais que les jeunes Haïtiens qui vivent dans d’autres pays retiennent leur identité haïtienne, qu’ils n’abandonnent pas leur héritage, qu’ils gardent des relations avec Haïti, qu’ils retournent dans le pays pour apprécier le pays et aider notre Haïti chérie.  Ma maman me dit chaque jour qu’elle considère tous les membres de sa famille comme des ambassadeurs d’Haïti, en ce sens que nous devons projeter une bonne image d’Haïti et de nous comme Haïtiens. J’aimerais que tous les jeunes haïtiens se considèrent comme des ambassadeurs d’Haïti aussi.
DIASPORAMA-HAITI.-   Des USA … quelle lecture fais-tu  de la situation sociopolitique en Haïti ?
REBECCA ZAMA.- En histoire, nous avons vu des documentaires et lu des livres d’histoire écrits par des haïtiens. J’ai lu les livres de Paul Farmer, le président et fondateur de « Partners in Health ». J’ai aussi lu les livres d’Edwige Danticat, entre autres.  En plus, j’écoute la radio et je regarde la télévision pour avoir des nouvelles.

DIASPORAMA-HAITI.- Haïti est un pays libre et indépendant, que penses-tu de la présence de l’armée multinationale de l’ONU, désignée sous le vocable de la « Minustah » ?

Rebecca & Carole "Maroulé" Desmesmin
REBECCA ZAMA.-Il y a des moments où la Minustah a aidé Haïti, l’ONU fait beaucoup d’efforts pour aider les pays moins développés. Après l’épidémie de choléra en Haïti, je suis allée à plusieurs séminaires où on a parlé justement de cela. J’ai vu des témoignages et des photos choquantes qui disent que ce sont les Népalais qui travaillent avec l’ONU qui ont apporté le choléra en Haïti.  La situation est très triste.  Cela fait des centaines d’années qu’Haïti a pris son indépendance et le pays ne devrait pas se trouver dans une situation où le peuple a besoin d’une force internationale pour assurer sa sécurité. Les Haïtiens doivent prendre leur destinée en main.

DIASPORAMA-HAITI.-   Quels conseils donnerais-tu  à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

REBECCA ZAMA.-  Je leur dirais de ne jamais oublier Haïti et de se rappeler de leurs origines. Haïti fait partie de notre identité et c’est à nous d’aider Haïti.  Nous pouvons le faire si nous nous unissons.  Il suffit de pratiquer notre devise “l’union fait la force”.

DIASPORAMA-HAITI.- Rebecca, quel est le rêve de ta vie ? Que voudrais-tu  réaliser pour que ta vie soit une parfaite réussite?

REBECCA ZAMA.- Le rêve de ma vie est d’être une chanteuse internationale, d’être musicienne. La musique est ma passion. J’espère toucher des cœurs avec ma musique et mes paroles. Mon rêve aussi est d’aider Haïti, de pouvoir même changer autant de vies que je peux. Mon rêve c’est d’être une force positive dans la vie de chacun que je rencontre.  Finalement, j’aimerais être un modèle positif pour les jeunes du monde.

DIASPORAMA-HAITI.-   Un dernier message au peuple haïtien de la Métropole (Haïti)  et de l’extérieur?

REBECCA ZAMA.-   Je sais qu’il y a beaucoup de difficultés maintenant en Haïti. Nous devons tous laisser Haïti mieux que nous l’avons trouvée, quel que soit l’endroit où nous sommes. Haïti a beaucoup souffert et les Haïtiens ont beaucoup souffert.  Mais, il ne faut pas être découragé. La situation d’Haïti va s’améliorer.  Nous devons garder l’espoir.  “Haïti est un roseau, qui plie mais qui ne casse pas”.  Tenez ferme!

DIASPORAMA-HAITI.-     Rebecca, ‘CANAL+HAÏTI’ et « DIASPORAMA » te remercient pour  ton support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. 

REBECCA ZAMA.- C’était vraiment un plaisir. Merci!


N.B.- Si vous voulez vous procurer le livre de poésie de Rebecca Zama “Optimum Me”, cliquez ici


Regardez cette vidéo de Rebecca Zama

 Crédit: CANAL+HAÏTI/DIASPORAMA-HAÏTI
Propos recueillis par Andy Limontas pour la Chronique « Diasporama » de CANAL+HAÏTI
Rédaction: Andy Limontas/Marie-Pascale Duplan
email: andylimontas@yahoo.fr / canalplushaiti@yahoo.fr
Tous droits réservés@CANAL+HAITI, Mars 2013

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C' est incroyable que l' interviewer ait osé poser tant de solides questions à une si jeune enfant; mais c' est encore plus extraordinaire qu' elle ait pu y répondre à toutes avec tant d' aplomb. Et quelle mère fantastique, cette Nunotte Zama. Les deux nous rendent fiers de notre Héritage Haïtien et nous apportent un brin d' espoir qu' un jour notre pays progressera. Max A. Auguste