Né
un 4 janvier à Limonade, dans le Nord d’Haïti. Il fit ses études
Primaires au Collège Eben-Ezer de sa ville natale et secondaires au
Nouveau Collège du Nord au Cap-Haïtien, il est artiste-comédien,
guitariste, chanteur et …animateur de radio, à ses heures. Il évolue aux
îles Turks-et-Caïcos depuis 2001, sur la demande-express de son défunt
père. Il voudrait servir de porte-étendard pour ses compatriotes
opprimés. Dans cette plaidoirie exclusive présentée à la Tribune de «
Diasporama », Arold Brénéus laisse parler son cœur déchiré par les
turpitudes de ses huit mille congénères vivant si près et si loin
d’Haïti, comme des pestiférés, au gré de leurs hôtes. Dans ce
coup-de-gueule, Il nous parlera des arrogants « Ti-Yay fos » et des
péripéties endurées par les illégaux haïtiens avant d’acquérir le
précieux « Work-Permit » (Permis de travail). Arold ne manquera pas de
nous signaler la xénophobie des habitants de ce territoire d’outre-mer
du Royaume-Uni, vis-à-vis des haïtiens, ayant une superficie de 497 km2,
plus petite que l’Ile de La Gonâve (689,62 km2) et le fameux slogan à la mode chez les Turques-et-Caïques: « English first …Ti-Yay fos avant tout…les haïtiens…les restes… ! »
En définitive, Arold Brénéus,
qui vit aux iles Turques-et-Caïques depuis plus de dix ans, lance un
cri d’alarme aux dirigeants haïtiens, afin qu’ils puissent venir en aide
à leurs concitoyens humiliés en terre étrangère, rien qu’en voulant
chercher du travail honnêtement, afin de pouvoir survivre dans cette
jungle infernale…
Diasporama vous présente l’émouvant plaidoyer du jeune Arold Bréneus…
Je salue avec une joie
incommensurable le personnel et les journalistes de CANAL+HAÏTI et leur
présente mes plus vives félicitations pour le travail qu’ils effectuent
pour les haïtiens vivant à l’étranger, comme moi, qu’on nomme
familièrement la diaspora. Je leur souhaite du courage dans leur
entreprise. Grâce à CANAL+HAÏTI et sa chronique « Diasporama », je ne
suis plus isolé de la mère-patrie, j’ai trouvé une tribune pour me
faire comprendre et me faire entendre. Dorénavant, j’ai un organe pour
pouvoir exprimer mes joies, mes peines et faire passer mes griefs,
revendications et désidératas, là où je suis loin d’Haïti-chérie. Je
vais profiter de cette occasion qui m’est offerte pour vous parler un
peu de la vie trépidante que nous menons ici, mes compatriotes et moi
(Arold Bréneus), « nan Ziltik ».
Âgé de 31 ans, je suis né le 4
janvier 1981, à Limonade dans le Nord d’Haïti. J’ai fait mes études
Primaires au Collège Eben-Ezer de Limonade et mes études secondaires au
Nouveau Collège du Nord au Cap-Haïtien (2e ville d’Haïti), Chef-lieu du
Département du Nord. Je suis un artiste-comédien, je joue de la guitare
et je chante. Dans les années 1999-2000, je faisais partie de la Troupe
Théâtrale « Sifraden ». Après, je m’étais converti au protestantisme
(Adventiste du 7e Jour, plus précisément).
Au moment où je vous écris ces
quelques lignes, j’évolue aux îles Turques-et-Caïques ou îles
Turks-et-Caïcos ou en haïtien « Ziltik ». J’ai laissé tomber la Troupe «
Sifraden » pour former ma propre compagnie, ayant pour nom « Les
Acteurs de la Comédie Théâtrale Évangélique Limonadienne (LACTEL), qui comprend
environ 14 membres, nous avons déjà performé dans plusieurs spectacles.
Actuellement, nous travaillons sur la prochaine sortie de notre premier
long métrage qui s’intitulera : « SAM FÈ MAP PEYE », titre très
significatif sur les tribulations des ressortissants haïtiens vivant
ici. Je crois que ce film fera un tabac à sa sortie sur les écrans,
évidemment, on pourra l’avoir dans les bacs sur DVD.
MON ARRIVEE « NAN ZILTIK » !
J’ai laissé mon pays en 2001. Comme
je vous le disais tantôt, je vis aux îles Turks-et-Caïcos, dont la plus
grande ville est Providenciales. J’habite dans une localité du nom de
North-Caïcos. Environ 8.000 haïtiens vivent dans l’ensemble de ces îles.
Mon feu père vivait ici depuis plus de 23 ans, pour le seconder dans
ses multiples activités, il m’a fait immigrer pour également y
travailler. Depuis plus de 10 ans, je demeure aux îles en pratiquant plusieurs
petits métiers manuels pour pouvoir survivre et subvenir aux multiples
besoins de ma famille. Je dois vous dire franchement, qu’il s’agit pour
moi de 10 ans en prison, comme un condamné aux travaux forcés et 10 ans
de descente aux enfers. J’ai constaté avec amertume que les haïtiens ne
sont pas libres, ils n’ont pas droit à la parole. C’est la raison pour
laquelle j’ai formé cette Troupe qui est pratiquement une association
pouvant nous permettre de nous exprimer sans éveiller des soupçons pour
le moment. Quand nous nous réunissons, nous communiquons, nous
communions, nous mangeons ensemble, nous partageons nos idées, nous
faisons des débats, nous sortons des résolutions informelles et
préparons nos stratégies de lutte vis-à-vis de nos tyrans pour mieux
défendre nos droits, de façon subtile, de peur de nous faire expulser,
parce que la majorité d’entre nous sont des sans-papiers. Nous espérons
un jour sortir de cet enfer sur terre.
Côté media haïtien, il existe 2
stations de radio qui relaient les principales infos qui proviennent des
radios d’Haïti, mais nous attendons encore leurs apports directs à la
communauté haïtienne évoluant ici. Ces radios sont: « Radio Horizon 2000
Inter TCI – 106.3 FM » et « Radio Example of Christ 95.1 FM Turks and
Caïcos ». Disons en passant, quand j’étais en Haïti, je travaillais à une station de radio comme speaker-présentateur…
Ici, les droits des haïtiens ne sont
pas respectés. Nous sommes traités avec mépris. Les natifs « Ti-Yay fos
» d’ici n’ont aucun respect pour les haïtiens. Ils sont très xénophobes
et surtout « Haïtianophobes ». Les habitants et citoyens de ces iles
prennent les haïtiens pour n’importe quoi, ils font de nous ce que bon
leur semble. Je signale à votre attention que les dirigeants et natifs
d’ici sont pour la plupart des noirs qui viennent de l’Angleterre. Les
haïtiens doivent impérativement avoir leur « Work-Permit » qui est une orte de permis de travail passager, (1 an maximum pour $US 2.000, dont
je suis détenteur), leur résidence (peu probable) ou avoir la
citoyenneté (hypothétique !) des îles Turks-et-Caïcos, s’ils veulent
jouir et bénéficier du minimum…Les haïtiens ayant acquis la nationalité
de ces iles ne sont pas nombreux. Beaucoup d’illégaux haïtiens évoluent
ici.
LES HAÏTIENS SE FONT ARNAQUER PAR LES « TI-YAY FOS ».
Pour qu’un haïtien puisse avoir un «
Work-Permit », il faut qu’il y ait un citoyen d’origine anglaise
pouvant lui donner son aval, c’est-a-dire être sa garantie auprès du
Département du Travail, de l’immigration et de l’émigration. Et pour
enfin se procurer ce précieux sésame, c’est le parcours du combattant,
le prix à payer est très cher, par exemple l’anglais fait travailler
l’haïtien durant des mois sans aucun salaire. L’avaliseur du «
Work-Permit » réclame de l’argent au clandestin sans rien donner en
retour et ce dernier ne peut pas le dénoncer, par crainte d’être déporté
en Haïti. Au cas où L’haïtien ayant payé s’ hasarderait à demander le
remboursement de son argent, il est molesté, traité des pires mots de
l’univers et dénoncé par son filou, auprès des autorités compétentes et
refoulé, manu militari, vers Haïti. Une véritable arnaque, quoi !
Quand nous rencontrons ces genres de cas, nous ne savons pas à qui nous
adresser afin d’aider nos compatriotes escroqués. Partout où l’haïtien
travaille, c’est un intermédiaire (Le Boss !) qui encaisse l’émolument
pour lui, ce « boss » fait une répartition non équitable de cet argent
(le salaire du travailleur) et donne ce qu’il veut au rude travailleur
haïtien, c’est de l’exploitation et de l’esclavagisme en plein 21e
siècle. Le comble dans tout ça c’est qu’il n’y pas de boulot, il est
très difficile de se faire engager, la majorité des haïtiens est au
chômage. C’est pour cette raison qu’actuellement beaucoup d’ haïtiens
retournent bredouilles au bercail. De plus, si un haïtien travaille, il
peut perdre son emploi dans l’éventualité où un natif anglais « Ti-Yay
fos » aurait besoin de travailler, automatiquement, l’haïtien est
remplacé, sans aucune raison valable, par le nouveau venu qui est
considéré comme un « ayant droit » ou un « légataire universel »… ou «
English first »= anglais d’abord ! Cela étant dit, l’haïtien travaille
sous pression et une angoisse constante de peur de perdre, à tout
moment, son insignifiant boulot.
Autre remarque aux îles
Turques-et-Caïques, dans les bureaux, public comme privé, on sert et
reçoit les natifs, anglais « Ti-Yay fos » et tout le monde d’abord, les
haïtiens après, même si ces derniers étaient là avant. Une véritable
humiliation. C’est du jamais vu, c’est ma première visite à l’extérieur
d’Haïti, je ne pense pas qu’à St. Domingue on traite les haïtiens de la
sorte. D’ailleurs, j’ai déjà vécu avec des dominicains, ils ont le sens
du partage et de la solidarité, comparativement à nos hôtes, ils sont
meilleurs, des enfants-de-cœur, quoi ! On nous regarde avec dédain ici.
C’est humiliant.
Nous
n’avons ni ambassadeur, ni consul, ni chargés d’affaires pouvant venir à
notre secours et défendre nos intérêts. Nous laissons Haïti malgré
nous, à la recherche d’un monde meilleur. Nous ne sommes pas des
mendiants, encore moins des voyous. Nous voulons seulement travailler et
aider nos siens et nos hôtes. En retour nous subissons les pires
atrocités. Dans les transports en commun, le « Ti-Yay fos » devant,
l’haïtien derrière, si ce dernier se trouvait devant le bus, à l’arrivée
du phénomène « Ti-Yay fos » il doit se mettre à l’arrière ou bien
descendre. Ces fameux « Ti-Yay fos » ne veulent pas s’assoir à côté des
haïtiens, ils disent que nous sentons mauvais. Boire dans le même
gobelet qu’eux ? N’en parlons pas.
Autres préjugés, quand un
vol-à-mains-armées dans les magasins, Supermarchés, hold-up dans les
banques, un meurtre ou autres méfaits sont commis, c’est l’haïtien qui
est pointé du doigt et est, de facto, suspect numéro 1, comme on dit
chez nous, « Ayisyen gen bon do ». Nous arrivons par la mer ici. Dans
ces îles, les haïtiens sont traités de tous les mots du monde. C’est
pour cela qu’encore une fois nous réclamons
des autorités haïtiennes qu’elles nous envoient un représentant qui
pourrait être un interlocuteur compétent pouvant dialoguer avec les
autorités d’ici pour un meilleur traitement de nos compatriotes qui ne
demandent qu’à vivre et travailler dans la dignité. Malgré leur
précarité dans le chômage, nos compatriotes font des efforts surhumains
pour payer leurs « papiers-Work-Permit » et pourtant, ils sont souvent
victimes d’escrocs sans foi ni loi. Pire, parfois les compatriotes «
illégaux » se trouvent dans l’obligation de payer plusieurs escrocs l’un
après l’autres, pour qu’enfin de compte se faire dénoncer et finir par
se faire expulser. Ils n’ont aucun défenseur, ils sont abandonnés à
eux-mêmes.
Beaucoup de « Citizen » d’ici qui
sont d’origine haïtienne font des pieds et des mains en vue de devenir
ambassadeur ou consul d’Haïti, mais ils n’ont pas intérêt à résoudre les
problèmes haïtiens, pour eux les avantages de leur pays d’adoption,
prime d’abord. Ils ont femmes, enfants et également des biens aux pays.
Ils ne vont pas courir le risque de perdre leurs avoirs, emplois,
business et tout le reste pour des haïtiens à problèmes. Nous n’avons
pas besoin de ces apatrides pour défendre nos droits. Il nous faut des
compatriotes compétents et conséquents qui n’ont aucun intérêt mobiliers
et immobiliers ici. Je lance un appel au gouvernement haïtien et
spécialement le Ministère des Haïtiens Vivant à l’ Étranger (MHAVE) pour
qu’il puisse venir rencontrer les compatriotes d’ci dans l’optique de
parler aux autorités locales pour l’amélioration du mode de vie
exécrable de l’ haïtien survivant ici.
Merci à « Diasporama » et à « CANAL+HAITI ». Je vous laisse mes coordonnées au cas où vous voudriez nous venir en aide.
E-mail: aroldbreneus@hotmail.com,
Facebook site: http://www.facebook.com/arold.breneus
Propos recueillis par Andy Limontas pour Diasporama/CANAL+HAÏTI
tous droits réservés/copyright@septembre 2012/CANAL+HAÏTI
Producteur Exécutif: André LIMONTAS
email: canalplushaiti@yahoo.fr
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