Un long chemin a été parcouru depuis les
campus universitaires d’Haïti, alors qu’Ulrick Chérubin et Michel
Adrien rêvaient d’une vie à l’étranger, à l’époque où leur pays était
sous l’emprise du dictateur François Duvalier, surnommé Papa Doc.
Les
deux hommes, aujourd’hui maires des villes d’Amos et de Mont-Laurier,
n’auraient jamais pu imaginer où leur destin les mènerait. Il y a
maintenant une quarantaine d’années qu’ils ont quitté, chacun de leur
côté, le régime Duvalier pour s’établir au Québec. Et ils y ont été élus
dans leur ville respective, qui comptent environ 13 000 habitants
chacune, et tous deux profitent d’un fort taux de popularité.
Bien
qu’il y ait très peu de résidants appartenant à des minorités visibles
dans les municipalités d’Amos et de Mont-Laurier, les électeurs leur
ont, à plusieurs reprises, accordé de nouveaux mandats. Ils ont même
parfois été élus par acclamation.
M.
Chérubin, âgé de 69 ans, est maire d’Amos depuis 2002. Il affirme
s’être senti chez lui dès qu’il a mis les pieds dans cette ville
minière, où il s’était déplacé pour obtenir un contrat d’enseignement de
deux ans. C’était en 1973, et il venait tout juste d’empocher son
diplôme d’enseignant à Trois-Rivières. M. Chérubin a lancé, lors d’une
récente entrevue avec La Presse Canadienne, qu’il ne devait rester que
deux ans à Amos – une ville située à 600 kilomètres au nord-ouest de
Montréal -, mais que cela fait maintenant 40 ans qu’il a déposé
ses valises.
M.
Adrien a, de son côté, raconté avoir reçu un accueil chaleureux après
son déménagement à Mont-Laurier, en 1969. Il s’y était lui aussi rendu
pour décrocher un contrat de professeur. L’ancien enseignant de sciences
physiques au secondaire avait émigré d’Haïti et s’était établi à
Montréal l’année précédente. M. Adrien, âgé de 66 ans, soutient que son
premier souvenir de sa vie à Mont-Laurier fut « l’extrême gentillesse »
des résidents.
Les
deux hommes se sont rencontrés à l’Université de Port-au-Prince dans
les années 1960. À l’époque, M. Adrien avait servi de tuteur à M.
Chérubin en vue des examens de mathématiques.
« Si
on nous avait dit à l’époque que nous nous serions retrouvés maires de
villes du Québec, nous aurions dit que c’était impossible », s’est
rappelé M. Adrien.
Ils
avaient perdu contact en Haïti et ne s’étaient plus revus depuis, avant
de se recroiser au Québec dans les années 1990, alors qu’ils étaient
tous deux conseillers municipaux dans leur ville respective. À bien des
égards, les vies de MM. Chérubin et Adrien ont emprunté des chemins
semblables. Les deux hommes sont nés dans la ville de Jacmel (NDLR.-
Département du Sud-Est d’Haïti), et ils ont, l’un comme l’autre, épousé
une infirmière au Québec après s’y être établi. Tous deux ont également
occupé la fonction de conseiller municipal pendant huit ans avant de se
lancer avec succès dans la course à la mairie.
Crédit: LaPresseCA/CANAL+HAITI
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