Claude Dambreville |
Soiméus Philistin, un homme d'une trentaine d'années, qui
travaillait autrefois en qualité de vendeur dans une grande boulangerie de
Port-au-Prince, appartient depuis peu au Service de Sécurité de la Direction
Générale des Impôts. Il arbore un splendide uniforme composé d'un pantalon
marron foncé à liserés dorés, et d'une chemise beige ornée d'épaulettes orange.
Ne pouvant se chausser normalement, à cause d'une
douloureuse ampoule (zoboy) au talon droit, Soiméus a glissé son pied droit
dans une pantoufle de toile, tandis qu'il porte au pied gauche valide son
magnifique soulier noir lustré de tous les jours, ce qui lui occasionne un
malencontreux boitillement..
Cette étrange façon de faire, en cas d'un bobo quelconque à
l'un des pieds, est commune à pas mal de nos concitoyens qui, pour rien au
monde, ne consentiraient jamais à se montrer dans les rues, chaussés d'une
paire de pantoufles. Pourtant, avec une chaussure de sortie et une pantoufle,
ils se sentent nettement mieux, quitte à boiter légèrement pendant quelques
jours.
Au nombre de ces inepties que j'ai d'ailleurs commises, moi
aussi, pendant mon jeune âge, figure la pratique idiote consistant à
transformer un mouchoir de poche en béret, pour se protéger prétendument de la
pluie. Dès les premières gouttes de pluie, ceux qui n'ont pas perdu l'habitude
de toujours se munir d'un mouchoir, sortent bien vite de leur poche ce petit
carré de tissu, et, imbécilement, font un nœud à chacun de ses quatre coins,
réalisant ainsi un bonnet des plus stupides.
N'étant pas imperméable, cette inélégante coiffure ne sert
absolument à rien, sinon qu'à conférer une tête superlativement ridicule à ceux
qui, machinalement, la portent tout bêtement.
Crédit : Claude Dambreville
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