…Ils n’avaient alors que cinq ans
Ce matin où, sous le soleil brûlant de la Pelouse,
leurs père et mère, avides d’espoir et de paix
ont bu à plein goulot tels des moutons de Panurge,
l’élixir de la violence
…Ils n’avaient alors que cinq ans
Insouciants et confiant dans les chois de nos dirigeants
Lorsque de la voix du Grand frère est venu le message de haine
et de destruction qui a fauché l’enfance et la jeunesse
l’avenir et la vie même de ces jeunes perdus dans les méandres de la violence, de la peur et de la souffrance de vivre sans exister.
…Ils n’avaient alors que cinq ans
Nous leur avions appris à se détester, à se haïr, à s’entre-tuer
à se renier, à détruire leur reflet dans le miroir qui déforme leurs frères de sang, fils d’une même terre.
Dans leur cœur, dans leurs veines
NOUS, les heureux inconscients de notre devoir de modèles,
animés par nos pulsions animales,
nous leur avions injecté le venin de nos échecs,
nous avions insufflé la haine de l’autre.
Ils n’avaient alors que cinq ans
impitoyables, nous avions déformés leurs esprits
Nous, démagogues sans pudeur,
leur avions volé leur enfance, et transformés en entités sanguinaires
ils nous ont suivis dans notre délire, dans notre folie meurtrière,
Nous les fratricides ki gen yon tas kafe pou nou bwè ak chak lòt.
Nous, bergers-loups dénaturés sans pitié, sans vergogne
Nous, les avions maintenus dans les noirceurs de l’ignorance,
les vapeurs d’alcool, d’héroïne et des défoulements carnavalesques.
ils sont devenus prostitués, banques d’organes
enfants – soldats – crève – la – faim
enfants – tueurs, enfants – violeurs, enfants violés
chair à canon euthanasiés
minusthasiés
Ils n’avaient alors que cinq ans…aujourd’hui ils en ont trente
ceux qu’on nomme aujourd’hui Les chimères…
Ce sont les enfants qui nous ont été confiés
à NOUS, gardiens de la liberté, de la terre-nation trahie, avilie, piétinée sous nos pas de vautours
Ce sont NOS enfants – chimères…
Ceux qui nous avions abandonnés à leur sort depuis 30 ans
Ils ont été condamnés à mort, à la prison,
pour avoir suivi le mot d’ordre
de ce fameux matin de février sur la Pelouse
Laissez filer Barrabas…
Massacrez les enfants martyrs du peuple bafoué,
faites la chasse aux ventre vides,
aux sans-métier, aux san manman
surtout les plus affamés
bay kou bliye, pote mak sonje, kreyon bondye pa gen gòm,
Jodi a, NOU nan prizon dèyè gwo barikad nou,
YO ak pitit YO nan la ri a…toujou
Au nom du Père…Ainsi soit – il !
Crédit : Lumane Casimir/CANAL+HAÏTI
email(courriels): canalplushaiti@yahoo.fr / lumanecasimir@hotmail.fr
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