mardi 5 mars 2013

Lettre ouverte aux haitiens qui ignorent leurs talents.

Née en 1932 à Port-au-Prince, NADINE MAGLOIRE est l’auteur de romans féministes comme «Le Mal de vivre» (1967), «Autopsie in vivo: le sexe mythique» (1975) et «Autopsie in vivo» (2009). Elle s’est installée définitivement à Montréal en 1979, où elle a publié «Autopsie in vivo (lasuite)» en 2010 (Ed. du Verseau/CIDHICA). (©Marie-Christine Théodore Baker)

Il est grand temps que les Haïtiens cessent de considérer leur folklore comme leur culture, qu’ils proposent aux Blancs afin de les intéresser. Ils sont pour eux une curiosité. Mais les Blancs verront en eux leurs égaux lorsqu’ils se montreront aussi bons qu’eux dans leurs propres domaines. Pas avec leurs musiques populaires. Mais dans la haute technologie, les sciences, les arts.

 Des Haïtiens au Québec ont brillé et brillent dans ces domaines, mais, absurdement, ils continuent à présenter Haïti comme un pays exotique, aux mœurs curieuses, un pays pour anthropologues!

 En 1975 j’écrivais dans «Le Sexe Mythique»:

 «Nous allons même parfois jusqu’au diplômes universitaires,au doctorat. Mais nous devons continuer à peindre « naïf », à décrire des cérémonies vaudous alors même que nous sommes athées, à chanter Erzulie Fréda, à battre le tambour, bref à faire toutes les grimaces et macaqueries qu’on attend de nous. Les blancs viennent chez nous comme ils vont au zoo.»
 Puisque de nombreux Haïtiens ont fait la preuve qu’ils pouvaient briller dans la plupart des domaines de la civilisation occidentale qu’ils revendiquent donc leur apport dans cette civilisation!
 J’ai écrit dans «Autopsie In Vivo» (2009):

 «Nos paysans croupiront dans leur misère tant qu’ils ne se débarrasseront pas de leurs croyances absurdes et improductives. On ne bâtit pas un pays moderne avec le vaudou, le clairin, le tafia, le tchala…Quand donc deviendrons-nous un peuple adulte, allant de l’avant, créant, bâtissant, découvrant, transformant le monde? Quand cesserons-nous d’être un pays traînant à la remorque des autres, constamment mendiant l’aide des grandes puissances, tout juste bon à procurer un peu de dépaysement aux Blancs en quête d’exotisme?» Un jeune étudiant haïtien à l’Université Laval m’a écrit sur Facebook, à la suite d’une de mes «lettres engagées», toute une dissertation sur l’utilité du vaudou pour les paysans! Qu’en pensent les agronomes? La terre haïtienne ne produit presque plus rien. Est-ce des cérémonies vaudous où l’on sacrifie des animaux aux «loas» qui vont sauver Haïti?
 
Credits :NADINEMAGLOIRE/DIASPORAMA/CANAL+HAITI ONLINE NEWS

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