Haïti est devenu « un laboratoire sur tout ce qu’il ne faut pas faire ou qu’il ne faut plus faire« , explique Raoul Peck.
« Haïti, c’est simplement le
dernier exemple en date de cette formidable débâcle de ce qu’on appelle
l’aide au développement, depuis un peu plus de 60 ans, c’est-à-dire une
aide qui n’en est pas une, une aide qui a beaucoup plus à dire aux
donateurs qu’aux receveurs. Dans le cas d’Haïti, on vient de le voir
encore, beaucoup d’effet d’annonce alors qu’en gros, il y a moins d’un
quart de cette aide qui est vraiment déboursée. Cet argent est souvent
dans des coffres et ne va jamais jusqu’à la population« , a encore confié à la journaliste de RTBF Françoise Wallemacq.
« Donc oui, c’est compliqué à
expliquer. Comment on arrive à cette espèce de grande machine sans
dirigeants en fait puisque chacun fait ce qu’il veut de son côté?« , s’interrogeait le cinéaste …
« On perpétue ce mouvement, ce mode de fonctionnement et personne n’ose dire que ça ne fonctionne pas et qu’il faut arrêter« , déplore-t-il. « C’est
vrai que quand il y a un malheur, il faut aider, tout de suite,
rapidement. Mais ensuite, il ne faut pas s’incruster, il ne faut pas
commencer à s’ingérer dans la réalité du pays, à influencer les
échéances politiques, les choix économiques, etc. Or, c’est ce qui se
passe régulièrement« .
Mais quels intérêts représente ce petit pays des Caraïbes pour les Américains ? « D‘un
simple point de vue financier, je pourrais dire que quand le Congrès
américain vote 2,5 milliards d’aide pour Haïti, il y a 800 millions qui
vont au bénéfice de l’armée américaine« , fait-il remarquer.
Des fonds avec lesquels, l’US Army a pu « engager
ses soldats pendant plusieurs mois à pratiquement ne rien faire puisque
Haïti n’est pas un pays en guerre. On paie toutes les dépenses de
porte-avions, les dépenses de bateaux, les dépenses médicales, l’aide,
même l’eau qui est importée par des avions! Des avions qui sont loués,
or ces locations sont payées par l’argent promis à Haïti« , dénonce Raoul Peck.
"Les bouteilles d’eau ne sont pas
gratuites, c’est payé à des compagnies américaines alors qu’on aurait
pu acheter local. N’importez pas de la marchandise venant de l’extérieur
parce que vous cassez l’économie locale. Mais personne ne respecte ça. C’est ça le drame, c’est que les organisations internationales ne respectent pas leur propre charte" .
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