Dr Florence Duperval Guillaume
Ministre de la Santé Publique et de la Population
111, Rue St Honoré, Port-au-Prince Haïti
Madame la Ministre,
Je me permets de réagir directement à vos propos dans Le Nouvelliste d’aujourd’hui : http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=114080.
![]()  | 
| Dr Florence Duperval Guillaume | 
 La 
presse et l’opinion publique internationales soutiennent les victimes 
haïtiennes dans leurs démarches.  Cet extrait d’un article du journal 
britannique The Guardian, cité par AlterPresse  résume bien la tendance en faveur des victimes haïtiennes du choléra :  » En
 invoquant l’immunité de cette manière et en utilisant le manteau d’une 
convention, destinée à prévenir le harcèlement des forces de sécurité 
dans les zones instables, l’organisation « se comporte comme le fils 
d’un dictateur, refusant de payer les contraventions de stationnement 
[au lieu] d’un organisme international destiné à faire preuve de 
leadership moral », condamne le journal britannique.«   (http://www.alterpresse.org/spip.php?article14186).
 
Cette unanimité favorable (très rare) de la presse et de l’opinion publique internationales devrait pousser le premier ministre et le président de la République d’Haïti à faire preuve d’initiatives dans ce dossier en exerçant leur droit de tenir cette commission pour la responsabilisation de l’ONU dans l’épidémie du choléra en Haïti, tel que prévu dans l’Accord de siège signé entre le Gouvernement haïtien et l’ONU le 9 juillet 2004 (Paragraphe 55). C’est une question de respect pour le pays, les victimes, les dirigeants eux-mêmes. Si le mot respect n’est pas banni du vocabulaire officiel ni des mœurs haïtiennes…
Cette unanimité favorable (très rare) de la presse et de l’opinion publique internationales devrait pousser le premier ministre et le président de la République d’Haïti à faire preuve d’initiatives dans ce dossier en exerçant leur droit de tenir cette commission pour la responsabilisation de l’ONU dans l’épidémie du choléra en Haïti, tel que prévu dans l’Accord de siège signé entre le Gouvernement haïtien et l’ONU le 9 juillet 2004 (Paragraphe 55). C’est une question de respect pour le pays, les victimes, les dirigeants eux-mêmes. Si le mot respect n’est pas banni du vocabulaire officiel ni des mœurs haïtiennes…
 Vous parlez d‘un plan d’éradication du choléra. J’ai noté, Madame la Ministre, que vous
 oubliez de révéler au public, depuis l’annonce fracassante du premier 
ministre Laurent Lamothe, le pourcentage du fonds déjà financé par l’ONU
 ou les autres bailleurs. Et l’ambassadeur Nigel Fisher nous en conte de
 belles, de bien bonnes promesses caritatives de nos bienfaiteurs. 
Étrange sensation du déjà-vu, las souvenir d’un déjà visité, déjà 
entendu et déjà vécu… Vous savez comme moi qu’il ne sera guère facile de
 mobiliser les fonds pour Haïti en ce moment, et les Haïtiens pauvres 
continueront de mourir du choléra. Et oui, ce sont les pauvres gens qui 
n’ont accès ni aux services ni aux infrastructures adéquats qui en 
crèvent. Ce ne sont pas les gens qui sont plus chanceux comme vous et 
tous ceux qui font partie des privilégiés du gouvernement.
 
Nous souhaitons que le président Martelly et le premier ministre Lamothe trouvent le courage nécessaire à l’accomplissement d’un acte noble et juste en faveur d’un pays dont ils commandent la destinée momentanément. Ils ont le droit et la morale dans leur camp; ce n’est pas le temps de la faiblesse. Même dans cette dépendance abjecte, ils ont l’obligation de faire entendre leur voix, celle du peuple et des victimes. Devrait-on les contraindre légalement à bien s’acquitter d’un devoir ?
 
Les Haïtiens vivront encore longtemps guettés par cette bactérie qui vampirise le corps de tout son fluide. Et vous reconnaissez vous-même que le choléra se « haïtiannise » de plus en plus. C’est le manque de volonté qui est endémique mais non la bactérie elle-même.
 
La non-réaction du gouvernement haïtien va à l’encontre de ses propres intérêts. Semblable à une victime de viol qui se barricade derrière son mutisme parce le violeur lui demandede ne pas crier, de ne pas ébruiter l’affaire, de se la fermer si elle veut que tout se passe bien pour elle. Ce n’est pas de la diplomatie. C’est de la violence tout simplement sous une autre forme.
Nous souhaitons que le président Martelly et le premier ministre Lamothe trouvent le courage nécessaire à l’accomplissement d’un acte noble et juste en faveur d’un pays dont ils commandent la destinée momentanément. Ils ont le droit et la morale dans leur camp; ce n’est pas le temps de la faiblesse. Même dans cette dépendance abjecte, ils ont l’obligation de faire entendre leur voix, celle du peuple et des victimes. Devrait-on les contraindre légalement à bien s’acquitter d’un devoir ?
Les Haïtiens vivront encore longtemps guettés par cette bactérie qui vampirise le corps de tout son fluide. Et vous reconnaissez vous-même que le choléra se « haïtiannise » de plus en plus. C’est le manque de volonté qui est endémique mais non la bactérie elle-même.
La non-réaction du gouvernement haïtien va à l’encontre de ses propres intérêts. Semblable à une victime de viol qui se barricade derrière son mutisme parce le violeur lui demandede ne pas crier, de ne pas ébruiter l’affaire, de se la fermer si elle veut que tout se passe bien pour elle. Ce n’est pas de la diplomatie. C’est de la violence tout simplement sous une autre forme.
| Junia BARREAU | 
On vous dit surement que la meilleure stratégie est de faire taire les émotions afin  detrouver
 sereinement des solutions. Comme si demander réparation et justice pour
 les victimes empêche la recherche de solutions réelles afin de neutraliser l’épidémie. Comme si la justice n’était fondée sur aucun ordre rationnel. Qui se joue de nous?
Si le 
gouvernement haïtien refuse de se mettre debout, les citoyens ordinaires
 le feront et lutteront jusqu’à l’obtention de la justice pour les 
martyrs haïtiens. L’ONU dispose des ressources nécessaires pour agréer les demandes des victimes haïtiennes d’une part, et, d’autre part, prendre en charge l’éradication du choléra en Haïti.
 
Tous vos messages électroniques sont suivis de cette magnifique pensée que je prends la liberté de vous attribuer : "Ce n’est parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas mais bien parce que nous n’osons pas les changer qu’elles deviennent difficiles de plus en plus…"
Tous vos messages électroniques sont suivis de cette magnifique pensée que je prends la liberté de vous attribuer : "Ce n’est parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas mais bien parce que nous n’osons pas les changer qu’elles deviennent difficiles de plus en plus…"
Je vous donne l’assurance, Madame la Ministre, de mon profond respect.
Junia Barreau
p.s. : La citation « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » est de Sénèque. Mais comme la ministre ne cite jamais le nom de l’auteur, j’ai cru bon de la lui attribuer. Merci.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire