vendredi 22 mars 2013

Rebecca Zama: «...Haïti est un roseau, qui plie mais qui ne casse pas !»

« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. »

Pierre Corneille
Dans le cas de Rebecca Zama, Pierre Corneille ne croyait pas si bien dire. On peut classer la fille de Nunotte Zama dans la catégorie des surdouées.  A 13 ans, le palmarès de Rebecca est impressionnant : polyglotte (elle maitrise au moins 3 langues), chanteuse (elle a déjà côtoyé Emeline Michel et Carole Demesmin), compositrice, instrumentiste (piano), poète, écrivaine, philanthrope, footballeuse (gardien de but) et la cerise sur le gâteau, elle est belle comme une princesse.

Nom complet: Rebecca Noëlle Zama. De l’union de 2 citoyens du monde, elle a pris naissance un 27 Avril, dans la capitale fédérale américaine, Washington (District of Columbia). Depuis bien des années, elle réside avec sa famille à Boston, dans l’état du Massachusetts où milite sa mère, Nunotte, en tant qu’avocate (lawyer). Celle-ci  est d’origine haïtienne.  Notre écolière est en 3e année à une école internationale bilingue dans la banlieue de Boston (Cambridge). Mademoiselle Zama danse depuis l’âge de 3 ans  et commença à chanter  depuis l’âge de 4 ans. Elle fait également  du théâtre depuis sa tendre enfance. Actuellement elle suit des cours de musique (piano + chant) et de danse. Elle prend très au sérieux sa carrière musicale et ceci depuis bien des années. Elle chante en français, en anglais et en créole haïtien dans le but de s’imposer davantage devant un public cosmopolite.  Grâce à son énorme talent d’artiste polyvalente et surtout sa beauté naturelle, elle a fait des  apparitions remarquables et très remarquées dans plusieurs films et publicités télévisées.

 De plus, Rebecca Zama  a le sens des responsabilités: une véritable force de la nature, quoi ! Patriote convaincue : «… Je voudrais apporter ma contribution à l’avancement d’Haïti. Je voudrais aider ceux qui habitent dans les conditions misérables, leur donner une meilleure qualité de vie. Je voudrais faire en sorte que le monde arrête de voir Haïti comme seulement un pays pauvre et négatif mais comme un pays extraordinaire.  Je voudrais aider Haïti avec tout ce que j’ai.  Je voudrais rendre Haïti stable et complètement indépendante… », dixit, notre activiste.  On ne saurait dire que ses réflexions soient trop fortes pour son âge d’adolescent, parce qu’elle a de qui tenir.

Rebecca, en effet, ne fait pas partie d’une génération spontanée, son éducation vient d’un projet préparé de longue date et minutieusement,  par des parents concernés qui voulaient inculquer les notions de citoyenne responsable à leur future progéniture. Bien entendu, notre athlète est un cas particulier et unique, c’est ce qui fait une sacrée différence avec d’autres enfants ayant reçu une approche éducative similaire.   Comment ne pas penser à tant de valeurs perdues, tant de génies enfouis,  en Haïti, faute d’encadrement!  La mère de notre musicienne vient de la matrice haïtienne, le pays en-dehors : « L’Asile ».  A Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, les besoins primaires font grandement défaut. Que dire de l’arrière-pays!  C’est la raison pour laquelle notre philanthrope s’implique corps et âme dans des projets de développement durable, en revenant souvent à ses racines maternelles : «… Je serai en Haïti…(…)… je vais faire du volontariat à L’Asile avec ma maman et un autre groupe de volontaires…  (…) …On a plusieurs plans: … cours de recyclage pour des  profs, aider à bâtir des paniers de basketball, enseigner des groupes comment utiliser le soleil pour rendre de l’eau potable, etc… »

Rebecca & Emeline Michel
Coté croyance religieuse, on peut lire cette réflexion sur sa page Facebook : « I believe in God. I don’t understand the difference between the christian religions… », Autrement dit, elle ne comprend pas pourquoi tant de divisions chez les chrétiens qui servent un seul Dieu.

N’oubliez pas que l’objectif de DIASPORAMA  est non seulement de chercher les modèles, mais surtout servir de pont entre plusieurs catégories d’Haïtiens et d’Haïtiennes, disséminés à travers la planète, afin  qu’ils se réunissent dans un but commun qui est de véhiculer des images et pensées positives d’Haïti à travers le monde. Ces compatriotes sont les meilleurs ambassadeurs de leur pays là où ils évoluent; de par leur comportement, l’étranger trouvera un reflet de leur identité de peuple digne ou rebelle. A l’instar de Rebecca Zama, leur fierté de citoyens et citoyennes libres, honnêtes et respectueux des principes de leur environnement, ayant des valeurs intrinsèques marquantes, pourront servir d’exemple et de boussole aux générations actuelles et futures en mal de repères.

Nous vous invitons à suivre cet excellent entretien de l’Artiste-Etoile montante Haïtiano-américaine, Rebecca Zama, qui servira de tremplin aux jeunes qui subissent un déficit de valeurs, pour pouvoir mieux s’orienter  à l’avenir, dans des choix ponctuels qu’ils auront à faire. Nous rendons un hommage public à Rebecca Zama pour toutes les prouesses  qu’elle réalise en terre étrangère pour Haïti. Définitivement : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années !»

 INTERVIEW EXCLUSIVE

DIASPORAMA-HAITI.- Rebecca Noëlle Zama, tu es une haïtiano-américaine, née à Washington D.C.(U.S.A.), depuis treize années; sais-tu pour quels motifs et dans quelle(s) condition(s), ta maman, Nunotte Zama, qui est une éminente avocate à Boston, Massachusetts, a-t-elle  laissé sa ville natale « L’Asile »(Haïti),  pour  aller  s’établir définitivement aux USA?

REBECCA ZAMA.- Ma maman me confie avoir laissé L’Asile, sa ville natale, à la recherche d’une vie meilleure.  Ses études primaires achevées, elle s’est rendue à Port-au-Prince pour continuer ses classes parce qu’à L’Asile il n’y avait même pas une école secondaire. Il n’y avait pas d’électricité et d’eau potable non plus.  Elle  étudiait à la lueur d’une lampe à l’huile.  Après dix ans à Port-au-Prince à étudier et travailler, elle se rendit aux États-Unis pour parfaire son éducation et pour améliorer sa vie.
DIASPORAMA-HAITI.- Culturellement, te sens-tu plus proche des américains ou des haïtiens ?
REBECCA ZAMA.- Je suis au milieu! Je peux m’identifier à la fois comme Haïtienne et comme Américaine et j’en suis fière. J’essaie de tirer le maximum de bonnes choses que ces deux cultures ont à offrir.

DIASPORAMA-HAITI.- Parle-nous un peu de ta famille…Ton enfance a-t-elle été heureuse?

REBECCA ZAMA.- J’ai un petit frère de 8 ans, il s’appelle Joey. Mon père est Américain.  J’ai 7 tantes et un oncle: Wildie, Minerve, Ludia, Chizenere, Clemène, Enitte, Emmanuella et Wildor. J’ai une très grande famille qui est répartie entre les États-Unis, Haïti et Canada. Je suis très proche de ma famille. Mon enfance a été très heureuse. Je suis chanceuse d’avoir des parents qui font tout pour s’assurer que je suis contente et que j’ai tout ce dont j’ai besoin.
DIASPORAMA-HAITI.- Peux-tu nous parler un peu de tes activités professionnelles et universitaires chez l’Oncle Sam?
REBECCA ZAMA.- Je chante depuis l’âge de 4 ans et je chante partout! Je danse aussi depuis l’âge de 3 ans et je fais du théâtre depuis un très jeune âge. Je suis en 4ème au lycée.  Je prends des cours de musique (piano et chant) et de danse. Je poursuis la musique comme carrière sérieuse et ceci depuis déjà des années. Finalement, je joue au football (soccer) comme gardienne de mon équipe.            
DIASPORAMA-HAITI.- Tu vas toujours à l’école, tu as plusieurs cordes à ton arc : Écrivaine, chanteuse, etc… Tu participes souvent à beaucoup de spectacles dans la communauté. Comment fais-tu pour concilier tout ça ?
REBECCA ZAMA.- Depuis mon très jeune âge, j’ai un emploi de temps très productif, avec l’école, la musique, le sport ou d’autres activités extra-scolaires. C’est ma mère qui gère tout. Elle fait en sorte que tout soit possible et que je m’amuse en même temps.
DIASPORAMA-HAITI.- Par tes aptitudes, tu épates plus d’un, est-ce un don d’avoir toutes ces potentialités ? Ou bien est-ce que tu as suivi un cursus normal sur l’écriture musicale, le chant… tu parles couramment plusieurs  langues, etc… ?
Où est-ce que tu as appris à t’exprimer, chanter et écrire ?

REBECCA ZAMA.- Je suis encore très jeune et j’essaie d’exploiter des opportunités mais j’ai un très long chemin à parcourir. Mes parents m’aident aussi dans la direction où je veux m’orienter.  Par exemple,  ma maman a remarqué très tôt que j’aimais chanter et que j’avais une belle voix. Donc, elle m’a encouragée à chanter, elle m’a aussi trouvé un professeur pour me donner des leçons de musique.

 J’ai commencé par écrire des poésies à l’école comme des devoirs.  A la maison, j’écrivais des poésies comme passe-temps. J’ai eu l’opportunité plus tard de compiler mes poésies en un livre.

  S’agissant des langues, le Créole a commencé avec ma grand-mère. Elle m’a appris la langue en m’apprenant à parler ; elle fut mon premier « loving babysitter ».  En plus, la communication est importante, ma maman m’emmenait dans des activités ou le Créole était la langue dominante. Sachant que le Français et le Créole sont les langues utilisées en Haïti et dans d’autres pays, ma maman voulait que ses enfants soient capables de communiquer dans plus d’une langue.  Donc, elle nous a mis dans une école bilingue.

 DIASPORAMA-HAITI.- Tu es l’auteure  d’un livre de poésies  inspiré du séisme dévastateur qui a frappé la capitale haïtienne et ses environs, le 12 janvier 2010. Étais-tu sur les lieux au moment du drame ? Où as-tu appris tout ça ? Par les médias ? Raconte-nous comment t’est venue cette idée ?

REBECCA ZAMA.- Dieu merci, je n’étais pas en Haïti lors du tremblement de terre! En revenant de l’école, ma mère m’a emmené avec mon frère Joey dans un restaurant haïtien à Boston et c’est là que nous avons vu les nouvelles terribles de ce désastre qui a détruit notre chère Haïti chérie.  Ma mère, mon petit frère, et moi, sommes revenus des vacances d’Haïti seulement onze jours avant le tremblement de terre, soit le premier janvier 2010. En décembre 2009, nous avons passé d’agréables vacances en Haïti.  Nous nous sommes rendus à L’Asile pour nous baigner dans les jolies rivières, à la plage à Jacmel, et au Club Indigo.  Nous avons passé beaucoup de temps à admirer les meilleures décorations que nous n’ayons jamais vues: le palais national. Nous étions (et sommes encore) très tristes des pertes énormes causées par le tremblement de terre.

Nunotte Zama, la mère de Rebecca
 En mai 2010, à l’occasion de la montée du drapeau haïtien devant la mairie de Boston, les organisateurs en charge, sachant comment j’aime Haïti et qu’il n’y avait pas longtemps que j’en revenais, m’ont demandé d’écrire mes sentiments sur le tremblement de terre sous forme de poésies. Ceci, en plus de ma tâche de chanter l’hymne national haïtien en cette même occasion.  Donc, j’ai écrit un poème intitulé “Broken” (« Brisé » en français). Après avoir récité mon poème à la cérémonie, ma mère m’a encouragée à en écrire plus. Résultat: Mon livre de poésies que je vends pour aider Haïti!
DIASPORAMA-HAITI.- Rebecca Noëlle Zama, les gens qui te fréquentent te présentent comme une Haïtiano -Américaine qui aime éperdument Haïti. Une vraie patriote, quoi. D’où vient cet amour incommensurable ?
REBECCA ZAMA.- Cet amour profond vient de ma mère qui aime beaucoup son pays natal. Dès mon enfance, mes parents ont commencé à me parler d’ Haïti. Mon éducation d’Haïti n’a pas été faite à travers les médias qui ne montrent que l’aspect négatif d’Haïti.   Ma mère m’a toujours décrit Haïti comme un pays riche en histoire et en culture. Elle m’a montré la beauté du pays en allant là-bas plusieurs fois avec moi ; en me faisant participer dans des activités culturelles haïtiennes aux États-Unis.  Elle ne cache jamais son identité haïtienne et elle m’a enseigné à en faire de même.  C’est ma mère qui a mis cette passion pour Haïti dans mon cœur.     

DIASPORAMA-HAITI.- Que voudrais-tu faire pour la terre de tes ancêtres maternels, aujourd’hui et demain ?

REBECCA ZAMA.- Je voudrais apporter ma contribution à l’avancement d’Haïti. Je voudrais aider ceux qui habitent dans les conditions misérables, leur donner une meilleure qualité de vie. Je voudrais faire en sorte que le monde arrête de voir Haïti comme seulement un pays pauvre et négatif mais comme un pays extraordinaire.  Je voudrais aider Haïti avec tout ce que j’ai.  Je voudrais rendre Haïti stable et complètement indépendante. Je voudrais élever le statut mondial d’ Haïti.          
DIASPORAMA-HAITI.-  Quelle relation développes-tu avec  la communauté haïtienne de l’endroit où tu vis?
REBECCA ZAMA.- J’ai grandi dans la communauté haïtienne ici à Boston. C’est comme ma famille. J’ai passé ma vie dans cette communauté qui m’a appris à être fière de mon origine et à ne jamais oublier ma culture. Aussi, cela m’aide à garder mon identité. Je chante dans la communauté depuis l’âge de quatre ans.  La communauté haïtienne de Boston me considère comme sa star et m’invite à des myriades d’activités communautaires.

DIASPORAMA-HAITI.-  Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où tu es, si oui, en bref, quelles sont-elles, que font-elles de concret dans la communauté?

REBECCA ZAMA.- Nous avons une communauté haïtienne très active à Massachusetts.  Nous avons des étudiants, des politiciens, des professionnels, des organisations professionnelles et communautaires qui supportent grandement Haïti dans tous les sens, que ce soit au niveau culturel, économique et politique.  Par exemple, commençant au début de chaque année,  le premier janvier, le Cardinal de Boston, en collaboration avec le Consulat d’ Haïti à Boston, célèbre une messe de l’indépendance d’ Haïti dans la grande cathédrale de « Holy Cross » de Boston. Bien que ce soit une messe, les Haïtiens viennent de partout et de toute autre dénomination pour y participer car c’est l’indépendance d’ Haïti que l’on fête.

Rebecca, bien encadrée: Emeline & Carole
 En plus, il y a une organisation dénommée « Haitian-American United, Inc. » (HAU) qui a plus d’une dizaine d’années en existence à Massachusetts.  C’est une organisation promouvant la culture et l’héritage haïtien ici à Boston.  Par exemple, chaque première semaine du mois de janvier, « HAU » organise un gala de l’indépendance d’ Haïti où les membres de la communauté célèbrent nos héros de l’indépendance.  C’est un gala très sophistiqué où l’on peut vraiment voir la fierté haïtienne. C’est aussi une occasion que les politiciens de Boston ne ratent jamais pour exprimer leur appui pour les haïtiens et Haïti.

 
 Les Haïtiens à Massachusetts  fêtent leur drapeau durant tout le mois de mai.  Grâce aux efforts de la « HAU », l’état de Massachusetts a déclaré le mois de mai « le mois de l’héritage Haïtien».  Pour ce faire, il y une cérémonie organisée à la marie de Boston où l’on monte le drapeau haïtien qui reste flottante devant la mairie de Boston pendant tout le mois de mai.  Je dois dire en passant que depuis déjà quatre ans, j’ai eu le privilège de chanter l’hymne national haïtien durant la montée du drapeau devant la mairie de Boston et dans plusieurs autres célébrations comme au « State House » de Massachusetts – la où fonctionnent le Gouverneur et les législateurs.

 En plus de la montée du drapeau, la « HAU » organise une parade qui parfois compte plus de dix mille personnes.  Dénommée “Parade de l’unité”, cette parade attire les participants d’un peu partout, comme des églises, des écoles, des organisations, des politiciens, etc. La mairie de Boston travaille avec les membres de la « HAU » en matière de sécurité durant la parade.  Grâce à mes parents, je participe activement dans pas mal d’activités visant soit à promouvoir la culture haïtienne soit à aider les Haïtiens aux USA et en Haïti.

DIASPORAMA-HAITI.- Éprouves-tu un sentiment de xénophobie  et/ou de racisme de la part américains    typiques?

REBECCA ZAMA.- Pas du tout! Le Massachusetts est un état très international.  Surtout ici à Boston, les Américains sont généreux et chaleureux envers les Haïtiens. Je ne vois pas de xénophobie de la part des américains à l’égard des gens venant de l’étranger.
                
DIASPORAMA-HAITI.- Qu’est-ce que tu apprécies chez les américaines et que tu aimerais retrouver  chez les haïtiennes du terroir?

REBECCA ZAMA.- Peut-être plus d’unification et de fierté de nationalité.

DIASPORAMA-HAITI.- Quels genres de difficultés rencontres-tu aux États-Unis d’Amérique?

REBECCA ZAMA.- J’apprécie beaucoup ce que j’ai et j’en remercie le Grand Dieu!

DIASPORAMA-HAITI.- En ce moment, comment sont tes rapports avec la terre de tes aïeux et  quels genres de support apportes-tu, à ton pays d’origine ?

REBECCA ZAMA.- En ce moment j’ai de très bons rapports avec Haïti. Je fais des travaux de volontariat à L’Asile. L’été dernier, j’ai passé presqu’un mois à organiser des journées récréatives dans plusieurs écoles à L’Asile. Je collabore avec le reste de ma famille et nous sommes  entrain d’équiper des écoles avec des matériels de sports. Nous avons d’autres petits projets en cours à L’Asile. Je vends mes livres pour aider les enfants L’Asile.

J’apporte le support majoritairement pour les enfants, c’est avec eux que je peux m’identifier. Je leur envoie des jeux, des équipements sportifs et je passe un mois en train de faire des camps d’été dans les écoles.  Ma famille a d’autres projets d’eau potable, de couture, d’électricité, dans la zone aussi.
 
DIASPORAMA-HAITI.- Après tant d’années vécues aux USA, tu vis comme Joséphine Baker, ton cœur balance, tu as 2 amours, Haïti et les États-Unis d’Amérique. Aimerais-tu  venir t’établir  définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ? Sinon, pourquoi ?

REBECCA ZAMA.- Je ne sais pas encore, je réfléchis encore. J’aimerais vivre en Haïti et aussi j’aime vivre ici à Boston. Mais, honnêtement, si je vis en Haïti ou au États-Unis je serais contente. J’aimerais bien vivre en Haïti pour voir si ça me plaît, on sait tous que c’est très diffèrent des États Unis. Je ne sais pas trop où je vivrais : dans la ville ou bien dans la campagne, je ne sais pas ce qui me plairait plus.

DIASPORAMA-HAITI.-  Tu comptes rentrer sous peu en Haïti, quel sera le but de ton voyage ?

REBECCA ZAMA.- Je serai en Haïti au début du mois d’Avril, au mois de mai, et durant l’été. En avril, je vais faire du volontariat à L’Asile avec ma maman et un autre groupe de volontaires.  Nous allons en groupe de 14 personnes.  Notre âge varie de 13 à 70 ans et le groupe comprend, des directeurs et professeurs d’école, des élèves, des charpentiers, des ingénieurs, etc.   Le chef de la délégation est un prêtre d’une église catholique à Boston qui a fait un jumelage avec l’Église St. Joseph de L’Asile.  On a plusieurs plans:  mariage en masse d’une cinquantaine de couples, cours de recyclage pour des  profs, aider à bâtir des paniers de basketball, enseigner des groupes comment utiliser le soleil pour rendre de l’eau potable, etc.  L’autre but est de promouvoir Haïti, d’établir des relations avec les gens de la ville, de montrer un autre côté d’Haïti. En mai prochain, j’espère retourner en Haïti faire la promo de mon livre de poésie “Optimum Me” en participant à la foire de « Livres en Folie » qui aura lieu le 30 mai au « Parc Historique de la Canne à Sucre ».

Enfin, durant l’été je compte organiser des journées récréatives pour les jeunes de L’Asile.     
   
DIASPORAMA-HAITI.- Parle-nous un peu de ce que te racontent tes parents sur Haïti, concernant leurs  bons et mauvais souvenirs, quand ils y vivaient ?

REBECCA ZAMA.-  Mon père est américain et me parle en général d’ Haïti. Cependant, ma mère me parle tout le temps d’ Haïti.   Elle me raconte les histoires de son enfance, de l’histoire d’ Haïti   et de la culture. Elle me rappelle souvent comment il faut être courageux pour avoir du succès.  Elle me raconte toujours, comment elle a grandi sans électricité, sans eau potable, sans des grands moyens économiques et malgré tout, elle a réussi à devenir avocate aux États-Unis.  Elle me rappelle qu’il y a beaucoup d’opportunités aux USA et qu’il n’y a pas de limite à ce que je peux accomplir si je persiste et fais des efforts sans oublier de prier. Cela sonne beaucoup plus dramatique quand elle me l’explique en Créole (Rebecca, si mwen ka etidye lan lamp tet gridap poum rive avoka lan etazini, ou mem ki fèt lan peyi-ya, ki gen limye la jounen kou lanwit, ou ka vinn ninpot ki gro bagay ou vle).

 Le mauvais côté d’Haïti est le manque d’opportunité pour les jeunes.  On a besoin de beaucoup d’écoles à travers le pays.  On a besoin d’ emplois pour les jeunes aussi.  Haïti devrait être capable de répondre aux besoins de son peuple sans avoir à dépendre de l’aide étrangère et aussi sans que les Haïtiens pensent qu’ils doivent se rendre aux Etats-Unis pour chercher une meilleure vie.

DIASPORAMA-HAITI.-  Nous savons que tu es très jeune, mais peux-tu nous dire quels sont tes espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti et ceux  de la diaspora ?     

REBECCA ZAMA.- J’espère que la jeunesse haïtienne aura le même sentiment de fierté que moi. J’espère qu’elle apprécie Haïti comme moi et qu’elle garde son identité. J’espère qu’elle formule un plan pour le développement d’ Haïti; qu’elle ne regarde pas vers l’extérieur pour sauver Haïti et qu’elle sache que l’avenir d’ Haïti est entre ses mains.  Je veux que tout haïtien sache que malgré tous ses problèmes, il n’y a pas de meilleurs pays qu’Haïti.  J’aimerais que les jeunes Haïtiens qui vivent dans d’autres pays retiennent leur identité haïtienne, qu’ils n’abandonnent pas leur héritage, qu’ils gardent des relations avec Haïti, qu’ils retournent dans le pays pour apprécier le pays et aider notre Haïti chérie.  Ma maman me dit chaque jour qu’elle considère tous les membres de sa famille comme des ambassadeurs d’Haïti, en ce sens que nous devons projeter une bonne image d’Haïti et de nous comme Haïtiens. J’aimerais que tous les jeunes haïtiens se considèrent comme des ambassadeurs d’Haïti aussi.
DIASPORAMA-HAITI.-   Des USA … quelle lecture fais-tu  de la situation sociopolitique en Haïti ?
REBECCA ZAMA.- En histoire, nous avons vu des documentaires et lu des livres d’histoire écrits par des haïtiens. J’ai lu les livres de Paul Farmer, le président et fondateur de « Partners in Health ». J’ai aussi lu les livres d’Edwige Danticat, entre autres.  En plus, j’écoute la radio et je regarde la télévision pour avoir des nouvelles.

DIASPORAMA-HAITI.- Haïti est un pays libre et indépendant, que penses-tu de la présence de l’armée multinationale de l’ONU, désignée sous le vocable de la « Minustah » ?

Rebecca & Carole "Maroulé" Desmesmin
REBECCA ZAMA.-Il y a des moments où la Minustah a aidé Haïti, l’ONU fait beaucoup d’efforts pour aider les pays moins développés. Après l’épidémie de choléra en Haïti, je suis allée à plusieurs séminaires où on a parlé justement de cela. J’ai vu des témoignages et des photos choquantes qui disent que ce sont les Népalais qui travaillent avec l’ONU qui ont apporté le choléra en Haïti.  La situation est très triste.  Cela fait des centaines d’années qu’Haïti a pris son indépendance et le pays ne devrait pas se trouver dans une situation où le peuple a besoin d’une force internationale pour assurer sa sécurité. Les Haïtiens doivent prendre leur destinée en main.

DIASPORAMA-HAITI.-   Quels conseils donnerais-tu  à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

REBECCA ZAMA.-  Je leur dirais de ne jamais oublier Haïti et de se rappeler de leurs origines. Haïti fait partie de notre identité et c’est à nous d’aider Haïti.  Nous pouvons le faire si nous nous unissons.  Il suffit de pratiquer notre devise “l’union fait la force”.

DIASPORAMA-HAITI.- Rebecca, quel est le rêve de ta vie ? Que voudrais-tu  réaliser pour que ta vie soit une parfaite réussite?

REBECCA ZAMA.- Le rêve de ma vie est d’être une chanteuse internationale, d’être musicienne. La musique est ma passion. J’espère toucher des cœurs avec ma musique et mes paroles. Mon rêve aussi est d’aider Haïti, de pouvoir même changer autant de vies que je peux. Mon rêve c’est d’être une force positive dans la vie de chacun que je rencontre.  Finalement, j’aimerais être un modèle positif pour les jeunes du monde.

DIASPORAMA-HAITI.-   Un dernier message au peuple haïtien de la Métropole (Haïti)  et de l’extérieur?

REBECCA ZAMA.-   Je sais qu’il y a beaucoup de difficultés maintenant en Haïti. Nous devons tous laisser Haïti mieux que nous l’avons trouvée, quel que soit l’endroit où nous sommes. Haïti a beaucoup souffert et les Haïtiens ont beaucoup souffert.  Mais, il ne faut pas être découragé. La situation d’Haïti va s’améliorer.  Nous devons garder l’espoir.  “Haïti est un roseau, qui plie mais qui ne casse pas”.  Tenez ferme!

DIASPORAMA-HAITI.-     Rebecca, ‘CANAL+HAÏTI’ et « DIASPORAMA » te remercient pour  ton support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. 

REBECCA ZAMA.- C’était vraiment un plaisir. Merci!


N.B.- Si vous voulez vous procurer le livre de poésie de Rebecca Zama “Optimum Me”, cliquez ici


Regardez cette vidéo de Rebecca Zama

 Crédit: CANAL+HAÏTI/DIASPORAMA-HAÏTI
Propos recueillis par Andy Limontas pour la Chronique « Diasporama » de CANAL+HAÏTI
Rédaction: Andy Limontas/Marie-Pascale Duplan
email: andylimontas@yahoo.fr / canalplushaiti@yahoo.fr
Tous droits réservés@CANAL+HAITI, Mars 2013

jeudi 21 mars 2013

Haïti/Conseil de Sécurité-ONU : Le plan de consolidation de la MINUSTAH pour 2013-2016.

 LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EN HAÏTI PRÉSENTE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
LE PLAN DE CONSOLIDATION DE LA MINUSTAH POUR 2013-2016
Après la période mitigée que vient de traverser Haïti ces derniers mois, caractérisée notamment par un retard dans l’organisation des élections locales et sénatoriales, le Représentant spécial par intérim du Secrétaire général en Haïti, M. Nigel Fisher, a présenté, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le plan de consolidation 2013-2016 de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) dont il est aussi le Chef par intérim.  M. Fisher présentait au Conseil le rapport* du Secrétaire général sur la MINUSTAH.  Les 25 délégations qui ont participé au débat d’aujourd’hui ont soutenu l’idée de recentrer l’aide qu’a apportée la MINUSTAH à la Police nationale haïtienne dans l’exécution de ses tâches essentielles ainsi qu’à la mise en place des institutions responsables du processus électoral, de la promotion de l’état de droit, de la protection des droits de l’homme, et de l’établissement et de la pratique des normes de bonne gouvernance.

 Le plan de consolidation de la MINUSTAH pour la période 2013-2016 a été discuté et approuvé par le Gouvernement d’Haïti, a indiqué M. Fisher.  Ce plan fixe les objectifs à atteindre au cours des trois prochaines années dans quatre domaines d’action principaux de la Mission.  Ces domaines d’action prioritaires sont: le développement accéléré de la Police nationale haïtienne; le renforcement de la Commission électorale permanente; le renforcement de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, ainsi que l’appui à la réforme de la gouvernance aux niveaux national et local.

 Le représentant de la Fédération de Russie a relevé le caractère très ambitieux de certains objectifs fixés par le plan, qui, a-t-il insisté, devront être examinés attentivement par les membres du Conseil de sécurité.  Son homologue du Guatemala a prié le Conseil de sécurité de tenir compte des conditions objectives qui permettront, le moment venu, à l’ONU de quitter Haïti de façon responsable.  Le représentant du Brésil a, quant à lui, insisté que la réduction de la présence des Nations Unies en Haïti ne soit pas fondée sur des considérations financières.  Avertissant lui aussi des risques qui peuvent être causés par des coupes budgétaires, le représentant du Chili a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des projets à impact rapide et des programmes de réduction de la violence communautaire dont l’utilité est avérée.

 Les objectifs fixés par le plan de consolidation peuvent être atteints en 2016, a assuré M. Fisher, mais cela exige qu’un transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité nationale aux autorités haïtiennes ait lieu.  Pour l’instant, la Police nationale Haïtienne n’est pas en mesure d’assurer seule la liberté et la stabilité, a estimé à ce propos le représentant de la France, en constatant que « les 10 années de calme relatif qu’a connu Haïti, dû à la présence dissuasive de la Force de la MINUSTAH, ne traduisent pas de réels progrès sur le fond qui permettraient à la Police nationale haïtienne d’assurer seule la sécurité et la stabilité ».
 La MINUSTAH devra donc redoubler d’efforts, en coopération avec les autorités haïtiennes, pour permettre aux Forces nationales haïtiennes d’assurer elles-mêmes la sécurité du pays.  Le renforcement et la professionnalisation de la Police nationale sont donc cruciaux, ont estimé toutes les délégations.  C’est une « priorité absolue », a jugé la délégation du Royaume-Uni, qui s’est interrogée sur les raisons de la lenteur du recrutement de policiers.

 Outre un renforcement et une augmentation du nombre d’agents, qui doivent passer de 10 000 à 15 000, la Police nationale haïtienne doit se professionnaliser, ont souligné les délégations.  Certains intervenants ont appelé la Police nationale à mieux respecter les droits de l’homme, le représentant de la République de Corée mettant l’accent sur le renforcement des activités de formation menées au sein de la Police nationale en vue de prévenir les abus contre les femmes et les protéger de la violence sexuelle.

 Autre grande priorité, les élections locales et législatives partielles haïtiennes, trop longtemps reportées, doivent absolument se tenir cette année, ont insisté les intervenants en exigeant que ces scrutins soient libres, crédibles et ouverts à tous.  Pour ce faire, il faut que les parties concernées nomment sans attendre les membres du Collège transitoire du Conseil électoral permanent, a préconisé le représentant de la France qui s’est avoué « troublé par les informations du rapport du Secrétaire général qui notent une multiplication des nominations contestées, des déclarations visant la liberté et des déficiences systémiques en matière de droits de l’homme » en Haïti.

 Concernant l’épidémie de choléra, le représentant d’Haïti a indiqué que sa létalité a diminué en passant de 5,3% au début de 2012 à 1,2% à la fin de la même année.  Le représentant du Maroc a mis en garde contre le risque de recrudescence de l’épidémie du fait du manque de moyens financiers.  Pour éviter ce genre de situation, notre pays a octroyé 500 000 dollars à la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour la fourniture d’eau potable, de produits d’assainissement et de stations de lavage des mains aux Haïtiens, a dit le représentant de l’Australie.

 Au nom du Groupe des Amis d’Haïti (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, France, Guatemala, Pérou, États-Unis et Uruguay), le représentant de l’Uruguay a déclaré qu’il y a une interconnexion entre la sécurité, le développement et la stabilité.  Il est urgent que l’on s’attaque au chômage et qu’on accélère la mise en place des services sociaux de base en Haïti, a-t-il souligné.

 * S/2013/139

 LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

 Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (S/2013/139)
 Dans ce rapport, le Secrétaire général fait le point de la situation politique et l’état de la sécurité en Haïti depuis le 31 août 2012, date du dernier rapport du Secrétaire général sur la MINUSTAH, ainsi que le point de la situation humanitaire, économique et du processus de relèvement.  Le rapport détaille les activités menées par la MINUSTAH et notamment l’appui fourni au Gouvernement d’Haïti et à la population locale, en particulier pendant et après le passage de l’ouragan Sandy.

 Le Secrétaire général explique que le conflit qui a eu lieu entre les dirigeants politiques des trois branches de l’État haïtien a entraîné des retards qui ont perturbé le fonctionnement du système de gouvernance et entraîné le pays dans une impasse politique extrêmement préjudiciable.

 La tenue des élections ayant été différée, le Secrétaire général prie instamment les autorités haïtiennes d’instaurer un climat favorable à la tenue en 2013 d’élections libres, régulières, crédibles et ouvertes à tous.  Il demande que les trois pouvoirs de l’État mènent à bien la nomination de leurs membres au Collège transitoire du Conseil électoral.  L’ONU est prête à fournir un appui pour les élections à venir et à collaborer avec les autorités haïtiennes pendant les trois prochaines années en vue de leur permettre d’assumer l’entière responsabilité de la gestion du processus électoral d’ici à 2016.

 Afin de mettre un terme à l’augmentation du nombre de crimes graves commis en Haïti, le Secrétaire général demande instamment au Gouvernement de continuer de renforcer les institutions garantes de l’état de droit, de prévenir les actes de violence et de poursuivre les auteurs de tels actes.  Pour être solides, les institutions garantes de l’état de droit, notamment les services de police et le système judiciaire, doivent pouvoir fonctionner de manière indépendante, souligne Ban Ki-moon.  Il invite le Gouvernement et ses partenaires internationaux à continuer de renforcer les capacités de ces institutions et à en finir avec une culture de l’impunité qui entrave encore les progrès d’Haïti.

 M. Ban souligne que les remaniements ministériels intervenus au cours de l’année écoulée pèsent sur les efforts de renforcement des capacités déployés par la MINUSTAH et les donateurs internationaux.  En ce qui concerne la situation des droits de l’homme, Ban Ki-moon demeure préoccupé par les expulsions forcées menées contre certaines personnes dans les camps de déplacés et par le recours excessif à la force dont se rend coupable la Police nationale haïtienne.  En outre, il constate la faiblesse de l’action menée par la police et l’appareil judiciaire pour réprimer les actes de violence sexuelle et sexiste.

 Relevant que le renforcement de la Police nationale demeure une condition essentielle pour que la MINUSTAH puisse quitter le pays le moment venu, le Secrétaire général se dit encouragé par les mesures que le Gouvernement haïtien a récemment prises pour recruter au moins 1 000 élèves policiers par promotion.  Il prie instamment le Gouvernement d’Haïti et les États Membres de s’engager à mettre à disposition les fonds nécessaires pour appuyer la mise en place d’une police professionnelle, fiable et responsable.

 Le Secrétaire général se dit aussi particulièrement préoccupé par le fait que les capacités de l’appareil judiciaire d’Haïti n’ont pas été renforcées, ce qui a des répercussions sur le système de justice pénale tout entier.  Il plaide en faveur de l’élaboration d’un plan national de développement du système judiciaire, comme cela a déjà été fait pour le plan de développement de la Police nationale.  Il est également crucial, ajoute-t-il, que le Gouvernement concrétise sa volonté d’accroître la transparence et la responsabilisation en rendant mieux compte de la manière dont les fonds publics sont utilisés.

 Le rapport comporte en annexe le Plan de consolidation 2013-2016 de la MINUSTAH selon lequel la MINUSTAH doit se concentrer, au cours des trois ou quatre prochaines années, sur les tâches essentielles de son mandat (renforcement des capacités électorales, de l’état de droit et des droits de l’homme, et questions essentielles liées à la gouvernance), ce qui lui permettra de réduire progressivement ses effectifs civils et en tenue.  Sous réserve que les conditions de sécurité restent stables, que la formation et le déploiement régional des effectifs de la Police nationale soient conformes aux dispositions du Plan de développement pour la période 2012-2016 et que les autorités haïtiennes soient capables d’assurer la logistique et la sécurité nécessaires à la tenue des élections, la MINUSTAH devrait réduire ses effectifs en tenue d’environ 30% d’ici à l’élection présidentielle prévue en 2015.

 En raison de ces réductions d’effectifs, les activités de sécurité de la MINUSTAH seront plus ciblées et sélectives et viendront appuyer les interventions de la Police nationale haïtienne dans des zones géographiques spécifiques et pour des tâches particulièrement importantes.  Ce recentrage géographique exigera des moyens de transport efficaces, peu coûteux et modulables.
Déclarations

 M. NIGEL FISHER, Représentant spécial par intérim du Secrétaire général pour Haïti et Chef par intérim de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a indiqué que la période à l’examen a été difficile pour Haïti, pays qui a connu un taux de croissance nettement inférieur aux prévisions.  Le taux de chômage a été aggravé par les tempêtes tropicales et la sécheresse, a-t-il ajouté, mentionnant aussi que la production agricole a été durement touchée.  Le Gouvernement a réagi par un plan d’urgence pour accélérer la distribution de fonds tandis que la communauté internationale a répondu à un appel de fonds d’urgence lancé par les Nations Unies.

 Le Représentant spécial a aussi indiqué que le nombre de personnes déplacées continue de baisser.  Quant à l’épidémie de choléra, elle se poursuit même si le taux d’infection diminue.  Il a aussi parlé de la situation sécuritaire qui reste relativement stable.  Mais les mauvaises conditions économiques contribuent à susciter des manifestations de protestation, a-t-il indiqué, tout en prévenant que le taux d’homicides a augmenté dans certaines régions.

 La tenue des élections est une question cruciale en Haïti, a poursuivi M. Fisher, rappelant qu’elles auraient dû avoir lieu en novembre 2011.  Les élections de 2013 permettront de renforcer l’état de droit et de répondre à des questions urgentes comme l’emploi et la protection sociale.  Hier, a-t-il indiqué, le Président d’Haïti s’est engagé à créer, avant Pâques, le Conseil électoral de transition de la Commission électorale provisoire.  Mais ce ne sera qu’une première étape avant la tenue d’élections crédibles et ouvertes à tous.

 La MINUSTAH exhorte les acteurs politiques à coopérer davantage afin de permettre l’organisation d’élections avant la fin de l’année, a plaidé le Chef de la Mission.  Cela suppose que soient mieux précisés les mandats des donateurs et d’approuver une loi sur les activités des donateurs et sur le financement des partis politiques, ainsi qu’un accord sur les modalités applicables au Conseil électoral.

 Haïti se heurte à d’autres difficultés, a relevé M. Fisher.  Après ce constat, le Représentant spécial a présenté le plan de consolidation 2013-2016 de la MINUSTAH, approuvé par le Gouvernement d’Haïti, qui fixe les objectifs à atteindre au cours des trois prochaines années.  Ce plan reprend quatre tâches principales de la Mission, à savoir le développement accéléré de la Police nationale haïtienne, le renforcement de la commission électorale permanente qui sera créée, le renforcement de l’état de droit et des droits de l’homme, ainsi que l’appui à la réforme de gouvernance aux niveaux national et local et l’aide aux acteurs nationaux pour dégager un consensus sur un processus politique inclusif.  Plusieurs objectifs peuvent être atteints en 2016, a assuré M. Fisher, mais ceci exige un transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité nationale aux autorités haïtiennes.

 Pour ce qui est de la bonne gouvernance, M. Fisher s’est félicité des mesures prises pour lutter contre la corruption.  Le plan de consolidation prévoit aussi la réduction du personnel de la Mission, a-t-il indiqué.  En ce qui concerne le plan d’élimination du choléra, il a rappelé que la famille des Nations Unies s’est engagée à le soutenir, notamment en contribuant à l’amélioration de la qualité de l’eau et en renforçant les soins de santé.  La politique de tolérance zéro en matière d’exploitation et d’abus sexuels doit aussi être respectée, a-t-il souligné, exigeant que les normes les plus strictes soient appliquées au comportement du personnel.  En conclusion, le Représentant spécial s’est dit convaincu qu’Haïti ferait des progrès si les acteurs locaux parviennent à surmonter les divisions politiques, et si les réformes nécessaires sont menées dans le domaine institutionnel et de l’état de droit.  Il est également indispensable de répondre aux besoins sociaux et économiques qui se posent de manière urgente aux citoyens d’Haïti.

 Mme SUSAN RICE (États-Unis) a souligné que les constatations du Représentant spécial par intérim pour Haïti rappelaient l’ampleur de la tâche à accomplir.  La tenue d’élections justes et crédibles est absolument essentielle, a-t-elle souligné.  La représentante s’est dite également préoccupée par le problème de la sécurité.  Elle a ainsi mis l’accent sur la nécessité de renforcer les capacités de la Police nationale haïtienne, en rappelant qu’un tel renforcement devrait être la priorité de la MINUSTAH.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, appuient tous les efforts en faveur d’un tel partenariat entre la Police nationale haïtienne et la MINUSTAH.

 La déléguée des États-Unis a dit espérer que des solutions durables soient trouvées pour garantir un abri sûr aux personnes dans les camps.  Mme Rice a salué le plan de consolidation assorti de conditions du Secrétaire général.  La MINUSTAH assume de lourdes responsabilités, a-t-elle constaté, en saluant la Mission pour ses efforts inlassables.  Par ailleurs, la représentante a considéré que tout cas d’abus sexuel par le personnel des Nations Unies était inacceptable.  Elle a espéré que l’ONU prendra des mesures pour faire en sorte que de tels cas ne puissent se reproduire.  Les États-Unis, a conclu Mme Rice, restent fortement engagés à soutenir les efforts d’Haïti visant à garantir un avenir meilleur au pays.

 M. MASOOD KHAN (Pakistan) a dit appuyer les efforts visant à consolider la paix en Haïti.  Le terrible séisme de 2010 avait anéanti les progrès enregistrés auparavant, a-t-il déploré.  Tout en notant qu’il reste de nombreux défis, il s’est cependant réjoui de la volonté de la population haïtienne de reconstruire son pays.  Pour le représentant, les futures élections en Haïti contribueront à réaliser d’autres progrès sur le plan politique.  La communauté internationale, a-t-il souligné, doit appuyer ce processus électoral.  Le Pakistan a participé à la MINUSTAH depuis 1993, a-t-il rappelé, en précisant qu’une unité de 139 hommes était actuellement présente sur le terrain.  Le représentant s’est inquiété des troubles que connaissent certaines zones du pays.  La MINUSTAH a besoin d’une certaine marge de manœuvre pour qu’elle soit en mesure d’y répondre, a-t-il fait remarquer.  En ce qui concerne le plan de consolidation de la MINUSTAH, le représentant a assuré que sa délégation était prête à travailler sur certains critères comme le développement de la Police nationale haïtienne.  Avant de conclure, le représentant a mis l’accent sur le grand défi humanitaire auquel le pays est confronté, en faisant observer que l’épidémie de choléra et l’insécurité alimentaire ne faisaient qu’aggraver la situation dans le pays.

 Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a en particulier rappelé les liens de coopération dans les domaines techniques et économiques qui existent entre les pays du sud de l’hémisphère des Amériques, en particulier l’Argentine, avec Haïti.  L’Argentine estime que la MINUSTAH est un facteur essentiel pour aider à renforcer la sécurité d’Haïti et, par voie de conséquence, contribuer à garantir son développent.  L’Argentine, a-t-elle dit, appuie le renouvellement de la MINUSTAH tant que cette présence est souhaitée par le Gouvernement haïtien.

 Mme Perceval a souligné que trois ans après le séisme qui a ravagé le pays, et en dépit des difficultés, Haïti continuait d’avancer, citant notamment les progrès enregistrés dans les secteurs de la construction ou de l’environnement.

 En revanche, la démocratie ou la bonne gouvernance laissent à désirer, a-t-elle déploré.  Mme Perceval a ainsi mis l’accent sur la nécessité de renforcer la stabilité politique, de consolider les institutions de l’État, et de favoriser les investissements.  La tenue d’élections justes et crédibles en 2013 est indispensable pour renforcer les capacités de l’État, a-t-elle insisté.

 La représentante argentine a, de même, attiré l’attention sur la détérioration de la sécurité alimentaire, ce qui touche 2,1 millions de personnes.  Le moment est venu de consolider les progrès réalisés en termes de réinstallation des personnes qui se trouvent dans les camps, a-t-elle préconisé.
 Mme Perceval a également exprimé l’inquiétude de sa délégation concernant le financement du développement de la Police nationale haïtienne, qui reste à ce jour très insuffisant.  Il est par ailleurs important, a-t-elle estimé, de renforcer les institutions haïtiennes.

 M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a noté avec satisfaction que la situation sécuritaire en Haïti était demeurée relativement stable pendant la période à l’examen et que la Police nationale haïtienne avait continué à se développer.  La période examinée a mis en évidence de nombreux défis qui exigent une contribution importante de la part de la communauté internationale pour contribuer à les relever.  Le représentant a relevé que les tensions entre les pouvoirs exécutif et législatif constituaient une entrave aux progrès réalisés en Haïti.  Il a encouragé à engager un dialogue constructif afin de parvenir à un compromis.  Des élections transparentes et ouvertes doivent être organisées le plus rapidement possible, a-t-il rappelé.

 Le représentant a demandé aux Nations Unies d’appuyer les élections à venir et de renforcer les capacités des autorités haïtiennes pour qu’elles s’approprient ce processus et l’organisent au mieux.  Il a aussi plaidé en faveur d’une plus grande aide humanitaire en Haïti, même si le nombre de personnes déplacées a diminué.  Le représentant a souligné, à cet égard, l’importance du plan d’action humanitaire pour 2013 qui, a-t-il précisé, se concentre sur l’épidémie de choléra et la sécurité alimentaire.  La Police nationale haïtienne doit, quant à elle, être dotée des moyens lui permettant de mieux répondre aux besoins de sécurité.

 M. OLIVIER NDUHUNGIREHE(Rwanda) s’est dit convaincu que les Haïtiens pourront surmonter les obstacles actuels grâce à l’aide de la communauté internationale.  Les succès réalisés jusqu’ici risquent, a-t-il prévenu, d’être érodés par le manque de progrès en vue de rétablir des institutions clefs crédibles.  L’appui de la communauté internationale, des Nations Unies, des institutions financières internationales est indispensable pour permettre au pays de répondre aux besoins de sa population, a-t-il souligné.

 Le représentant du Rwanda s’est ensuite dit préoccupé par l’augmentation des crimes et des troubles, en particulier au cours de manifestations antigouvernementales.  M. Nduhungirehe a mis l’accent sur la nécessité de professionnaliser la Police nationale haïtienne afin de relever ces défis liés à la sécurité.  Il a rappelé que la sécurité facilite le développement social et économique du pays.  Enfin, le représentant s’est félicité du plan établi par Haïti pour faire face à la prévalence du choléra.

 M. KIM SOOK (République de Corée) a noté une augmentation de la criminalité en Haïti pendant la période considérée par le dernier rapport du Secrétaire général.  Sur le front politique, il est crucial que les élections soient organisées le plus rapidement possible, a-t-il demandé.  Tout en soulignant que la mise en place du Conseil de transition électoral est importante, le représentant a souligné que tous les acteurs politiques devraient joindre leurs efforts pour parvenir à mener à bien le processus électoral.  En ce qui concerne l’état de droit et les droits de l’homme, il s’est dit particulièrement préoccupé par la violence sexuelle dont sont victimes les femmes.  Les souffrances des victimes ne sont pas recensées et les auteurs de ces crimes ne sont pas poursuivis, a-t-il déploré.  C’est pourquoi, il a appelé la MINUSTAH à poursuivre la formation qu’elle dispense à la Police nationale haïtienne en matière de violence sexuelle.  Il a recommandé d’organiser davantage de campagnes de sensibilisation sur cette question.

 Le représentant a par ailleurs insisté sur le renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne.  Le plan de consolidation de la MINUSTAH proposé par le Représentant spécial du Secrétaire général identifie cette question comme une grande priorité, a-t-il remarqué.  Le renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne est une condition essentielle du retrait de la Mission, a-t-il rappelé.  La République de Corée appuie pleinement la reconfiguration de la MINUSTAH, a-t-il assuré, avant de demander à la communauté internationale de continuer à assister Haïti pour qu’il parvienne à la stabilisation dans un avenir proche.

 M. LUIS FERNANDO CARRERA-CASTRO, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a estimé que la première des priorités à court terme était la tenue d’élections locales, municipales et législatives.  Le report de ces élections risque de menacer l’instauration de l’état de droit en Haïti, a-t-il estimé.  Le Ministre a lancé de nouveau un appel pour que des élections crédibles et ouvertes à tous soient organisées, conformément à la Constitution de Haïti.

 M. Carrera-Castro s’est déclaré favorable à l’élaboration d’un accord politique.  Il s’est, à cet égard, dit préoccupé par le fait que la prise de décisions dans ce domaine soit marquée par l’absence de consensus au niveau national.  De même, il est important, a-t-il ajouté, que le Gouvernement haïtien continue de renforcer les institutions de l’état de droit, notamment la Police nationale et le pouvoir judiciaire.

 Le Ministre des affaires étrangères s’est également dit préoccupé par la situation de quelque 300 000 déplacés internes qui vivent dans des camps.  Il a encouragé le Gouvernement haïtien, avec le soutien de la communauté internationale, à améliorer les conditions des personnes déplacées dans les camps et à poursuivre les efforts de reconstruction.

 Par ailleurs, M. Carrera-Castro a souligné, parmi les critères d’une stratégie de sortie de la MINUSTAH, qu’il convenait de tenir compte des conditions objectives qui permettraient à l’ONU de quitter le pays de façon responsable.

 Il a exprimé des doutes quant à l’utilité d’avancer des chiffres et de définir des implications budgétaires sur la participation de personnels en tenue sur la base de scénarios hypothétiques.  Il a ainsi mis l’accent sur l’importance de doter la Mission des ressources nécessaires à l’exécution de son mandat.

 Il faut, a estimé le Ministre, rectifier le calendrier, en rappelant que le budget de la MINUSTAH est approuvé en mai, tandis que le renouvellement de son mandat est prévu pour octobre.  Il est logique que le mandat détermine le budget, et non l’inverse, a-t-il fait remarquer.  Le Ministre a dit espérer que l’on n’imposera pas des réductions supplémentaires au personnel en tenue de la MINUSTAH.

 Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a déclaré que des progrès avaient été réalisés.  Le nombre de personnes déplacées vivant dans les camps a baissé de 77%.  La situation sécuritaire s’est stabilisée grâce à l’action combinée de la MINUSTAH et de la Police nationale haïtienne.  Mais le processus de stabilisation s’est heurté à de nombreuses difficultés, a-t-elle fait remarquer.  Le pays a subi de graves dégâts après le passage du cyclone Sandy.  La situation économique et sociale est toujours marquée par une pauvreté touchant les trois quarts de la population.  La situation des droits de l’homme laisse beaucoup à désirer.  Malgré l’action louable du groupe de protection de l’enfance de la MINUSTAH, nombre de violences, y compris sexuelles, ont été commises contre des enfants.  En outre, l’édification de l’état de droit n’avance que difficilement, en particulier dans le secteur de la justice.  À cet égard, la comparution de l’ancien Président Jean-Claude Duvalier devant la Cour d’appel le 28 février dernier représente un test important, a estimé la représentante.

 Comme l’avait souligné la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a-t-elle rappelé, l’État haïtien a pour obligation de garantir qu’il n’y ait pas d’impunité pour les violations graves de droits de l’homme commises dans le passé.  Mme Lucas a aussi dénoncé les désaccords persistants entre le pouvoir exécutif et des parlementaires de l’opposition qui continuent de paralyser le pays.  Ce blocage structurel des institutions constitue assurément l’une des causes profondes des problèmes qu’Haïti doit affronter aujourd’hui, a souligné la représentante.  Les élections de cette année sont indispensables pour faire avancer les réformes nécessaires, a-t-elle dit.  Suite à l’accord du 24 décembre 2012, il est impératif de parachever la formation du Conseil électoral provisoire pour lancer un processus électoral qui n’a que trop tardé, a-t-elle souligné.  Avant de conclure, Mme Lucas a assuré que le Luxembourg restait engagé pour aider Haïti.  Le Luxembourg, a-t-elle précisé, soutient le plan de consolidation pour la stabilisation d’Haïti qui prévoit de concentrer les efforts de la MINUSTAH dans la formation de la police, le renforcement des capacités électorales, l’état de droit et les droits de l’homme ainsi que la gouvernance.

 M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) a déclaré qu’outre les vulnérabilités d’Haïti, en particulier aux changements climatiques, le pays bénéficiait d’un appui international moins soutenu.  Haïti, a-t-il dit, a besoin de préserver les acquis de ces dernières années.  Le représentant a émis l’espoir que les élections pourront être organisées rapidement.  Il a par ailleurs demandé de mettre l’accent sur le renforcement des services de police, en se félicitant de la professionnalisation de la Police nationale haïtienne (PNH).  Concernant la situation humanitaire, même si le nombre de personnes vivant dans les camps continue de baisser, le représentant a noté, comme le souligne le rapport du Secrétaire général, une dégradation de la situation humanitaire dans le pays.  La prestation de services de base dans les camps de personnes déplacées a fortement diminué, a regretté le représentant, qui a aussi souligné la nécessité de prévenir l’insécurité alimentaire.

 Concernant la lutte contre le choléra, le représentant a prévenu contre le risque de recrudescence de l’épidémie à cause du manque de moyens financiers.  Afin d’optimiser la présence de la MINUSTAH sur le terrain, qui se trouve maintenant dans une phase transitoire, il a soutenu le plan de consolidation prévu pour son retrait.  Le calendrier de retrait de la Mission dépend de la consolidation de la Police nationale haïtienne, a-t-il estimé, avant d’appeler la Mission à continuer d’appuyer le Gouvernement haïtien pour qu’il puisse atteindre les objectifs de développement et de sécurité et améliorer les systèmes judiciaire et pénitentiaire.

 M. WANG MIN (Chine) a déclaré qu’Haïti avait besoin du soutien et de l’assistance continus de la communauté internationale.  Il a en outre mis l’accent sur la nécessité d’y assurer l’organisation d’élections justes, équitables et crédibles en 2013.  Le représentant de la Chine a appelé la communauté internationale à prêter une haute attention aux efforts de relèvement et de reconstruction en Haïti.  Il a également pris note du plan de consolidation de la MINUSTAH soumis par le Secrétaire général, indiquant que sa délégation espérait que la Mission pourra continuer d’exécuter son mandat en aidant notamment à assurer la sécurité du pays et à y renforcer l’état de droit.
 M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a constaté que des mesures importantes ont été prises en Haïti au cours de la période considérée dans le rapport du Secrétaire général, comme notamment la réduction de la composante militaire de la MINUSTAH, sans que cela ait un impact négatif sur le pays.  Le but du plan de consolidation de la Mission est qu’Haïti dispose de capacités nationales suffisantes pour relever les différents défis qui se posent.   Nous espérons que le pays sera capable d’atteindre cet objectif, a-t-il dit.  Abordant les problèmes urgents, il a noté l’instabilité politique qui perdure en Haïti et a prôné à cet égard la désignation d’un conseil électoral permanent.  Des élections locales et sénatoriales doivent être organisées rapidement, a-t-il ajouté.

 En ce qui concerne les capacités de la Police nationale haïtienne (PNH), son renforcement doit être la priorité absolue de la MINUSTAH, a estimé le représentant du Royaume-Uni.  Il s’est étonné qu’à l’heure actuelle, le recrutement de policiers ait été inférieur à l’objectif fixé pour 2015. « Est-ce par manque de volontaires ou par manque de formation?  Ou est-ce parce que la MINUSTAH n’accorde pas suffisamment la priorité à cette tâche? », a-t-il demandé.  Il a exhorté la Mission à appuyer le plan de développement que la PNH récemment adopté.  La police doit aussi respecter les droits de l’homme pour gagner la confiance de la population, a-t-il souligné.  Il a par ailleurs demandé aux instances publiques d’améliorer leur fonctionnement.

 M. GÉRARD ARAUD (France) a jugé essentiel que les élections locales et législatives partielles, trop longtemps reportées, puissent se tenir cette année et qu’elles soient libres, inclusives et crédibles et que les parties concernées nomment sans attendre les membres du Collège transitoire du Conseil électoral permanent.  Il s’est dit troublé par la multiplication des nominations contestées, déclarations récentes visant la liberté de la presse et, plus généralement, les déficiences systémiques en matière de droits de l’homme.  Nous notons aussi les prévisions économiques et fiscales relativement décevantes qui, couplées aux difficultés liées aux aléas climatiques, expliquent peut-être aussi la multiplication des manifestations à caractère économique et social, a dit M. Araud.  Il a estimé que les 10 années de calme relatif qu’a connu Haïti, dû à la présence dissuasive de la force de la MINUSTAH, ne traduisent pas de réels progrès sur le fond qui permettraient à la Police nationale Haïtienne d’assurer seule la liberté et la stabilité.  M. Araud a indiqué que la France soutenait les orientations présentées par les autorités haïtiennes pour la période 2012-2016, dont l’objectif de passer de 10 000 à 15 000 policiers.

 Le Représentant permanent de la France a indiqué qu’il appuyait pleinement l’engagement de l’ONU à aider Haïti à éradiquer le choléra, en estimant que cet objectif pouvait être atteint à court terme par le biais de mesures ciblées.  M. Araud a estimé qu’il faut écarter l’idée d’un départ précipité de la MINUSTAH, tout en reconnaissant que le maintien indéfini d’une opération de maintien de la paix (OMP) de cette envergure n’était pas non plus une option.  Il a ajouté que le départ de la MINUSTAH ne devait pas être un tabou, mais un catalyseur.  Le moment venu, a insisté le représentant de la France, nous devrons réfléchir à une date de retrait, une « end date », au résultat final recherché et à la présence post-MINUSTAH « end state ».  M. Araud a salué le plan de consolidation contenu dans le rapport du Secrétaire général, en estimant que ce plan redonnait à la Mission un horizon temporel crédible de nature à apporter de la clarté aux Haïtiens, « dans ce que nous pouvons réaliser dans des délais raisonnables ».  Enfin, il a souscrit pleinement aux quatre objectifs prioritaires identifiés et à une approche basée sur des critères de mesure permettant de calibrer l’évolution de la Mission.

 Mme PHILIPPA JANE KING (Australie) a déclaré que pour faire face aux défis qui persistent en Haïti, il est important que le Gouvernement haïtien établisse un système de gouvernance qui soit efficace et qui puisse renforcer les capacités nationales.  La représentante a ainsi fait siennes les préoccupations du Secrétaire général concernant l’impasse politique en Haïti, y compris la mise en place du Conseil électoral provisoire.  Pourtant, des élections crédibles, libres et transparentes en 2013 sont vitales pour la reconstruction et le développement du pays.  « Nous saluons les progrès réalisés dans la nomination des membres du Conseil électoral provisoire pour que les élections législatives partielles puissent être organisées », a indiqué Mme King.  L’appui de la MINUSTAH doit continuer mais la responsabilité de surmonter l’impasse politique incombe en premier lieu aux dirigeants politiques haïtiens.  Au plan de la sécurité, la forte augmentation des crimes en particulier les violences sexuelles contre les femmes et les enfants et les groupes vulnérables dans la seconde moitié de 2012 est aussi une source de préoccupation.  À cet effet, il est important d’améliorer les capacités de la police et de la justice pour mener des enquêtes et pour poursuivre les auteurs.

 Dans la lutte contre le choléra, l’Australie a octroyé 500 000 dollars à la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour la fourniture d’eau potable, de produits d’assainissement et des stations de lavage des mains pour les Haïtiens.  Rappelant que les domaines de la police, de l’état de droit et des droits de l’homme, la stabilité électorale et la bonne gouvernance sont au centre des priorités de la MINUSTAH, la représentante de l’Australie a souligné qu’un processus de changement durable, comme celui en Haïti, prend du temps, voire une génération pour renforcer les institutions nationales et assurer la bonne gouvernance.  Le vrai défi pour la communauté internationale est de maintenir une collaboration durable avec Haïti.  La finalisation récente du Cadre stratégique intégré pour 2013-2016 entre les Nations Unies et le Gouvernement haïtien en est une étape importante, a-t-elle dit avant de conclure.

 M. KODJO MENAN (Togo) s’est félicité de la stabilité de la situation sécuritaire en Haïti, exhortant les autorités du pays à poursuivre le processus de renforcement de la capacité opérationnelle et de modernisation de la Police nationale et à lutter efficacement contre les bandes armées.  Il s’est dit également préoccupé par les violences sexuelles et sexistes, en particulier à l’encontre des enfants, relevées dans le rapport du Secrétaire général.  Il a, à cet égard, salué les actions entreprises par la MINUSTAH et la Police nationale haïtienne visant à sensibiliser les victimes potentielles sur les recours dont elles disposent.
 Par ailleurs, le Togo, a-t-il dit, invite les autorités haïtiennes à poursuivre les nécessaires réformes devant conduire à restaurer le cadre juridique de l’État, à créer et à consolider les institutions publiques et à améliorer le sort de la population.  M. Menan a aussi invité la communauté internationale à aider davantage les autorités haïtiennes à investir dans la fourniture de l’eau potable et dans les infrastructures d’assainissement afin d’empêcher tout retour de l’épidémie de choléra.

 M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie), notant l’instabilité du processus politique en Haïti, a plaidé en faveur de l’organisation d’élections législatives et municipales cette année.  Il a exhorté toutes les forces politiques du pays à faire preuve de calme en réglant leurs divergences par le biais des mécanismes existants.  La stabilité ne peut être instaurée que lorsqu’il sera mis fin à la violence et à la criminalité organisée, a-t-il rappelé.  M. Churkin a demandé à la MINUSTAH de redoubler d’efforts, en coopération avec les autorités haïtiennes, pour permettre aux Forces nationales haïtiennes d’assurer elles-mêmes la sécurité du pays.

 M. Churkin a invité les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies à participer activement à la reconstruction du pays et à améliorer la coordination des donateurs.  Il s’est inquiété du nombre encore élevé de cas de choléra, tout en se félicitant des mesures fortes prises par le Secrétaire général pour y remédier.  En ce qui concerne les tâches de la MINUSTAH, il a appuyé la proposition du Secrétaire général de se concentrer sur une série de domaines où des résultats pourraient être atteints dans les quatre années à venir.  Il a toutefois relevé le caractère très ambitieux de certains objectifs qui, a-t-il insisté, devront être examinés très attentivement par les membres du Conseil.  La communauté internationale, en particulier les Nations Unies, a un rôle très important à jouer pour renforcer la paix dans le pays et contribuer à régler les problèmes humanitaires, a-t-il dit en conclusion.

 M. FRITZNER GASPARD (Haïti) a rappelé les grands axes stratégiques et les objectifs de l’action gouvernementale haïtienne.  Sur le plan humanitaire, a-t-il dit, il s’agit de faire face aux problèmes d’urgence, dont notamment la situation dans laquelle sont les sans-abris depuis le tremblement de terre.  Un nombre de 1 178 000 déplacés ont été relogés, ce qui représente 77% des sans-abris par rapport aux chiffres initiaux.  Dans la lutte contre le choléra, la létalité de l’épidémie a diminué, passant de 5,3% en 2012 à 1,2% à la fin de l’année 2012.  Il est important aussi de lancer les grands chantiers de la reconstruction fondés sur les six grands domaines prioritaires, qui sont ceux de l’éducation, de l’emploi, de l’état de droit, ainsi que l’environnement, l’énergie et la situation de l’enfance.  En matière d’éducation, un million d’enfants ont été inscrits dans les écoles.  Au plan économique, les mesures prises ont permis de stabiliser la situation macroéconomique, d’attirer les investisseurs étrangers et de lutter contre le chômage.  Ainsi, le Parc industriel de Caracol, situé dans le nord du pays, qui est l’un des plus grands parcs industriels des Caraïbes, a été inauguré.  Il pourra générer dans un premier temps 20 000 emplois directs et jusqu’à 60 000 emplois indirects, a indiqué M. Gaspar.

 Dans le domaine de l’état de droit, le Gouvernement Martelly/Lamothe a mis sur pied le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et pourvu les postes qui étaient vacants à la Cour de Cassation.  D’autres mesures comme la formation du personnel judiciaire, l’augmentation des centres pénitentiaires, la lutte contre la détention préventive prolongée, ou l’augmentation du nombre de tribunaux de paix ont été prises.  En ce qui concerne la réforme de l’État, le Gouvernement a entrepris de réformer l’administration publique à travers le Programme-cadre de réforme de l’État lancé en octobre 2012, et qui s’étendra sur cinq ans.  En matière de lutte contre la corruption, près de 200 fonctionnaires impliqués dans des détournements de fonds destinés au programme de scolarisation universel ont été arrêtés et traduits devant la justice.  Sur le plan politique, M. Gaspar a déclaré que sa délégation prend acte des préoccupations exprimées à propos du retard enregistré dans l’exécution du calendrier électoral lié à l’organisation des élections législatives partielles, municipales et locales.  La délégation réaffirme, dans le même temps, la volonté du Gouvernement d’œuvrer à la tenue de ces scrutins, dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions d’honnêteté et de transparence, et dans le strict respect des normes démocratiques.

 Au plan sécuritaire, globalement la situation s’est considérablement améliorée grâce aux efforts de la Police nationale haïtienne, appuyée par la MINUSTAH, s’est réjoui le représentant.  Haïti a enregistré en 2012, 8 homicides pour 100 000 habitants, un taux qui est nettement inférieur, par rapport à celui prévalant dans d’autres pays de la région, qui est de 25 pour 100 000 habitants, a indiqué M. Gaspar.  Il en a voulu pour preuve le succès éclatant du vingt et unième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM, tenu en février dernier à Port-au-Prince.  Ainsi, le plan de développement de la Police nationale pour la période 2012-2016 prévoit une augmentation progressive de 10 000 à 15 000 policiers en 2016.  Sur le plan social, de nombreux défis restent à relever.  Le premier concerne la question du financement des programmes et des projets de reconstruction et de développement.  Le deuxième défi concerne quant à lui la vulnérabilité d’Haïti aux catastrophes naturelles.  Sans une meilleure prise en compte de cette problématique, les tâches de reconstruction ne pourront pas être adéquatement adressées, a averti M. Gaspar.  Avant de conclure, il a lancé un appel aux donateurs, leur demandant de maintenir intacte leur générosité et leur compréhension à l’endroit d’Haïti afin de contribuer dans la durée à l’œuvre de reconstruction de la nation.

 Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a affirmé que son pays soutenait le plan de consolidation de la MINUSTAH, en estimant que les tâches réalisées aujourd’hui par la MINUSTAH devraient être graduellement transférées aux autorités haïtiennes, tant que le permet le développement des capacités nationales.  De même, le Brésil appuie la notion selon laquelle le niveau des troupes devrait être ajusté au fur et à mesure que la MINUSTAH se prépare à se désengager progressivement.

Pour Mme Ribeiro Viotti, la force motrice derrière la réduction de la présence des Nations Unies en Haïti ne doit pas être fondée sur des considérations financières, la situation sur le terrain et l’évaluation de la capacité du Gouvernement haïtien à assumer ses responsabilités devant constituer les éléments décisifs pour déterminer le niveau et la nature de la présence future des Nations Unies en Haïti.

 La déléguée brésilienne a ajouté que les Haïtiens devraient s’approprier le plan de consolidation en tant que plateforme pour le développement des capacités essentielles, celui-ci devant constituer un véritable partenariat autour d’objectifs clefs.  Mme Ribeiro Viotti a en outre considéré que l’engagement de la communauté internationale demeurait essentiel au développement, de manière intégrée, des capacités critiques dans les secteurs essentiels.  La croissance économique assortie de la création d’emplois et de l’inclusion sociale est une dimension absolument vitale de la stabilité d’Haïti, la première des priorités, qui doit continuer à guider l’approche internationale de la situation dans le pays, a-t-elle déclaré.

 Au nom du Groupe des Amis d’Haïti (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, France, Guatemala, Pérou, États-Unis et Uruguay), M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a exhorté tous les acteurs politiques haïtiens à approfondir le dialogue et la coopération pour la consolidation démocratique du pays.  Il a souligné l’importance qu’il y a de garantir, avec l’assistance de la MINUSTAH, la tenue d’élections législatives partielles, municipales et locales justes et transparentes.  Il a ajouté que ces élections constitueront un pas essentiel pour la stabilité durable, le relèvement et le développement d’Haïti.  M. Cancela a noté que conformément à la résolution 2070 (2012) du Conseil de sécurité, les composantes militaire et de police de la MINUSTAH ont réduit leurs effectifs au cours de la période considérée dans le rapport du Secrétaire général, tout en se félicitant que cette réduction n’ait pas entamé la sécurité et la stabilité d’Haïti.  M. Cancela a salué la soumission au Conseil d’une version concise du plan de consolidation 2013-2016 de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, et l’objectif de voir les autorités haïtiennes assumer graduellement leurs responsabilités fondamentales.  Il a indiqué qu’il est important que le Gouvernement haïtien s’engage à promouvoir un état de droit et fasse des progrès dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité.  Il a réaffirmé l’engagement du Groupe des Amis d’Haïti à faire respecter la politique de tolérance zéro, s’agissant des abus sexuels.  Le représentant a mis l’accent sur l’interconnexion entre la sécurité, le développement et la stabilité et a souligné l’urgence de s’attaquer au chômage et à la mise en place des services sociaux de base.

 M. OCTAVIO ERRÁZURUZ (Chili) a souligné les différents progrès accomplis par Haïti, comme la ratification de la composition du nouveau Gouvernement et la création du Conseil supérieur de la justice, ainsi que l’adoption du plan de développement stratégique d’Haïti et de celui relatif au renforcement de la Police nationale haïtienne.  Il faut cependant parvenir à engager un dialogue politique entre les différentes branches de pouvoir de l’État, a-t-il observé.  Il a exhorté les autorités haïtiennes à adopter des mesures propices à l’obtention de ce consensus, notamment en organisant des élections libres et justes.  Il a appelé à cet égard à la création du Conseil électoral.  M. Errázuriz a ensuite salué le plan de consolidation de la MINUSTAH, et s’est dit favorable à la définition d’objectifs concrets dans les domaines identifiés comme les plus essentiels.  Il a aussi appuyé l’examen stratégique qui découlera de ce plan.

 Le représentant a averti que toute coupe dans le budget de la MINUSTAH doit se baser sur des constatations faites sur le terrain.  À cet égard, il a souligné l’importance des projets à effet rapide et des projets de proximité en ce qui concerne la réduction de la violence.  Il a par ailleurs apprécié les efforts menés par l’ONU pour lutter contre le choléra.  En ce qui concerne la Police nationale haïtienne, il a espéré qu’elle allait être consolidée, grâce au recrutement et à la formation de nouveaux agents sur une base annuelle.  Cela suppose des efforts non seulement de la part du Gouvernement mais aussi de la communauté internationale, a-t-il indiqué.  Enfin, il a appelé les autorités d’Haïti à jeter les bases du développement en attirant les investissements.  Le Chili poursuivra sa coopération avec Haïti selon le principe de l’appropriation nationale, a-t-il ajouté.

 M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a estimé que la faiblesse institutionnelle d’Haïti n’avait pas permis à ce jour au pays d’atteindre les niveaux souhaitables de mise en œuvre des programmes de reconstruction.  Le représentant a lancé un appel à tous les acteurs politiques haïtiens pour qu’ils assument leurs responsabilités et œuvrent en vue de parvenir à un fonctionnement harmonieux et prévisible des institutions.

 M. González de Linares Palou a mis l’accent sur la nécessaire tenue d’élections en 2013.  Pour le représentant espagnol, des institutions politiques fortes permettraient de progresser sur la voie de la reconstruction de façon plus efficace qu’auparavant et rendraient Haïti capable de poursuivre sa transformation en vue de devenir un pays sûr, stable, et où règne la justice sociale.

 M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a regretté qu’un climat politique tendu, le manque de coopération et une tendance vers une confrontation politique continuent de faire obstacle aux réformes.  Il est particulièrement préoccupant que les différentes parties impliquées n’aient pas encore réussi à trouver un accord sur la mise en place du Conseil électoral, ce qui a empêché de fixer la date des prochaines élections, a-t-il ajouté.  M. Mayr-Harting a fait siennes les réserves faites dans le rapport du Secrétaire général sur le peu de progrès réalisés dans de nombreux domaines.  Il a regretté le recul dans le secteur de la justice, les nominations arbitraires dans plusieurs secteurs clefs de l’Administration de l’État, les évictions forcées des personnes déplacées vivant encore dans des camps ou la persistance d’un climat d’impunité.  Dans l’ensemble, ces constatations se traduisent par un bilan assez mitigé sur l’amélioration de la gouvernance, alors que le Président Martelly a fait de l’avancement de l’état de droit une des priorités de sa présidence, a insisté M. Mayr-Harting.

 L’Union européenne, a-t-il assuré, continuera, dans le cadre de son dialogue politique avec Haïti, de rappeler à tous les acteurs concernés l’urgence d’adopter une approche plus inclusive dans les relations institutionnelles et d’œuvrer pour arriver à un consensus national sur un nombre limité mais réaliste de réformes politiques, économiques et sociales sur lesquelles avancer en coopération avec les partenaires internationaux.  En outre, elle apportera sa contribution pour prendre la relève dans le soutien des tâches qui ne feraient plus partie du mandat de la MINUSTAH, ainsi que pour accompagner le transfert progressif des compétences mandatées par la MINUSTAH aux autorités haïtiennes.  Avant de conclure, il a rappelé le soutien de l’Union européenne au programme de réformes de l’Administration de l’État qui devrait faciliter ce transfert.

 Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a déclaré que sa délégation, tout en appuyant les domaines prioritaires proposés pour le plan de consolidation de la MINUSTAH, est préoccupée par le fait qu’on laisse de côté des activités fructueuses, comme les projets à effet rapide.  Ces projets, a-t-elle rappelé, ont permis de répondre à des besoins dans le domaine humanitaire.  La MINUSTAH ne peut se détourner de domaines clefs comme l’éducation, l’alimentation et l’agriculture, a estimé la représentante.  C’est pourquoi, elle a lancé un appel aux différents acteurs de l’ONU afin qu’ils poursuivent leur coopération avec Haïti.  La représentante s’est par ailleurs félicitée de la désignation du Conseil électoral transitoire.

 Il est important également de renforcer les capacités de la Police nationale haïtienne pour qu’elle puisse couvrir tout le territoire et lutter efficacement contre la criminalité, a souligné la représentante.  Le Conseil des droits de l’homme a fait le bilan de la situation dans le pays, a-t-elle dit, en notant que le Gouvernement s’était engagé à améliorer les conditions de vie des citoyens.  Le Mexique, a-t-elle assuré, appuie les efforts de la MINUSTAH visant à renforcer les institutions nationales.  La reconfiguration éventuelle du mandat de la MINUSTAH doit tenir compte des positions exprimées par les pays fournisseurs de contingents et de police, ainsi que des membres de la communauté internationale engagés en faveur de la stabilité et du développement d’Haïti.

 M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a dénoncé l’impasse persistante dans laquelle se trouve l’organisation des élections sénatoriales et municipales en Haïti, ce qui soulève de sérieuses questions sur les institutions démocratiques haïtiennes.  En encourageant la création d’un conseil électoral légitime et crédible qui pourrait organiser ces élections, les dirigeants haïtiens ont l’occasion de réaffirmer leur engagement et de démontrer le respect dû aux principes de la démocratie, a-t-il poursuivi.  Si des élections n’ont pas lieu en 2013, il sera de plus en plus difficile pour la communauté internationale d’accepter les excuses avancées par les autorités d’Haïti et les retards.  Ces élections doivent avoir lieu en 2013, le plus tôt possible, a insisté le représentant.

 Depuis 2006, le Canada a fournit à Haïti une aide financière de plus d’un milliard de dollars et a contribué à la mise en œuvre des priorités haïtiennes, dont la stimulation de la croissance économique ainsi que la promotion de la sécurité alimentaire et de la santé maternelle et infantile.  Depuis février 2012, le Canada a aidé plus de 5 500 familles haïtiennes sans abri à quitter le camp du Champ-de-Mars et à emménager dans des logements sécurisés.  Le Gouvernement du Canada a récemment effectué plusieurs visites de haut niveau en Haïti.  Pendant leur visite, les ministres canadiens ont réaffirmé la détermination du Canada à appuyer le Gouvernement d’Haïti dans sa volonté de coordonner les efforts déployés par les organisations non gouvernementales, les donateurs et les partenaires présents à l’heure actuelle dans le pays.  Le Canada effectue actuellement une réévaluation de son engagement à long terme en Haïti, a indiqué M. Rishchynski.  Il a aussi indiqué que si le Gouvernement d’Haïti se montre au commerce, le Canada saluera cette ouverture, et il a souligné que l’optimisation de cette option et la réalisation de résultats concrets nécessiteront une série de mesures, notamment la mise en place d’un état de droit qui favorisera non seulement la confiance des investisseurs mais aussi le renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises haïtiennes.

 M. JUN YAMAZAKI (Japon) a noté qu’Haïti continuait à faire face à de sérieux défis en ce qui concerne l’amélioration de ses infrastructures de base comme les routes, l’électricité, l’accès à l’eau potable, sans oublier les services sociaux, dont l’éducation et la santé.  Il a salué la réaction de la communauté internationale aux conséquences de l’ouragan Sandy en précisant que le Japon a offert à Haïti un soutien de 1,2 million de dollars à cet effet.  Il a rappelé que 10 millions de mètres cubes de débris ont été retirés depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010 et que le nombre de personnes déplacées avait été réduit de 75%.  Il a estimé qu’Haïti avait fait de remarquables efforts de reconstruction, et a indiqué que le Japon y avait contribué à hauteur de 100 millions de dollars, ce qui dépasse le montant de son engagement initial.  Il a précisé que le Japon a retiré d’Haïti ses compagnies de génie d’ici en décembre 2012, tout en précisant que plus de 2 200 Japonais ont servi à Haïti depuis 2010.  Il a précisé que la Mission permanente du Japon auprès de l’ONU, en collaboration avec celle du Brésil, partagera l’expérience acquise au sein de la MINUSTAH au cours du séminaire prévu à la Maison de la Société japonaise, à New York, aujourd’hui à 14 H 30.  M. Yamazaki a précisé que ce séminaire mettra l’accent sur le rôle critique et croissant des compagnies de génie faisant partie des contingents de Casques bleus.  Il a assuré que le Japon continuera à soutenir Haïti après le retrait de ses unités de génie, en appuyant notamment la restauration des infrastructures et des services sociaux de base, dont ceux de la santé, de l’hygiène et de l’éducation.  Le représentant a ajouté que le Japon venait de décider de consacrer 5,7 millions de dollars à l’aide alimentaire et 1,6 million au renforcement des institutions gouvernementales en Haïti.

 M. AUGUSTO THORNBERRY (Pérou) a dit que le Pérou reste convaincu qu’il ne peut y avoir de développement socioéconomique durable en l’absence d’institutions solides pouvant soutenir ce développement.  Les travaux que mène la MINUSTAH en Haïti restent essentiels, car ils donnent aux autorités le soutien et la sécurité dont elles ont besoin, conformément aux priorités nationales qui ont été fixées.

 Les activités de la MINUSTAH ont été essentielles pour l’accomplissement de progrès dans le domaine du renforcement des institutions et de l’état de droit en Haïti, a-t-il dit.  M. Thornberry a également mis l’accent sur la nécessaire tenue d’élections qui aient lieu en toute transparence et de façon démocratique et crédible.  Il a en outre insisté sur l’importance de renforcer la coordination entre la MINUSTAH et les différentes agences et fonds des Nations Unies sur le terrain.

 Répondant aux interventions des délégations, le Représentant spécial par intérim du Secrétaire général pour la MINUSTAH a reconnu la nécessité de prévoir la mise en place des conditions nécessaires à la bonne organisation des futures élections législatives et locales.  Il a noté que les délégations ont insisté sur la fragilité politique d’Haïti et sur la nécessité d’y parvenir à un dialogue politique inclusif.  Les délégations ont aussi mis l’accent sur l’importance du renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne et sur la réponse à apporter à la situation humanitaire.  Le Représentant spécial a également noté que la question de la violence sexuelle avait plusieurs fois été évoquée et restait un défi à relever en Haïti.  En ce qui concerne le professionnalisme de la Police nationale, il a reconnu que le recrutement avait été très lent en 2012.  Il a cependant indiqué qu’une formation serait dispensée à 150 cadets de la police au mois d’avril.  Nous examinons aussi nos structures pour garantir le recrutement d’une palette de personnes compétentes qui pourra dispenser la formation nécessaire aux recrues haïtiennes et assurer un suivi de leur formation lorsqu’elles seront déployées sur le terrain.  Réagissant aux commentaires qui ont été faits concernant la consolidation des progrès accomplis, il a noté qu’une délégation a estimé que ce n’est pas le budget qui doit déterminer l’ampleur du mandat de la MINUSTAH.  Nous allons étudier ces questions en détail, a-t-il dit.  Certains intervenants ont estimé que le plan prévu en Haïti est ambitieux, a dit le Représentant spécial.  Il a rappelé que ce plan a été conçu en concertation avec le Gouvernement d’Haïti et ne sera révisé qu’en accord avec lui.


Crédit : Conseil Sécurité-ONU

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