dimanche 31 janvier 2016

Améliorer la situation des soldats uruguayens au détriment des haïtiens.



Un contingent de 250 soldats a laissé l’Uruguay, ce samedi 30 janvier 2016, à destination de
Credit-Photo: TeleDoce Uruguay
Port-au-Prince,’Haïti, afin de participer à une "mission de paix" et va s’ajouter au Bataillon Péruvien déjà sur place, comprenant 
170 militaires, avec qui, il devra opérer ensemble dans certaines parties de l’île.
Pour beaucoup, l’intérêt de cet envoi, c’est la reconnaissance, la participation en la mission de paix tous les jours, en fonction de la conjoncture sociopolitique actuelle qui prévaut en Haiti. 

Pour d’autres, c'est pour une raison économique, pour améliorer la situation financière précaire de ces soldats, au détriment de la population haïtienne. “Donc, nous pourrions faire la construction de nos maisons. Avec le même nombre de mois de salaire en Uruguay, nous ne pouvons pas les faire “, a déclaré Belkis Garcia, soldat de ce contingent, qui a quitté deux enfants de huit à dix-neuf ans. “Ils  (les enfants) vont s'accommoder tout comme nous à leur nouvelle situation, en mon absence.” a-t-il dit.

Enfin, bref, dans ce cas -ci, on peut citer 2 proverbes haïtiens qui tombent à (♥) pic : "Se sot ki bay, enbesil ki pa pran". "Tout sa'k pa bon pou youn li bon pou yon lot"

Credit: DiasporamaHaiti avec TeleDoce

vendredi 29 janvier 2016

Haïti/Québec/Diasporama: Lettre de Montréal – 29, Mireille Sylvain-David au président Obama.


nadinemagloire34-200x180Aucune grande puissance ne peut sauver Haïti. Seuls les Haïtiens le peuvent. C’est à chaque Haïtien de contribuer à sortir le pays du trou. Pourquoi la France, les Etats-Unis, le Canada ou tout autre pays devraient se soucier d’Haïti? Il faut cesser de vivre sur les hauts faits des héros du passé. Qu’ils ont lutté pour se libérer de l’esclavage et obtenir un pays bien à eux, un pays indépendant, ne nous donne droit à rien de la part des grandes puissances. S’ils se sont battus, au cri de  »Liberté ou la mort », en quoi son écho vous donne des droits?
Quand donc les Haïtiens cesseront d’attendre un sauveur venu d’ailleurs? Je me rappelle qu’avant que Fidel Castro ne se tourne vers le communisme, les Haïtiens anti-duvaliéristes comptaient sur Fidel Castro pour les délivrer de leur dictateur. Je venais de rentrer de Paris où j’avais séjourné pendant trois ans et demi, sans rien savoir de ce qui se passait au pays et à Cuba. Je n’y comprenais rien! C’était en 1959. Cela fait 57 ans. Les Haïtiens attendent toujours que le salut leur viennent de l’extérieur. Ils fulminent contre les grandes puissances et en même temps ils attendent tous de ces pays.
Ce qui vous manque, chers compatriotes, c’est un peu de fierté, beaucoup de solidarité et la résolution de vous attelez à la tache. Chacun de vous, dans votre propre domaine, vous pouvez contribuer à sortir le pays du trou où il git depuis… hélas, on peut dire depuis toujours.  Tout de suite après l’indépendance, nos héros se sont battus pour le pouvoir. Cela n’a jamais cessé. Et même, n’importe quel quidam haïtien veut être au pouvoir pour s’enrichir facilement et être un  »Grand Nègre ».Pauvre Haïti.
Jusques à quand?
Crédit : Nadine Magloire

Haïti/Québec/Diasporama: Lettre de Montréal – 28, Littérature haïtienne – 1980-2015.

Quelqu’un m’a apporté d’Haïti cette littérature haïtienne d’Yves . Après avoir lu AUTOPSIE IN VIVO que je lui avais envoyé à Paris, il m’avait écrit:
     »j’ai terminé hier soir la lecture de Autopsie in vivo, et je lui consacre ma chronique de demain soir à l’émission Des Goûts et des Couleurs, sur Radio Notre-Dame, qu’il est possible de podcaster ici :http://radionotredame.net/podcast/desgoutsetdescouleurs.xml
 J’ai aimé votre roman, qui est à la fois complexe et subtil. La mise à nu des mouvements désordonnés de l’intime ainsi que la façon dont Annie se tient à une distance apaisée et parfois presque ironique de ses émotions, me paraissent évoquer une dimension peu commune dans les lettres haïtiennes. Mais c’est là aussi que beaucoup se joue : la distance est aussi celle prise avec le pays,  avec cette façon de faire obstacle à ce qui pourrait changer, vers le mieux. Avoir mis en avant les rapports entre les hommes et les femmes, ou plutôt les déficits dans ces rapports qui manquent à faire relation, est à mon sens très juste. On voit clairement se dessiner un paysage de l’incertain, une géographie humaine de l’indistinct et des égoïsmes. 
Votre style rend avec beaucoup de justesse le désespoir qui prend place au milieu de ces solitudes et de cette attente. »
     Ce qui avait été pour moi un  »réconfort » ainsi que les mots de Joëlle Vitiello, Marie-Claire Blais et Gilles Archambeault, les seules  »reconnaissances » que j’ai eues, importantes pour moi, mais qui n’ont pas été publiques.
    Voici la conclusion de cet ouvrage littéraire:  » Et tous les autres?  Bien sûr, on reprochera à l’auteur ses manques, comme ses partis pris. On aurait dû consacrer des chapitres à des auteurs aussi dignes et importants que Michèle Voltaire Marcellin, Nadine Magloire, Jan J. Dominique, Edwidge Dandicat, Stanley Péan, Alix Renaud, Robert-berrouët-Oriol, Jean-Robert Léonidas, Verly Darbel, Henry Kénol, Jessica Fièvre et bien d’autres. Qu’on y voit ici nulle réticence, nul refus de considérer que leurs écrits ne soient dignes de figurer dans une proposition de guide de lecture. Leur absence n’a qu’une double (et pauvre) raison: La taille de l’ouvrage d’abord; le temps laissé à sa rédaction ». Pauvre excuse, en effet. Vous me décevez M. Chemla.
    Pourquoi avoir intitulé  »votre essai » LITTÉRATURE HAITIENNE?  A qui s’adresse t-il? Aux étudiants? Il ne donne qu’une vue parcellaire, tronquée de notre littérature. Et vous n’êtes pas du tout convaincant dans l’explication de vos choix.  »Une première partie reviendra sur les écrivains des années 1960-1980 et présentera la toile de fonds des activités littéraires, tandis qu’au devant de la scène, le régime instauré par la famille Duvalier paralysait les langues et les possibles. On présentera dix-neuf écrivains, avant de consacrer une très rapide conclusion aux plume nouvelles? » Très rapide conclusion en effet. Nadine Magloire parmi les  »plumes nouvelles » dont ne fait que citer le nom en s’excusant de les avoir négligés? Pierre-Michel Simonin, philosophe Université Paris Descartes (De quoi se mêle t-il celui là?) nous avertit:  »Bien sûr des critiques atrabilaires pointeront des manques, les esprits ronchons, des inexatitudes… »
     Je ne sais ce que pensent les autres écrivains  »négligés ». Quant  à moi, sans être atrabilaire et ronchon, je vais vous rappeler certains faits que vous ignorez ou que vous avez préféré négliger.
Vous parlez de Franétienne, bien sûr, c’est une  »célébrité » maintenant. Vous accordez une bonne place à son premier roman MUR A CREVER. Il avait paru à la même époque que LE MAL DE VIVRE de Nadine Magloire. Celui-ci avait  »éclaté comme une bombe ». Frankétienne dont j’ignorais complètement l’existence était venu humblement m’apporter son roman alors que je travaillais à la bibliothèque de l’Institut Français. Je l’avais trouvé bien prétentieux avec sa théorie du  »spiralisme ».
Roger Gaillard avec écrit un article concernant la  »bombe ». On m’avait trouvé culottée car j’avais fait le lancement au très exclusif cercle Bellevue (que je ne fréquentais jamais, mais mon grand-père, Raphaël Brouard avait été un membre fondateur, on ne pourrait me refuser cela). En même temps, je critiquais dans mon roman les bourgeoises amies de mon héroïne. J’avais même invité l’ambassadeur d’Espagne alors que je me moquais un peu d’un déjeuné dans une ambassade. D’autre part, pour la première fois un écrivain parlait de sexe crûment et c’était une femme. Dans Ile en Ile qui présente les écrivains haïtiens, Joëlle Vittiello dit de Nadine Magloire::
     »En 1967, Nadine Magloire publie sans doute le premier livre féministe haïtien, Le mal de vivre (republié avec quelques modifications en 1968), qui dresse un portrait au scalpel des rapports de genre en Haïti. Audacieux, le livre, à l’avant-garde des mouvements féministes internationaux, ose parler de sexualité à partir d’une perspective féminine et fait scandale.  En 1975, l’auteure signe un deuxième roman, Autopsie in vivo: le sexe mythique. À nouveau, les mécanismes sociaux et les inégalités sexuelles sont représentés à travers des personnages qui démasquent non seulement la bourgeoisie haïtienne, mais aussi les milieux intellectuels, milieux familiers, puisqu’elle publie (de mars 1978 à mars 1979) un magazine culturel, Le fil d’Ariane. En 1975, proclamée l’année de la femme, l’auteure organise une exposition de femmes peintres à l’Institut Français de Port-au-Prince. »
    En 1975 il y a eu LE SEXE MYTHIQUE. En 2009, à Montréal, AUTOPSIE IN VIVO et en 2010, AUTOPSIE IN VIVO – LA SUITE. Tous ces livres  étaient féministes et une peinture de la société haïtienne. Le deuxième s’adressait particulièrement aux étudiants haïtiens. Mais j’ai l’habitude d’être rejeté par la gente littéraire haïtienne en Haïti et à Montréal. Je ne suis pas  »conforme ». Me voici maintenant dans le même lot que Berrourët-Oriol, cet intellectuel retors, sournois, qui pratique l’attaque dans le dos, trop lâche pour agir à visage découvert et Stanley Péan qui dans son magazine LE LIBRAIRE, consacré aux livres, n’avait même pas mentionné la sortie d’AUTOPSIE IN VIVO. Vous le saviez. J’aurais pu croire que vous auriez pris la peine de rendre justice à la romancière Nadine Magloire. Mais, votre livre venant d’Haïti, je n’y croyais pas vraiment.
    La symphonie concertante de ma mère, Carmen Brouard, BARON LACROIX a été joué par l’orchestre Métropolitain à la Maison Symphonique de Montréal après sa mort. Sans doute, devrai-je attendre la mienne pour que mes romans aient leur juste place. Mais dans quelle littérature, Haïtienne? Québécoise? En attendant, il semble que je suis une romancière apatride.
Crédit : Nadine Magloire

Haïti/Québec/Diasporama: Lettre de Montréal – 27, Portrait d’un intellectuel Haïtien colonisé.

Montréal, 17 janvier 2016
Ma réponse à Fritz Étienne qui m’a envoyé l’article de Umar Timol, écrivain de l’Ile Maurice L’ INTELLECTUEL COLONISÉ
Nadine Magloire
Nadine Magloire
J’en ai marre de ces complexés qui crachent sur la culture des Blancs, colons ou pas. J’aurais été affreusement malheureuse si j’avais dû me contenter du créole du tambour, de la musique compa. Quant au vaudou…Je suis athée. Je n’ai pas la religion du colon, le christianisme, sans doute. Je suis une intellectuelle colonisée. J’en suis fort aise. Allez danser le compa. Moi, je préfère écouter Richard Wagner, Mahler, Debussy, John Adams, etc. Tous des Blancs.
Et ma mère, la pianiste et compositrice, Carmen Brouard, n’a pas composé de la musique  »nègre » mais de la musique de Blancs. Si vous voulez qu’Haïti reste tel qu’il est dans son trou avec sa musique  »nègre » primitive, son créole, son vaudou, sa misère, sa saleté, sans eau, sans électricité, c’est votre problème. Moi, je suis aussi Haïtienne que les  »noiristes ».
Et je me soucie certainement davantage de l’intérêt du peuple. Je ne suis pas allé dans les universités des Blancs pour acquérir des diplômes et dire aux enfants du peuple: Ces diplômes, ne sont pas pour vous. Vous avez votre culture : le créole, le tambour, le tafia,le clairin, la musique compa et surtout le VAUDOU. C’est ça votre  CULTURE .
Enfoncez-vous ça dans le crâne! Moi, je n’ai pas de complexe à cause de ma couleur. Je me sens l’égal de n’importe quel Blanc et quant à la culture, l’intelligence, l’idéal, au-dessus d’un très grand nombre de Blancs. Je l’ai déjà dit. Tous les humains sont égaux pour moi qu’ils ou qu’elles soient multi-milliardaires, vedettes planétaires, Pape, Président des États-Unis, ou tout ce que vous voulez!
Je suis heureuse d’avoir la culture des colons. Je ne pourrais pas m’en passer.
Qu’attendez vous pour aller vivre parmi les paysans haïtiens, dans leurs cabanes puantes, sans eau, sans électricité, sans livres, en vous déplaçant à dos d’âne et faisant vos besoins dans la nature comme ce pauvre peuple haïtien, bandes de farceurs!
Crédit : Nadine Magloire

Haïti/Québec/Diasporama: Lettre de Montréal – 26, Quand l’histoire se répète !


Jusques à quand les Haïtiens rendront les Blancs responsables de leur débâcle?  Ce sont les Blancs qui leur ont appris à voler et à trahir? Depuis l’indépendance quand y a-t-il eu à la tête du pays un Gouvernement qui se souciait d’autre chose que de profiter de sa position pour s’enrichir et jouer au potentat avec sa famille, ses amis et ses favoris?  Les Haïtiens attendent-ils que les Blancs fassent pleuvoir les dollars comme la manne sur le pays? Attendent-ils qu’ils fassent tomber la pluie sur les terres arides, qu’ils fassent pousser les cultures et les arbres qu’ils n’arrêtent pas de couper?  Qu’ils leur construisent des barrages? Qu’ils fassent jaillir l’électricité, qu’ils fassent couler l’eau des rivières, qu’ils leur donnent l’eau courante, qu’ils leur fournissent des routes, des rues dans les villes qu’ils les nettoient? Qu’ils construisent des urinoirs et des latrines? C’est la faute des Blancs si les élections sont une foutaise? Si les Haïtiens n’ont pas la moindre notion de ce qu’est la démocratie? Si n’importe qui a la prétention d’être Président? Les Blancs sont responsables de tous les malheurs d’Haïti? Pouvez-vous me dire de quoi donc sont responsables les Haïtiens?

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Que veut donc l’auteur de cet article? C’est quoi » les antivaleurs qui ont des impacts négatifs sur l’avenir d’une jeunesse livrée désespérément à elle-même »? Quelles sont les valeurs qui selon lui empêcheraient  »la décote de la gourde et le déclin de la classe moyenne et la nouvelle géographie de la faim à travers toute l’étendu du territoire national ». Les ‘intellectuels’ sont très forts pour les phrases creuses. Les valeurs haïtienne: le vaudou, le créole, le tambour, le compas, le clairin…? Ils vont chercher des diplômes dans les universités des Blancs pour écrire de telles niaiseries?  On pourrait en rire si ce n’était tellement tragique l’état lamentable du pays et du pauvre peuple que j’ai toujours connu misérable, vivant dans des conditions insupportables. Et ces grandes gueules d’intellectuels qui refusent au peuple ce qu’ils ont voulu pour eux et veulent pour leurs enfants?

Crédit: Nadine Magloire

QUAND L’HISTOIRE SE RÉPÈTE

Par Mérès Weche
 
Depuis une centaine d’années, il y a toujours débâcle, quand les Blancs débarquent. L’éminent historien Roger Gaillard avait fait de cette macabre réalité le leitmotiv de ses nombreuses publications sur cette période sombre de notre histoire nationale. Par débâcle, j’entends la déroute en matière sociopolitique, c’est-à-dire une situation catastrophique, en termes de gouvernance et de politique publique, d’une part, et d’autre part, en raison de l’inconséquence des différents acteurs en lice.  Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter à la situation du pays en 1914-1915 où des tensions sociales exacerbées nous valurent dix-neuf ans d’occupation; tout cela parce que d’anciens alliés  politiques, tels que  Oreste Zamor et Davilmar Théodore, s’étaient désolidarisés dans la lutte populaire commune, pour défendre des intérêts personnels, plutôt mesquins, comme par exemple l’accession au pouvoir à titre de président fantoche  sous protectorat américain.
 
En effet, après la démission du président Michel Oreste, le 27 janvier 1914, l’ancien chef des paysans révoltes (Cacos), Oreste Zamor, accéda au pouvoir douze jours plus tard, soit le 08 février suivant.  Si les élections du 27 décembre 2015 avaient eu lieu, en vue d’installer un président au Palais National le 07 février 2016, on aurait là,  cent ans après, et toutes proportions gardées, une curieuse analogie.
 
 
Le révolutionnaire Rosalvo Bobo s’opposa farouchement au gouvernement d’Oreste Zamor, qui renonça à toutes les revendications populaires antérieures, pour se courber au bon vouloir du Blanc, par ambassadeurs interposés. Cependant, la révolte en marche eut raison de lui.  Capturé par les insurgés  et incarcéré au Pénitencier National, il fut assassiné neuf mois plus tard.
 
Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets 
Parlant d’analogie, on compare fort souvent la plupart de nos politiciens à des comédiens, faisant du pays la risée du monde. Le fauteuil présidentiel haïtien, vraie chaise musicale, a fait danser plus d’une cinquantaine de prétendants, au cours des dernières joutes électorales, pour la simple et bonne raison que la fonction de Président n’est plus  l’apanage des plus capables, comme l’entendaient les tenants du parti libéral dont Antênor Firmin, Boyer Bazelais, Boisrond Canal, Edmond Paul, etc.  Même s’il y avait quelques têtes  bien faites dans cette brochette de candidats, beaucoup d’entre eux ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez, et on se demande même, dans notre savoureuse langue créole, « si yo te menm gen nen lan figi yo».  
 
Le distingué Professeur Lesly François Manigat, de regrettée mémoire,  avait utilisé cette imagerie  rocambolesque de la «chaise musicale» pour parler de cette ruée vers la présidence haïtienne. Frédéric Marcelin et Fernand Hibbert, doués d’un génie peu commun, savaient peindre avec un réalisme cru de tels individus. Thémistocle-Épaminondas Labasterre, le personnage le plus haut en couleurs de Marcelin, avait pourtant beaucoup plus de scrupules que ces acheteurs et vendeurs de suffrages.  Que diraient aujourd’hui ces fins analystes de la société haïtienne du XIXe siècle de cette boite de Pandore, ou mieux de ce miroir aux alouettes, qui fait que chez nous le mot «tabulation» rime avec malversation, tribulation, manipulation, machination, au lieu d’«Élection»?
 
 
En dépit du fait que des fraudes aussi flagrantes n’étaient jamais enregistrées dans les annales électorales haïtiennes, les situations politiques présentaient à peu près les mêmes symptômes, du XIXe siècle à nos jours. C’était l’impossibilité pour les partis libéral et national d’arriver à des accords de principe  – compte tenu de la similitude de leurs objectifs – qui empoisonna l’atmosphère politique d’alors. Le parti libéral, dont la devise fut « Le pouvoir aux plus capables», disait œuvrer pour le progrès et le développement du pays, en  le dotant de chantiers industriels, pour une production locale à grande échelle.
 
Pour le parti national, ayant pour slogan « Le plus grand bien au plus grand nombre», il s’agissait de passer par l’agriculture pour conduire le pays vers le développement. Cependant, des guerres fratricides ont eu raison de cette chance unique de dépassement de soi et d’entente historique pour changer le destin du pays.   
 
Pour reprendre une expression très courante dans le jargon politique haïtien:« Plus ça change, plus c’est la même chose». Et le pire c’est que, de jour en jour, c’est la sous-culture importée, charriant des anti-valeurs, qui rime la vie nationale, et cela a des impacts négatifs sur l’avenir d’une jeunesse livrée désespérément à elle-même. Le pays est en constante régression, non seulement avec la décote de la gourde, mais surtout avec le déclin de la classe moyenne et la nouvelle géographie de la faim à travers toute l’étendue du territoire national.
 
 Par : Meres Weche

Haïti/Québec/Diasporama: Lettre de Montréal – 25, A l’intention d’Yves Chemla et de Lilas Desquiron.

 A l’intention d’Yves Chemla et de Lilas Desquiron (réponse à leurs commentaires sur Facebook).

     Vous vous donnez bonne conscience à bon compte concernant les terroristes en France en  manifestant votre approbation de l’article d’un certain Pierre Beckrouche, de la Sorbonne, qui rend responsable: » les insuffisances de la cohésion sociale française et les échecs de l’action publique en direction des couches populaires » . J’avais fait ce commentaire: 
 Excuse trop facile! Il y a des tas d’hommes et de femmes qui ont eu la pire vie depuis leur enfance et ne deviennent pas des tueurs sans pitié.
   Quand je vivais à Paris, il y avait des zones très pauvres, il y avait des jeunes abandonnés à eux-mêmes, il y avait du racisme. Mais pas de femmes voilées. On a laissé les musulmans radicaux pénétrer en France, on a laissé les mosquées envahir le pays. On a permis à l’Arabie Saoudite de déverser son argent. Ce pays se fichent bien du sort des jeunes. Il les achètent pour en faire des jihadistes. On a refusé de voir le danger de ces imams qui endoctrinaient les jeunes. C’est la liberté de religion, en France, n’est-ce pas? L’argent, ce n’est pas tout. S’est-on soucié de donner aux jeune un idéal? Qu’est-ce qu’ils voient? Des individus qui n’ont pour but que de s’enrichir, peu importe comment. Qui respecte- t-on? Les riches et ceux qui ont du pouvoir politique ou autre. Pour qui déroule t-on le tapis rouge? Pour les vedettes, les riches, les potentats, même si ce sont des voleurs  »à cravate ». Il semble que les politiciens n’ont plus aucune morale, aucune fierté.
Au Canada et au Québec, on est en train de commettre la même erreur qu’en France. On refuse d’entendre ceux qui mettent en garde contre le risque d’islamisation, dont Richard Martineau et moi. Depuis 2007, dans mes » lettres engagées », je l’écris. J’ai rappelé Hitler et l’aveuglement des Européens. Résultat: des millions de morts. Accueillir 20 mille réfugiés syriens, être au petit soin pour eux, c’est plus glorieux que de s’occuper des  »itinérants » du pays, des jeunes qui sont sans emploi, sans métier, des gens qui perdent leur emploi,etc…    Notre Gouvernement  permet à des musulmanes complètement voilées de prêter serment pendant la cérémonie de citoyenneté ou de s’occuper de petits enfants.  Nous sommes pourtant au 21e siècle!   Pour notre photos d’assurance maladie, on est très exigeant. Pourquoi donc certaines femmes ont le droit de se cacher le visage? Dans un Canada ou les femmes sont enfin (théoriquement) égales aux hommes, comment peut-on accepter qu’il y ait 2 sortes de femmes? Expliquez-moi. 
   La pauvreté ne justifie pas tout. D’ailleurs beaucoup de nos politiciens véreux ne viennent pas d’un milieu pauvre. Mais on n’apprend plus aux jeunes la simple honnêteté, la fierté d’être un homme ou une femme intègre. C’est le paraître qui compte. La possession d’objets tangibles. Pas la valeur morale. On n’a pas besoin de religion pour être intègre.Il suffit d’avoir du respect pour soi.

Au Québec le droit semble être du côté des criminels. On dirait que les victimes n’en ont pas. Penser que certains Québécois ont pris le parti d’un cynique infanticide qu’on a voulu innocenter sous prétexte qu’il était fou juste en faisant un carnage de ses deux enfants, mais tout de suite après il était sain d’esprit. Donc pas de prison pour lui. Pas l’asile psychiatrique, non plus. Encore heureux qu’il y ait eu un deuxième procès. 

   Si on ne cesse pas de ne considérer les hommes et les femmes que selon leur compte en banque, il y aura toujours des frustrés haineux et des terroristes sans pitié. Sans compter qu’ils sont en plus drogués, semble-t-il!


Crédit: Nadine Magloire

Haïti/Québec/Diasporama: Lettre de Montréal – 24, « Les Blancs ont été eux aussi des sauvages, des barbares ».

Montréal, 20 décembre 2015

Nadine Magloire
Nadine Magloire
Les Européens, les Blancs ont été eux aussi des sauvages, des barbares. On a parlé d’invasions barbares: les Huns, les Philistins, etc. … Ils se sont civilisés. Pourquoi les Amérindiens, les Noirs, eux, ne doivent pas être considérés comme ayant été, disons,  »frustres » et ayant intérêt à évoluer comme les Blancs ont évolué?  Ils ne vivent pas comme dans l’antiquité ou au Moyen-âge. J’aimerais savoir pourquoi les Amérindiens et les Noirs doivent considérer que leurs ancêtres étaient d’une si haute culture qu’ils doivent la continuer?

C’est absurde.

Je considère cela comme une manière de mépris. La culture de tes ancêtres, c’est assez bon pour toi. Tu dois la garder. Les Blancs, eux aussi, ont été des chasseurs. Personne ne dit qu’ils devraient continuer à être des chasseurs et des pêcheurs comme dans la préhistoire. En vertu de quoi les Amérindiens, les Noirs doivent continuer la  »culture » de leurs ancêtres?…

 On ne demande pas aux petits Blancs en France de vivre comme leurs ancêtres gaulois, de penser comme eux, d’adorer leur Dieux etc parce que la civilisation gauloise était valable et qu’on devrait la conserver. Les ancêtres haïtiens ont inventé le créole faute de pouvoir parler français, ils se sont débrouillés comme ils pouvaient, vu qu’ils venaient de tribus différentes et parlaient des langues différentes. A cause de cela il faut considérer le créole comme une vraie langue, langue d’enseignement, de littérature? Alors qu’il ne peut exprimer toutes les réalités actuelles.

Écoutez une émission en créole à Montréal. Il est tellement truffé de français qu’un paysan haïtien ne le comprendrait pas. Ce qui est du folklore pour les Européens doit être déclaré  »culture » pour les Noirs?  Les artistes amérindiens ou  »esquimaux » devront faire, siècle après siècle, ce que leurs ancêtres ont fait? De toutes façons, les autochtones ne s’habillent pas comme leurs ancêtres, ne dorment pas dans des tipis. Certains utilisent le cellulaire, l’ordinateur, les armes des Blancs pas l’arc et les flèches. En fait, c’est de la foutaise quand ils disent vouloir vivre comme leurs ancêtres et réclament leurs terres ancestrales! Les Blancs avaient coutume d’enterrer leurs morts. Maintenant ils sont incinérés et mis dans une urne.

Aucune civilisation n’est immuable.

Email: nadine_magloire@yahoo.ca / canalplushaiti@yahoo.fr

Québec/Haiti/Diasporama/Décès Duvalier: Lettre de Montréal -23, « Quelques vérités à dire ».

Montréal, 9 octobre 2014
Nadine Magloire
Nadine Magloire
Dans les années 80, Marlène Valcin qui, à l’époque, travaillait au Centre Multiethnique, rue Saint-Urbain, me blâmant de ne pas fréquenter la communauté haïtienne, insista beaucoup pour que je me joigne au groupe de femmes qu’elle organisait. J’ai fini par aller à leur première réunion. Quelques jours après, elle m’apprenait que les femmes haïtiennes avaient déclaré qu’elles boycotteraient le groupe si Nadine Magloire en faisait parti.
J’étais, paraît-il, une espionne de Jean-Claude Duvalier. Je lui ai fait remarquer que ne fréquentant pas les Haïtiens comment pouvais-je faire mon boulot d’espionne. Cette personne qui m’avait été présentée par Ghislaine Charlier était devenue une amie. Pourtant elle ne m’avait pas défendue auprès de ses copines. N’étant pas rancunière, je suis restée tout de même son amie. Tout récemment, des décennies après, un certain Hugues rappelait que j’avais été accusée d’être une espionne de JCD en commentaire d’un article concernant la réimpression de mon roman « LE SEXE MYTHIQUE ». Maintenant après bien des crasses qui m’ont été faites par des Haïtiens en Haïti et à Montréal, j’en ai vraiment marre.
J’en ai marre aussi des faux héros haïtiens. Tel Jean Dominique. Je l’ai connu avant qu’il ne devienne une célébrité. Je sais à quoi m’en tenir sur cette personne. C’était un démagogue d’une grande vanité, prêt à tout pour satisfaire ses ambitions. Il est temps qu’on fasse une enquête sérieuse concernant ce personnage qui a été assez habile pour duper bien des Haïtiens et même des étrangers. Pour commencer il faudrait dire comment il a acquis la station Radio Haïti devenue Radio Haïti Inter. Sa veuve s’est beaucoup agitée pour qu’on juge Jean-Claude Duvalier. J’ai quitté Haïti en 1979, je ne sais pas quelles ont été alors ses relations avec le Gouvernement Duvalier.
Bien qu’espionne de JCD, selon certains Haïtiens de Montréal, jusqu’au tremblement de terre de 2010, je m’étais complètement désintéressée de ce qui se passait en Haïti. Fin 1977 ou début 1978, une amie (je dirai son nom si elle consent) m’avait invitée à diner un soir en compagnie de son amoureux, qui n’était pas encore son mari, et de Jean Dominique. Le futur mari de mon hôtesse était un ami très intime de JCD. A ma grande surprise, j’ai entendu Jean Dominique lui confié ce message: « Dites au Président que je suis à sa disposition pour le conseiller ». A l’époque, ce qu’on reproche à Bébé Doc existait déjà. Pourtant Jean Dominique souhaitait servir de près ce « dictateur sanguinaire »!


Crédit : Nadine Magloire

Québec/Diasporama: Lettre de Montréal -22…Le Vaudou, la Religion, la Culture des Haitiens !?

ntréal, 2 juillet 2013


Nadine Magloire
Le Musée de la Civilisation du Canada présente une grande exposition d’objets du culte vaudou. A cette occasion j’ai lu que tous les Haïtiens sont vaudouisants. Ce sont certains intellectuels qui proclament que le vaudou est la culture haïtienne. Ils n’ont rien trouvé de mieux avec le créole, une langue bâtarde qui ne peut guère exprimer le monde moderne sans le recours au français. Quant à son orthographe, chacun fait à sa guise, avec beaucoup de fantaisie.
Cette affirmation (tous les Haïtiens sont vaudouisants)  ne repose sur rien. Je n’ai connu personne en Haïti qui l’était. À Montréal non plus. Par contre, j’ai dans mon entourage des personnes trop « religieuses » à mon goût qui pratiquent volontiers la retraite et les pèlerinages.Il semble que les pèlerins haïtiens sont fort nombreux.
J’ai déjà écrit au sujet du vaudou que la radio de Radio Canada s’obstinait à présenter comme la culture des Haïtiens. On nous avait même fait entendre une soi-disant cérémonie de vaudou qui avait eu lieu dans le salon d’une dame dont j’ai oublié le nom. J’ai fait quelques recherches sur le web. J’ai découvert une certaine Rolanda Delerme qui s’est proclamée prêtresse et officie à Pierrefonds. « Le vaudou est incompatible avec toute forme de mal », dit cette « mambo » (les prêtres, eux, sont des « hougans » ) Rolanda Delerme s’est sans doute fabriquée son propre vaudou. Les personnes qui ne pratiquent pas le vaudou ont très peur de ce culte parce que justement ses adhérents recourent souvent au « pouvoir » du hougan pour faire du mal à leurs ennemis. Ce culte ne m’a jamais fait peur parce que je ne crois pas à l’existence des « lwas », les esprits que les vaudouisants invoquent. Je sais qu’ils existent des poisons qu’on peut utiliser. Mambo ou hougan n’a aucun pouvoir pour agir de loin. C’est de la frime! Mais les gens sont crédules. Je ne crois pas davantage aux miracles. 

Les intellectuels haïtiens donnent une grande importance au livre de Jean Price Mars: AINSI PARLA L’ONCLE (1928). Ce médecin et ethnologue voulait faire apprécier le ‘folklore » haïtien. Alain Anselin, égyptologue, commentant cet ouvrage écrit: »Jean Price Mars avait d’ailleurs mis en garde contre les dangers d’emprunter les oripaux du maître pour habiller sa propre liberté, déplorant, il y a trois quart de siècle déjà, que « les révolutionnaires en mal de cohésion nationale » aient « copié le seul modèle qui s’offrit à leur intelligence », celui des maîtres enfin vaincus en une « démarche singulièrement dangereuse », fondée « sur la faculté que s’attribue une société de se concevoir autre qu’elle est ». Jean Price Mars a publié sous le titre AINSI PARLA L’ONCLE des conférences qu’il faisait à une époque où les Américains occupaient Haïti (1915-1933). Il fallait fouetter la fierté des Haïtiens. Pendant mon adolescence (1945-1950) J’ai vécu dans l’intimité de Price Mars, ma mère étant très liée à sa femme, Clara. Nos maisons étaient très proches. A l’époque je ne connaissais même pas l’existence de son livre AINSI PARLA L’ONCLE. Vous remarquerez que je ne mets pas de trait d’union entre Price et Mars, comme on le fait maintenant Price-Mars. Price était son prénom et c’est ainsi que sa femme l’appelait. C’était alors un septuagénaire. Un homme de manière très raffinée, d’une grande culture et je crois me souvenir, athée. Je doute fort qu’il souhaitait que ses compatriotes se contentent d’une culture réduite au vaudou (sa femme et sa fille pratiquaient la religion catholique), au créole, au folklore, contes et légendes.
Crédit: Nadine Magloire

Québec/Diasporama: Lettre de Montréal -21… A Nathalie Petrowski.

Montréal,  6 octobre 2012

Chère Nathalie,
Nadine Magloire
Nadine Magloire
Je viens de lire sur le web votre article concernant notre nouveau Ministre de  la culture, Maka Kotto, Camerounais d’origine, ancien acteur. Vous savez bien qu’un Gouvernement minoritaire est à la merci de l’opposition qui, en règle générale, considère que son rôle est de s’opposer systématiquement en attendant de reprendre le pouvoir.  Déjà il y a eu une levée de boucliers concernant la promesse de supprimer les 200$ payés annuellement par les Québécois, la taxe santé. 
 Afin de récupérer le milliard perdu pour les finances publiques, le Gouvernement se propose d’augmenter légèrement l’impôt des riches.  Aussitôt, affolement des nantis et menace de quitter le Québec. Des fiscalistes pleins de zèle ont sorti leur calculette et ont déclaré que c’était odieux, impensable! Le ministre de la Culture aura besoin de sous. Croyez vous qu’on va considérer les subventions pour des concerts, des spectacles, les musées…comme prioritaires?  M. Maka Kotto fera ce qu’il peut.
  On reproche toujours aux politiciens de ne pas tenir leurs promesses d’élection. Le nouveau Gouvernement qui a très vite annoncé certaines de ses promesses est fortement critiqué. Où est la logique dans tout cela?
 Pendant que je vous écris, j’entends à l’émission « Désautels » une interview de John MacArthur, le directeur du mensuel « Harper » qui collabore aussi au quotidien montréalais « Le Devoir ». Il dit des choses odieuses du Président américain. Il a publié ses chroniques « L’Illusion Obama ».  Obamna est un menteur. Il a trahi ses partisans.  Pactisé avec Wall Street. Sa réforme de la santé, un simple replâtrage conçu au profit des assureurs. Il a endossé les habits de chef de guerre pour draguer l’électorat centriste ou républicain modéré.  Ses sponsors dont d’abord des banques d’affaires et les grands argentiers de la caste américaine…De façon surprenante, les reproches de John Rick MacArthur vis à visa du Président des Etats-Unis sont ceux d’un homme de gauche.
  Le mensuel « Harper » n’a pas la réputation d’être de gauche que je sache. Le directeur de « Harper » devrait briguer le poste de Président dans quatre ans et nous montrer comment un candidat à la présidence de son pays peut se passer de l’argent des riches pour faire sa campagne et prendre des mesures carrément socialistes! Les violentes critiques qu’il a écrites dans « Harper » et dans Le Devoir (Pour les Québécois. En français, il est bilingue, père américain, mère française) ces critiques laisseraient entendre qu’il est de gauche. Ce qui n’est pas le cas. Par conséquent, on peut tirer la conclusion qu’elles sont purement gratuites!
 Imaginez un homme de couleur, avec seulement l’appui des petites gens et leurs sous, faisant une campagne aux U.S.A. pour devenir Président du pays, hélas,  encore le plus puissant au monde!
 Le 3 janvier 2008 j’écrivais:
  « On attend beaucoup de BARACK OBAMA. Beaucoup trop. Je n’ai entendu aucun de ses discours. Mais je lis son livre DREAMS OF MY FATHER. C’est un homme solide qui a la tête bien faite.
Je pense qu’il agira avec sang-froid et avec sagesse. Il arrive au pouvoir à un bien mauvais moment de l’histoire américaine. Souhaitons lui les qualités qu’il lui faudra pour relever les nombreux défis qui l’attendent, sans compter les bâtons dans les roues que ses ennemis ne manqueront pas de susciter. » Fin de citation…

 Les humains ne sont pas raisonnables. Ils attendent toujours un Sauveur. Ils ne peuvent qu’être déçus. Pour se lancer dans la politique il faut avoir une cuirasse. Même avec la meilleure volonté au monde on risque de faire des mécontents. On doit s’attendre à des critiques acerbes parfois injustes.
Il faut être prêt à accepter bien des revers. Mme Pauline Marois en sait quelques chose. Elle les a assumés et a poursuivi son chemin. Elle n’est pas allée dans le privé comme certains hommes politiques souverainistes ou fédéralistes. Elle est toujours restée au service du peuple québécois.
Cordialement,


Crédit: Nadine Magloire

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Québec/Diasporama: Lettre de Montréal -20… Aux hommes et Femmes de bonne volonté du Québec.


Montréal,  Jeudi 4 octobre 2012, 22h49
Nadine Magloire
Nadine Magloire
 J’ai suivi les événements du Québec dès mon arrivée à Montréal avec la feuille rose d’immigrante reçue.  C’était en août 1973. L’autobiographie de notre Première ministre, Pauline Marois, « QUÉBÉCOISE », m’a rafraîchi la mémoire (j’avais un peu oublié certains faits) et j’ai appris bien des choses que les médias n’étaient pas en mesure de nous révéler. Ce livre nous apporte une tranche de l’Histoire du Québec racontée par une personne qui a participé aux événements et souvent les a provoqués.
Avec d’autres, elle a fait l’Histoire du pays de 1981 à 2007; celle-ci fait partie de son autobiographie. Mais Mme Marois, son livre achevé, ne s’est pas retirée de la vie publique. Devenue Première ministre, la première femme dans ce rôle, au Québec, elle a la possibilité d’y imprimer sa marque bien plus que dans les différents ministères qu’elle a occupés, tels l’Education, la Santé, les Finances.  Ses fonctions lui ont permis d’acquérir une très grande connaissance des différents rouages de la machine gouvernementale. Pendant toutes ces années, elle a parcouru le Québec, acquérant ainsi une bonne idée des divers besoins des gens très nombreux qu’elle a eu l’occasion de rencontrer.
 J’avais quelques notions du bouillonnement culturel que vivaient depuis les années 60 les Canadiens-français devenus les « Québécois ». Un vacancier de Montréal rencontré au bord d’une piscine m’avait prêté un gros bouquin. Je crois que son titre était, entre autre, « De Duplessis à René Lévesque ». Les velléités d’indépendance du Québec, une simple province, me semblaient absurdes. J’avais entendu parler de bombes, d’enlèvements.
Malgré l’année passée à Montréal, au collège Marie de France, en 1950-51, j’ignorais que cette province était près de 3 fois plus grande que la France, bien que peu peuplée (6 millions environ à l’époque) et pleine de ressources naturelles. Ça n’a pas été difficile pour moi d’admettre son désir de souveraineté étant d’un pays ou les esclaves venus d’Afrique avaient dit: « Liberté ou la mort » et avaient jeté les colons français hors des rives de Saint Domingue pour fonder Haïti. J’ai vite compris que les Canadiens français, les « Canayens » ne voulaient plus être dominés par les « Anglais » leur propre province, ni mener une vie minable : éternels « porteurs d’eau », « nés pour un petit pains ».
En relisant de vieilles lettres, celles que j’avais envoyées à ma mère au cours de l’année passée à Marie de France, j’ai pu constater que j’avais perçu un peu la situation qui prévalait à cette époque. J’avais écrit : »Les Canadiens-français comptent pour du beurre ».
 Mme Pauline Marois qui avait étudié en service social à l’université Laval a été une militante dès cette époque, militante sociale, puis politique.  C’est à la suggestion de René Lévesque, Premier ministre, qu’elle s’impliqua en politique active. Elue députée de La Peltrie en 1981, elle devint ministre de la Condition féminine, prenant la relève de Lise Payette qui avait quitté la vie politique.
 C’est sans doute parce qu’ils redoutent un nouveau référendum pour la souveraineté que bien des gens n’ont pas voté pour le Parti québécois. Le nouveau Gouvernement est minoritaire. Dommage. La Première ministre a de grandes ambitions pour le Québec. J’espère que les partis d’opposition feront preuve d’un intérêt pour le pays qui  transcende leur soif de pouvoir et qu’ils ne feront pas systématiquement obstacle à toutes les actions de Mme Marois. J’espère qu’on la laissera accomplir ses rêves de toujours pour le Québec et les Québécois. TOUS les Québécois sans distinction de leur lieu de naissance.
 Cordialement,
Crédit: Nadine Magloire
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Haïti/Québec/Diasporama: Lettre de Montréal -19… les maternités impitoyables de Maryse Condé.



Joël Des Rosiers
Joël Des Rosiers
Et la Mère, fermant le livre du devoir, S’en allait satisfaite et très fière, sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences, L’âme de son enfant livrée aux répugnances. –
Rimbaud, Les Poètes de sept ans.

Montréal,                                                                                26 septembre 2012
Le livre du devoir ou les maternités impitoyables de Maryse Condé
Sur la photo de famille, sorte de tableau vivant, personne ne sourit.  Le souvenir noir et blanc, un peu jauni, orne la couverture du livre et lui sert en même temps de bandeau. À la gauche du cliché, le fils de Jean Dominique, Denis Boucolon. Le garçonnet au teint clair, un peu efflanqué, œil dévasté déjà, domine de ses 10 ans, peut-être moins, la tribu familiale qu’il semble protéger, ses deux mains tendrement posées sur les épaules de sa demi-sœur.
 Même acuité du regard, même posture roide que son père, émacié comme un rapace, Denis, trop mou pourtant, trop « petite fille ». Le garçonnet est environné de trois demi-sœurs à la peau plus foncée, charmantes avec leurs petites robes d’indienne et leurs prunelles de jais. Sylvie-Anne, portrait de sa mère, Aïcha, la plus farouche des filles, Léïla, toute mignonne en blanc, sur une balançoire. On dirait des ménines de Vélasquez qui semblent plus pressées de retourner jouer à des jeux d’enfant que de prendre la pause. Au premier plan, assise est une figure immobile, marmoréenne, n’eût été le demi-sourire qui anoblît le visage de toute Mère en majesté. Une mère… qui est aussi un père tant elle est virile et animée d’une volonté de puissance : Maryse Condé.
 La ressemblance du gamin avec l’Agronome est faulknérienne. Nette, simple, aussi précise que l’écriture de l’œuvre, donnée à lire dans une admirable pureté de langage. Comme si les figures de violence, parfois extrêmes, qui seront exposées tout au long des pages, risquaient de mettre en péril la fondation même du pacte autobiographique. Rétablir des faits dissimulés, reconstituer le perpétuel palimpseste d’une romancière qui effaçait ses traces au fur et à mesure du déploiement du cycle autobiographique – formé de deux autres récits – nécessitaient une transcendance de style. Si certaines pages sont assez belles, je songe à d’autres images, lorsque Maryse Condé décrit les douleurs de l’enfantement dans des cloaques infâmes. Le style devient hors-style, les moyens défaillants pour atteindre « les régions sans mémoire » (Deleuze). Les phrases prennent alors cette qualité qui les rend organiques, primitives, instinctives pour exprimer les peurs mêlées aux joies, l’exultation dans l’exploit physique de donner la vie, après avoir lâché « un paquet d’eau sale » :
 « Le souvenir de ce que j’y ai enduré reste gravé dans ma mémoire et me réveille encore la nuit. » (p.93]
  C’est une mère déprimée, entravée dans sa capacité à investir, aimer et chérir ses enfants. Elle veut mourir. Une mère qui ne peut choisir l’amour affectif et charnel comme mode de connaissance de son enfant ; une mère aux yeux secs dont le regard amoureux est démenti par son corps ralenti ; une mère enfin entravée dans son désir pour son enfant. La folie maternelle qui pousse la mère au don de soi va être annulée ou tempérée ou encore accrue par nombre de dimensions et d’événements tout au long des pérégrinations de Condé entre la France, l’Angleterre et l’Afrique de l’Ouest : la Guinée, le pays de son mari, le Ghana, la Côte-d’Ivoire, le Sénégal où elle enseigne et rencontre son traducteur d’anglais devenu son dernier mari, Richard Philcox.
 Et n’est pas moindre une passion insidieuse pour Haïti, à travers son Histoire, ses écrivains exilés au Sénégal, Roger Dorsinvil, Jean Prophète, Jacqueline et Lucien Lemoine, l’île des Grands nègres, où le despotisme comme en Afrique étouffait la liberté de parole.
 Que nul enfin ne rentre dans ce livre s’il n’est fasciné par la beauté douloureuse des femmes noires, leurs amours empoisonnées, leurs déliquescences, leurs maternités impies, leurs hommes irresponsables, leurs enfants chétifs, s’il n’est disposé à entendre l’impensable, à s’exposer aux ravages d’une époque politique honnie : celle des nationalismes postcoloniaux dont Frantz Fanon esquissait naguère les mésaventures, dans Pour la Révolution africaine.
Métaphores de la douleur
 Peu de temps après son arrivée à Paris, à l’âge de 16 ans, la jeune étudiante Maryse, promise à un brillant avenir, apprend le décès subit de sa mère. Son aîné Guy, dit Guito, son protecteur, un grand frère et un mentor – figure bienveillante qu’elle n’a cessé de rechercher auprès de nombreux hommes – est emporté lui aussi à ses vingt ans par une mystérieuse maladie neurodégénérative et héréditaire : « cette maladie des Boucolon » – troubles de l’équilibre, troubles de l’élocution, troubles de la coordination des mouvements – qui saisit l’un après l’autre les membres de ma famille, …» (p.66) Le mal, qui débute à l’âge adulte, frappe tous les porteurs de l’allèle dominant. La romancière suggère ici avec pudeur, sous une description apparemment clinique, sa propre souffrance devant une telle malédiction. La maladie de Huntington – c’est son vrai nom – est une affection génétique dévastatrice qui conduit les sujets atteints à perdre lentement le contrôle de leur corps et de leur esprit jusqu’à la mort.
 La physiopathologie de la maladie de Huntington touche l’alphabet de l’ADN et provoque des répétitions morbides de codons. En ce sens, sa structure génétique en expansion  peut être considérée comme la métaphore littéraire de la douleur. Il se pourrait, à dire vrai, que cette thèse, plus discrète, latente, invisible à l’œil nu, moins directement appuyée, infuse toute l’œuvre de Maryse Condé.  Dans cette perspective, toute généalogie devient pathétique puisque débouchant sur la mort. De nombreux écrivains, Anton Chekov, Ernest Hemingway, James Joyce, Jack London, Guy de Maupassant et Toni Morrison ont utilisé la maladie comme matériel littéraire. Si l’on considère l’argument de Wiitgenstein qu’il n’y a pas de langage privé de la souffrance, lecteurs et auteurs, dès lors qu’ils tombent malades, deviennent des semblables. La douleur mérite le titre de trou noir qui aspire le langage et tend à le faire disparaître, au cours de cette expérience interne destructrice qui consume tout, menace de tout emporter sauf elle-même – famille, amis, langage, le monde entier, sa raison, ses propres pensées – et ultimement soi-même.
 Depuis la publication de l’essai devenu un classique La maladie comme métaphore (1978) par Susan Sontag, qui conteste « l’encombrant appareil de la métaphore », nous n’avons toujours pas d’autres moyens de parler de la douleur que d’utiliser la métaphore. La douleur comme arme. La douleur comme irradiation, à la recherche de sa source. La douleur comme un œil nyctalope. C’est sans doute une des clés pour comprendre le terrible impact psychique du déni de filiation que Maryse Condé subit et la transformation de sa vie en une litanie de répétitions morbides, à l’image du gène défectueux.
 Au déni de filiation, s’ajoute le doute que l’écrivaine laisse délibérément planer sur la paternité d’une de ses filles lorsqu’elle se découvre enceinte à son retour d’un congé administratif à Paris. « Durant des semaines » emprisonnée comme une proie, elle y est malmenée alors qu’elle meurt de faim et de soif, qu’importe ! Jusqu’à l’ivresse d’amours passionnelles, ode à sa féminité par un amant danseur, Jacques V…, qui lui fit perdre le langage de l’affliction… Procédé littéraire ou ultime provocation d’écrivaine maudite, condamnée à livrer cette révélation, Maryse Condé parvient de sa déchéance à se libérer des jouissances empoisonnées afin de reconquérir son corps de femme. Cette transgression essentielle pour elle se conjugue comme quelque chose de terrible et de splendide à la fois. Là où siège son opacité.
 Or, quand l’amour se saisit de deux corps tourmentés de façon impitoyable comme des fétus, quand bien même ce le serait sous l’emprise de Jacques V…, le fils naturel, méconnu, du mauvais génie de François Duvalier, que valent la littérature, la morale, la conscience ? L’écrivaine n’aura plus à rechercher des généalogies grandioses, elle les aura toutes brouillées…
  Maryse Condé a été élevée en Guadeloupe dans un milieu conventionnel de petits bourgeois, par un père né dans la misère mais qui s’en était sorti, par des mères d’arrière-pays, des mulâtresses illettrées. Mais ces cadres familiaux et socioculturels d’assimilation lui ont été donnés à éprouver sous forme de fragilité, de gentillesse, d’internalisation du préjugé de couleur et d’anciens chaos. Lorsqu’elle tombe enceinte à 18 ans des œuvres d’un jeune militant politique mulâtre, elle hallucine le bonheur, les fruits défendus dans ses entrailles d’un « véritable amour intellectuel » (p.21). Cette pulsion, cet élan qui n’est pas pur instinct, qui n’est pas pure biologie, s’effondre brutalement sur le préjugé de couleur. Sur son déni : « Je refusais d’accepter la seule explication possible : ma couleur. » (p.23). Cette première blessure d’amour agira comme une expérience limite du désemparement, voire comme une véritable épreuve agonique.
                   « Jean Dominique s’envola et ne m’adressa pas même une carte postale. Je restai seule à Paris, ne parvenant pas à croire qu’un homme m’avait abandonné avec un ventre. »
 De cet abandon « impensable », Maryse Condé tombe dans un avant-monde de souffrances, un pré-langage, insuffisant à  symboliser sa détresse qu’elle va somatiser. Inondée de détresse, elle développe une tuberculose pulmonaire qui nécessite un internement en sanatorium. Denis, son nourrisson au prénom choisi au hasard, sans y penser, est confié à l’Assistance publique. Malgré ces privations, on ne saurait rêver d’entrée plus romanesque dans la vie.
 Comme suppliciée, la fille-mère gardera pour toujours de cette histoire une inquiétude métaphysique sur la morale des grands hommes. Le grand journaliste et militant Jean Dominique, après une vie de combats pour le changement et la démocratie, au terme d’un destin glorieux et intimidant, mourra assassiné en Haïti le 3 avril 2000, à 70 ans. Sans avoir connu son fils.
La peau comme psycatrice
  Les rudes commencements de l’homme où il fait connaissance avec la douleur qui ne le quitte plus.
 -       Lautréamont
  Enveloppe du corps, la peau est aussi une enveloppe psychique. La couleur de la peau n’est pas qu’une construction socio-historique héritée du colonialisme. La peau est le lieu de naissance, le sanctuaire intime des émotions et des pensées, la frontière qui nie la séparation au moment des conceptions et des fusions orgiaques. Ce qui arrive à celle qui se découvre « à jamais écorchée vive » (p.25) est un traumatisme à la peau de soi. La peau dont la fonction est cruciale dans l’intégration de la pensée et des sensations corporelles. La peau d’une femme enceinte s’invagine en plis, en replis, jusque dans les parois des muqueuses internes qui tapissent l’utérus. L’utérus gravide est une peau invaginée qui entoure le fœtus.  À maints égards, la peau est une image mentale que le moi de l’enfant construit dès les premières phases de son développement pour se représenter en tant que sujet, à partir des expériences sensorielles provenant de l’épiderme. Dans ses formes les plus primitives, si les parties de la personnalité sont morcelées, lâchement réunies entre elles, la peau, c’est ce qui tient les morceaux entre eux. « Ses doigts sur ma peau ruisselaient d’histoires », disait Walter Benjamin, évoquant le souvenir du contact maternel sur son corps douloureux, car l’enfant et la mère partagent la même peau.
 Comme un film fantastique, les références cinématographiques y sont nombreuses, La vie sans fards , le récit autobiographique que la romancière vient de publier témoigne d’un drame qui vient de loin. Cauchemar et rêve d’un premier amour déçu se soldant par une grossesse apatride,  la narration d’une vie de femme se déroule entre paternité et idéal de paternité, entre maternité et idéal de maternité. La progéniture de cette jeune femme au regard triste procède de deux pères : le premier, un mulâtre haïtien qu’elle aima, capable seulement de procréer, l’abandonne « avec un ventre » ; le second père, celui des fillettes, est un névrosé, un médiocre comédien guinéen, Mamadou Condé, qu’elle méprise mais épouse par dépit. Elle gardera le nom de cet homme, même après leur divorce. Du premier de ces hommes comme de celui qu’elle n’a jamais aimé, Maryse Condé a accouché d’une aria, entre tragédie et triomphe, a conçu une œuvre littéraire, magnifique et troublante.
 Lecture passionnée, haletante, de ce livre fulgurant, écrit en état de grâce par une vieille dame digne dont je retiens la dénonciation de la contrefaçon littéraire, à l’ombre des Confessions de Jean-Jacques Rousseau dont on commémore cette année le 300e anniversaire de naissance : « Je veux montrer à mes semblables une femme dans toute la vérité de la nature ; et cette femme, ce sera moi . »  Le pacte de dévoilement ainsi posé par une paraphrase de Rousseau, Condé veut se tenir loin des bavards, des œuvres truquées, des cacographes, des folliculaires, des imposteurs, des censeurs hypocrites, loin du misérable petit tas de secrets, à quoi renvoie Malraux des écrivains qui  n’auront pas été des héros : rencontrer Mao, serrer la main de Nehru, porter la guerre contre Franco, bref transformer sa vie en aventure épique.   Il y a un peu de cette parodie de l’écrivain total chez la jeune aventurière Antillaise, lancée dans une quête de soi, qui flirte lors de son séjour en Afrique de l’Ouest avec Hamilcar Cabral, regarde passer Sékou Touré en Mercédès décapotable sous sa fenêtre ou se vexe de n’être pas admise à un meeting politique d’Houphouët-Boigny.
 Mais c’est d’une femme qu’il s’agit pour qui aucun secret n’est misérable, dût-elle réarranger ses confidences, les maquiller pour mieux les faire connaître. Car c’est du plus trouble d’elle-même qu’elle tire la vérité subjective de son être, d’une autre trace inscrite continûment dans son corps de femme : les traces du corps de l’enfant sur celui de la mère … et la possibilité pour l’enfant d’être affecté par ces traces en soi vivantes. Il n’est pas si simple de juguler suffisamment la passion érotique des amants, de mêler la jouissance charnelle à la vocation accomplie du féminin devenu maternel et restant féminin dans une transsubstantiation toujours en mouvement. Autrement dit, une mère devenue écrivaine, ne serait pas suffisamment aimante, amante  pour son enfant…L’obsession de la mère pour la littérature dénaturerait la réalité psychique de l’être maternel, incapable de contenir l’avidité totalitaire de l’enfant.
 Les explications, les excuses que donne l’ écrivaine à des confidences écrites, c’est-à-dire remaniées par le défaut de mémoire, la ruse du temps, réfugiées à l’abri du temps réel et du lapsus, sont, à son insu, toujours révélatrices de son être intime.  De ce moment rare où l’écrivain n’est plus écrivain. Ne serait-ce que par la reconstruction rétrospective qu’elle inflige aux événements et qui ne regarde qu’elle-même. Au fond, le lecteur s’en fout de ses omissions et de ses refoulements douloureux. La littérature est d’un autre ordre.  L’écrivaine s’est laissée aller à sa mélodie intérieure. Ça joue… Ça situe une époque… Nous avons la chance d’entendre le bruit que ça fait, dans une aventure, un territoire que nous ne connaissions pas. La figure un peu solennelle de l’écrivain, être fétichisé, drapé, surplombant, qui s’abuse lui-même, bref exaspérant, n’en est pas moins ré reenchantée parce que Maryse Condé nous livre les mouvements de sa sensibilité. L’exemplarité d’une vie, son témoignage direct ne peuvent être contrefaits. C’est bien la morale profonde de ce livre que de répandre cette nouvelle jusqu’au vertige, au terme d’une quête humaine et spirituelle de vérité : la Douleur n’est rien.