vendredi 29 janvier 2016

Québec/Diasporama: Lettre de Montréal -22…Le Vaudou, la Religion, la Culture des Haitiens !?

ntréal, 2 juillet 2013


Nadine Magloire
Le Musée de la Civilisation du Canada présente une grande exposition d’objets du culte vaudou. A cette occasion j’ai lu que tous les Haïtiens sont vaudouisants. Ce sont certains intellectuels qui proclament que le vaudou est la culture haïtienne. Ils n’ont rien trouvé de mieux avec le créole, une langue bâtarde qui ne peut guère exprimer le monde moderne sans le recours au français. Quant à son orthographe, chacun fait à sa guise, avec beaucoup de fantaisie.
Cette affirmation (tous les Haïtiens sont vaudouisants)  ne repose sur rien. Je n’ai connu personne en Haïti qui l’était. À Montréal non plus. Par contre, j’ai dans mon entourage des personnes trop « religieuses » à mon goût qui pratiquent volontiers la retraite et les pèlerinages.Il semble que les pèlerins haïtiens sont fort nombreux.
J’ai déjà écrit au sujet du vaudou que la radio de Radio Canada s’obstinait à présenter comme la culture des Haïtiens. On nous avait même fait entendre une soi-disant cérémonie de vaudou qui avait eu lieu dans le salon d’une dame dont j’ai oublié le nom. J’ai fait quelques recherches sur le web. J’ai découvert une certaine Rolanda Delerme qui s’est proclamée prêtresse et officie à Pierrefonds. « Le vaudou est incompatible avec toute forme de mal », dit cette « mambo » (les prêtres, eux, sont des « hougans » ) Rolanda Delerme s’est sans doute fabriquée son propre vaudou. Les personnes qui ne pratiquent pas le vaudou ont très peur de ce culte parce que justement ses adhérents recourent souvent au « pouvoir » du hougan pour faire du mal à leurs ennemis. Ce culte ne m’a jamais fait peur parce que je ne crois pas à l’existence des « lwas », les esprits que les vaudouisants invoquent. Je sais qu’ils existent des poisons qu’on peut utiliser. Mambo ou hougan n’a aucun pouvoir pour agir de loin. C’est de la frime! Mais les gens sont crédules. Je ne crois pas davantage aux miracles. 

Les intellectuels haïtiens donnent une grande importance au livre de Jean Price Mars: AINSI PARLA L’ONCLE (1928). Ce médecin et ethnologue voulait faire apprécier le ‘folklore » haïtien. Alain Anselin, égyptologue, commentant cet ouvrage écrit: »Jean Price Mars avait d’ailleurs mis en garde contre les dangers d’emprunter les oripaux du maître pour habiller sa propre liberté, déplorant, il y a trois quart de siècle déjà, que « les révolutionnaires en mal de cohésion nationale » aient « copié le seul modèle qui s’offrit à leur intelligence », celui des maîtres enfin vaincus en une « démarche singulièrement dangereuse », fondée « sur la faculté que s’attribue une société de se concevoir autre qu’elle est ». Jean Price Mars a publié sous le titre AINSI PARLA L’ONCLE des conférences qu’il faisait à une époque où les Américains occupaient Haïti (1915-1933). Il fallait fouetter la fierté des Haïtiens. Pendant mon adolescence (1945-1950) J’ai vécu dans l’intimité de Price Mars, ma mère étant très liée à sa femme, Clara. Nos maisons étaient très proches. A l’époque je ne connaissais même pas l’existence de son livre AINSI PARLA L’ONCLE. Vous remarquerez que je ne mets pas de trait d’union entre Price et Mars, comme on le fait maintenant Price-Mars. Price était son prénom et c’est ainsi que sa femme l’appelait. C’était alors un septuagénaire. Un homme de manière très raffinée, d’une grande culture et je crois me souvenir, athée. Je doute fort qu’il souhaitait que ses compatriotes se contentent d’une culture réduite au vaudou (sa femme et sa fille pratiquaient la religion catholique), au créole, au folklore, contes et légendes.
Crédit: Nadine Magloire

Aucun commentaire: