mardi 5 mars 2013

Lettre de Montréal -2, MÉDIUM LARGE » : PROPOS SEXISTES AU SPECTACLE DE COMIQUES QUÉBÉCOIS.

Quand j’étais à Paris dans les années 50, il y avait les chansonniers. Pas au sens québécois.

Chansonnier – ère: artiste qui compose et interprète des textes ou des chansons surtout satiriques ou humoristiques.

Ils passaient dans des petites boîtes. Leurs prestations étaient en quelque sorte confidentielles. Il semble qu’ils pouvaient presque tout dire. Je n’allais pas dans ces boîtes; j’étais bien trop fauchée. Maintenant au Québec, en France aussi, je crois, on dit « humoristes ».
Humour: forme d’esprit qui cherche à mettre en valeur avec drôlerie le caractère ridicule, insolite ou absurde de certains aspects de la réalité qui dissimule sous un air sérieux une raillerie caustique.
Cela suppose de la finesse. Combien de comiques québécois (c’est ainsi que je continue de les appeler) répondent vraiment à la définition d’un humoriste (personne qui a de l’humour)? Je ne vais pas aux spectacles si prisés par les gens d’ici qui aiment tellement rire. Ils sont fort chers, bien trop chers pour moi. Mais j’ai occasionnellement entendu des bouts de leur « humour » à la radio. Je suis arrivée ici en 1973 comme « immigrante reçue ». J’avoue que malgré toutes ces années à Montréal, j’ai souvent du mal à les comprendre. Leur comique est souvent basé sur le « mal parler ». J’ai beaucoup aimé Sol  (il avait des trouvailles étonnantes) et j’apprécie  Yvon Deschamps (surtout l’homme). Mais les rares comiques que j’ai eu l’occasion d’entendre ne m’ont pas parus géniaux ni d’une grande finesse. Mon propos n’est pas de les juger. Je veux seulement signaler que leurs prestations ne sont plus confidentielles comme celles des chansonniers français des années 50. La télévision, les  vidéos, les  CD, les DVD, l’internet répandent leurs propos largement. C’est pour cela qu’on ne peut tout leur permettre. Exemple le français Dieudonné, franchement et obstinément antisémite.

Je suppose que dans un pays où l’on réclame si fort la liberté d’expression, il est difficile d’empêcher le « comique sexiste ». Mais ces militantes féministes qui ont vivement relevé celui du spectacle, généreusement offerte pour les étudiants menacés par la loi 78, ont parfaitement raison. On disait que les jeunes femmes sûres des droits acquis ne se souciaient plus de féminisme. Je me réjouie que la relève est assurée. C’est une illusion de croire que le combat pour l’égalité des droits entre hommes et femmes est une affaire réglée. Elle sera toujours remise en question par certains hommes.

Certains ont écrit à l’émission « Medium Large » que ces jeunes femmes auraient dû provisoirement laisser de côté le combat féministe pour s’occuper de celui plus général des étudiants. En France, c’est ce que disaient les gens de la gauche aux combattantes. Mais elles ont vite compris et Simone de Beauvoir avec elles, qu’elles devaient avoir leur propre action car la gauche était alors tout aussi sexiste que la droite!




Montréal, 27 juin 2012

Credit : NadineMagloire/CANAL+HAITI

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