mardi 5 mars 2013

Maux et mots-7…Dis-moi, toi, fille de ma terre, Enfants – soldats.

Fille de ma terre,

Sept bougies au gâteau de ta vie sans vie
que se partagent les croque-morts
mais auquel tu ne goûteras jamais
sombre festin de ta chair auquel tu n’es pas invité.

Sept coups à l’horloge de ta vie
dont le système s’est déréglé.

Sept fois le vent a soufflé sur la chandelle de ta vie
qui déjà vacille dangereusement
enfant sans enfance, où est ta poupée?

Où sont les berceuses de ma rue de province?
Il fait trop froid sous ma chaleur tropicale, trop froid dans ton cœur
fille de sept ans, dis-moi,
quand retrouveras-tu sous ces haillons ton corps d’enfant
offrant sur les trottoirs enténébrés, ta sueur, ton premier cri.

Qu’avons-nous fait de ton innocence, de ton enfance livrée en pâture
aux dépravés en costume-cravate, en habits d’église.
Les fauves déguisés en brebis
se sont repus à tes veines, sans défense, les bras en croix
tu jettes tes soupirs à qui mieux-mieux.

Dis-moi, nuit de tous les dangers
toi qui caches péchés, vilenies et crimes
toi la complice du silence assassin,
Qu’as-tu fait de l’enfance des enfants de mon pays?


Enfants – soldats,
guerriers innocents…
Dis- moi, petit garçon
où est passé ton manuel d`arithmétique,
dont tu connaissais si bien les secrets?
Quid des robinets qui coulaient …s’égouttaient au fil du temps
et des tissus écrus et des verres cassés pendant le transport
au risques et périls de la revendeuse,
responsabilité niée par le négociant…

À quoi est égal le gain annuel inexistant de tes parents
qui ont accepté de vendre à crédit tes frêles bras
après en avoir soustrait les dépenses quotidiennes incontournables?

Combien de gouttes de ton sang
rempliront le danmijann des dépravés qui ont souillé ton âme
et figé ton sourire?
La sueur qui perle ton visage d’enfant
quémandant un sous pour survivre déchire mes entrailles de mère…

Dis – moi, pauvre garçon, la noirceur de la nuit-complice
ne te fait-elle plus peur comme au temps de ton enfance massacrée
sous le manguier marassa gardien de ton nombril
tu ne réponds plus aux Tim – tim bwa sèch à la nuit tombée

Dis-moi, petit frère au corps écartelé, démembré
sans épaules où t’épancher
sais-tu au moins pourquoi tu es la chair des loups
la proie des oiseaux de nuit, des chacals,
des rapaces en mal de fraicheur…

Sauras-tu jamais qui t’a jeté sur ces trottoirs
où se perdent tes jours et te nuits douloureuses,
où ton jeune corps avili gît et pleure
tes heures troublées, ton sommeil perdu.

Cannibales, sanguinaires
Seigneurs de guerre, vos comptes bancaires en Suisse
ne sont-ils pas encore assez bien garnis?


Crédit : Lumane Casimir/CANAL+HAÏTI
Email (courriels): canalplushaiti@yahoo.fr / lumanecasimir@hotmail.fr
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