Daly Valet |
Lavalas a engendré Tèt Kale par ses errements. Et Tèt Kale vient de réengendrer Lavalas par ses égarements. Puis vint le 14 février 2016, le jour rose des amoureux. La journée la plus rose de l'année fut celle la plus noire pour la gent Tèt Kale. Leur rêve insensé de la continuité burlesque et népotiste au pouvoir par la paille et la banane s'est fait cauchemar.
Lavalas, l'objet des récriminations perpétuelles de Sweet Micky, est ainsi de retour suprebticement au Palais National avec ses amertumes à peine rentrées, ses nostalgies longtemps perturbées et sa propre flopée d'incriminations revanchardes anti-Tèt kale. Normalement, il ne devrait plus rester de pouces à Martelly à mordre et à ronger.
Le contrôle du pouvoir politique en Haiti semble s'ancrer durablement dans un jeu pendulaire entre la gauche traditionnelle de pouvoir et la droite néo-jeanclaudiste bonapartiste.
Dans le dos de la Constitution, le pays se retrouve avec un Président provisoire. On risque de l'avoir avec nous au-delà des 120 jours prescrits et convenus. La réalité n'est pas encore mûre pour le strict respect de l'agenda politique qui est légalement le sien.
Le pays peut se soulager que Privert ne soit point un primesautier. C'est un homme pondéré. Un modéré qui, au Parlement, avait l'art des jeux de passerelle entre les extrêmes. On lui reprochera évidemment ses tours de sauterelle qui mettent trop souvent en veilleuse ses convictions proclamées. Les purs et les impurs lui rappelleront aussi avec préméditation et légitimement son impureté d'ex-ministre de l'intérieur au bilan controversé et dit teinté du sang d'innocents. Il reste que pour le moment Jocelerme Privert est un moindre mal parmi l'éventail des maux qu'on nous proposait comme remèdes.
Dans l'idéal, c'est des figures et des modèles de serviteur public comme Privert que Haiti devrait se donner pour dirigeants et hauts administrateurs d'État. Contre tout réalisme, osons espérer qu'il sera à la hauteur. Osons espérer surtout qu'il comprendra que son mandat est de rendre justice à la République non pour ou contre un camp désigné sympathique ou hostile.
On aura beau gloser sur telle ou telle formule politique ou constitutionnelle qui serait la meilleure pour combler le vide présidentiel. L'essentiel c'est ce que nous dicte la réalité. Les faits nous disent qu'un Parlement s'est donné les moyens politiques et souverains de designer un président provisoire et que ce président a été investi au Palais national. Il faudra faire avec. Il convient d'aller de l'avant pour un retour à l'ordre constitutionnel par des élections régulières et non frauduleusement orientées à partir des centres d'État de pouvoir.
Lavalas de retour provisoirement. Tèt-Kale de côté provisoirement. Le Parlement en puissance provisoirement. Dans ce bal du provisoire, tout est éphémère. La République seule est permanente.
Au nom de la sagesse républicaine, je dis : bonne chance et succès au Président Privert !
Daly Valet
15 février 2016
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