vendredi 5 octobre 2012

Entretien exclusif avec Weibert Arthus, journaliste haïtien de renom.


« … Au lendemain du coup d’Etat avorté du 17 décembre (ndlr 2001), trois (3) journalistes haïtiens ont tenté de savoir ce qui se passait réellement au palais national. Ils ont diffusé des informations qui relativisaient la menace. Et donc contredit les communiqués de la présidence. Inscrits sur une liste noire, ils ont fui Haïti pour Paris où ils viennent de déposer une demande d’asile…(…)… Arthus Weibert (ndlr Caraïbes FM), comme Philomé Robert de Radio Vision 2000 et Abel Descollines de Radio Galaxie avaient appris à vivre avec les menaces et les agressions dont les journalistes des médias indépendants, assimilés à l’opposition par les partisans du président Aristide, sont régulièrement les cibles…(…)… Ils parviennent à s’échapper et courent se réfugier à l’ambassade de France…(…)… Rançon. Robert, Descollines et Arthus ont passé quinze jours à la mission diplomatique française avant d’être embarqués, sous la protection de gendarmes français, sur un vol pour Paris…. »  ( Marie-Laure COLSON, «Libération») 
Ces trois (3) journalistes haïtiens n’ont pas perdu leur temps en futilité: Abel  Descollines est devenu parlementaire de la 49e législature haïtienne; Philomé Robert , après un passage remarquable et très remarqué à RFI, brille, actuellement, sous les feux de la rampe, dans l’hexagone (FRANCE-24); de son coté, Arthus Weibert, après avoir roulé sa bosse dans plusieurs régions de la planète, « …France, Canada, Belgique, Allemagne, Norvège, Hollande, République Dominicaine, Curaçao, Jamaïque, USA… », nous déclare fièrement «… je suis un homme de Radio. J’ai notamment travaillé à Radio Caraïbes, Radio France Internationale et réalisé quelques piges pour La Voix de l’Amérique et Radio Gayak. J’ai également collaboré à plusieurs journaux et agences en ligne dont Mission, Haïti Tribune, Caraïbes Express, Alterpresse, Haiti Press Network et PiliboMag…. »

Côté étude,  Weibert obtint un doctorat en histoire de la Sorbonne avec la plus haute mention des universités françaises . Il publia « …plusieurs articles scientifiques dans des revues prestigieuses, à comité de lecture et deux ouvrages – le deuxième sort sous peu à Paris »…

Weibert Arthus est entrain de faire un retour progressif, sans condition, au pays natal,« …ce serait ridicule de poser des conditions pour revenir chez soi… », Aussi est-il à cheval entre Philadelphie (Pennsylvanie, USA) où vit une partie de sa famille et « …depuis 2009, je me considère de  retour en Haïti. En 2011, j’ai donné beaucoup de conférences sur mes recherches aux élèves et étudiants,… », nous confie-t-il, dans ce dialogue à bâtons rompus.

 Après l’excellente interview, du brillant journaliste haïtien,  présentateur-vedette du JT sur France-24 (chaque week-end, minuit à 5hres AM, heure d’Haïti), Philomé Robert, sortie le 30 novembre 2011, Diasporama est fière de recevoir un authentique fils d’Haïti, l’un des fleurons de l’intelligentsia haïtienne. Il  pourra, lui aussi, servir de modèle aux générations présentes et futures, tant de la Diaspora que du pays d’origine. Il a fait de solides études universitaires en France et aux États-Unis d’Amérique, il s’agit du journaliste haïtien de renommée internationale, actuel directeur de la programmation de Télévision Caraïbes (Haïti),.. Dr. Wien Arthus Weibert… fin prêt pour le grand ‘come-back’ au bercail…  

ENTREVUE…
DIASPORAMA.- Weibert Arthus, depuis quand avez-vous laissé Haïti?

ARTHUS WEBERT.- J’ai laissé Haïti fin 2001.


DIASPORAMA.- Pour quels motifs avez-vous laissé votre pays ?

ARTHUS WEBERT.- Je fais partie des journalistes qui étaient en difficulté au cours de cette période assez mouvementée. 


DIASPORAMA.- Dans quelle (s) condition(s) avez-vous laissé votre terre natale ?

ARTHUS WEBERT.-  L’ambassade de France m’a aidé à assurer ma protection dans les premiers moments. Ensuite, j’ai pris l’avion pour Paris.


DIASPORAMA.- Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ou universitaires?

ARTHUS WEBERT.-  Professionnellement, je suis un homme de Radio. J’ai notamment travaillé à Radio Caraïbes, Radio France Internationale et réalisé quelques piges pour La Voix de l’Amérique et Radio Gayak. J’ai également collaboré à plusieurs journaux et agence en ligne dont Mission, Haïti Tribune, Caraïbes Express, Alterpresse, Haiti Press Network et PiliboMag.

 Sur le plan universitaire, j’ai obtenu un doctorat en histoire de la Sorbonne avec la plus haute mention des universités françaises. J’ai publié plusieurs articles scientifiques dans des revues prestigieuses, à comité de lecture et deux ouvrages – le deuxième sort sous peu à Paris. 


DIASPORAMA.- Quels pays avez-vous visités avant de vous établir définitivement aux USA?

ARTHUS WEBERT.- France, Canada, Belgique, Allemagne, Norvège, Hollande, République Dominicaine, Curaçao, Jamaïque…


DIASPORAMA.-  Quelle relation développez-vous avec  la communauté haïtienne de Philadelphie?

ARTHUS WEBERT.- J’ai beaucoup d’amis à Philadelphia. Mais je ne fais partie d’aucune organisation ou entité communautaire.


DIASPORAMA.-  Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens dans l’État de Pennsylvanie?

ARTHUS WEBERT.- Il y en a plusieurs.


DIASPORAMA.- Qu’est-ce que vous appréciez chez les américains et que vous aimeriez retrouver  chez les haïtiens?

ARTHUS WEBERT.- Chaque peuple à sa particularité. Je m’adapte.


DIASPORAMA.- Qu’est-ce qui a pu vous captiver en territoire américain ?

ARTHUS WEBERT.-Ma famille.


DIASPORAMA.-En ce moment, Quels liens entretenez-vous avec Haïti ?

ARTHUS WEBERT.- J’ai encore de la famille et beaucoup d’amis en Haïti. Je garde de bons contacts avec Radio Caraïbes. 


DIASPORAMA.- Quels genres de support apportez-vous,  actuellement, à la Patrie-Mère ?

ARTHUS WEBERT.- Je suis en pourparler avec l’université d’Etat d’Haïti dans le but d’animer quelques séminaires pour les étudiants au cours du deuxième semestre de cette année. Et puis, je continue de faire des recherches sur l’histoire des relations internationales d’Haïti et les partager dans des conférences internationales. 


DIASPORAMA.- Comptez-vous retourner vivre définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ?

ARTHUS WEBERT.- Pour être sincère, depuis 2009, je me considère de retour en Haïti. En 2011, j’ai donné beaucoup de conférences sur mes recherches aux élèves et étudiants notamment, aux Collèges Jean Price Mars et Gérard Gourgue, à l’Université Quisqueya et l’Ecole Normale Supérieure. Actuellement, je travaille sur la nouvelle programmation de Télé Caraïbes. Donc, je suis au pays.

 De toute façon, ce serait ridicule de poser des conditions pour revenir chez soi.


DIASPORAMA.- Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?

ARTHUS WEBERT.- Bons souvenirs : pour faire court, laissez-moi dire que je n’ai eu que de bons souvenirs d’Haïti particulièrement au cours de mon enfance. 

Mauvais souvenirs : les jours qui ont précédé mon départ. Voir des bibliothèques être saccagées ou partir en fumée a été plus qu’un cauchemar.


DIASPORAMA.-Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti?

ARTHUS WEBERT.- J’espère qu’un jour tous les Haïtiens puissent lire et écrire et mener une vie décente.


DIASPORAMA.- Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne de l’étranger ( la diaspora) ?

ARTHUS WEBERT.- Que tous soient considérés Haïtiens quelle que soit la nationalité de leurs parents. Qu’ils puissent être un jour vraiment fiers de leurs pays d’origine. 


DIASPORAMA.- Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

ARTHUS WEBERT.- Aucun conseil. Ils font vraiment de leur mieux.


DIASPORAMA.- Qu’entendez-vous par aide au développement durable ?

ARTHUS WEBERT.- Aucune idée de cette notion. L’aide internationale n’a pas l’objectif de contribuer au développement durable du pays. Donc il est compliqué de lier aide et développement durable.


DIASPORAMA.- Pouvez-vous faire le distinguo entre « aide pour le développement durable » et « aide humanitaire » ; laquelle de ces problématiques choisiriez-vous pour Haïti et pourquoi?

ARTHUS WEBERT.- Aucune parce que je ne me retrouve pas dans ces formulations.


DIASPORAMA.-Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?

ARTHUS WEBERT.- La Minustah est présente en vertu d’un accord entre l’Etat haïtien et les Nations Unies. Je pense qu’à un certain moment sa présence était nécessaire – pas indispensable. Maintenant, c’est au gouvernement de prendre sa responsabilité par rapport à ce dossier. 


DIASPORAMA.- Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FADH ? Pourquoi ?

ARTHUS WEBERT.- Je ne suis pas un expert de ces questions. Là encore, c’est au gouvernement de prendre sa responsabilité par rapport à ce dossier. Il y a eu des promesses de campagne – un président est élu sur la base de ces promesses. 


DIASPORAMA.- Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale ?

ARTHUS WEBERT.- Les Haïtiens ne sont pas sous la coupe de la communauté internationale. Et c’est là le danger. Nous sommes dépendants financièrement, mais nous jouissons de notre libre arbitre sur le plan politique. C’est nous qui faisons ou entérinons les choix. A la fin, la communauté internationale nous rendra responsables même de l’argent qu’elle aura exclusivement dépensé.

 Si nous étions sous sa coupe, elle serait tenue responsable. Il nous faut une gouvernance intelligente et responsable qui puisse comprendre la logique de la communauté internationale. Il nous faut une stratégie pour sortir progressivement de la dépendance financière. Quant aux choix politiques, même si nous les faisons avec le couteau sous la gorge, nous en sommes entièrement responsables.


DIASPORAMA.- Weibert Arthus, Votre vie est-elle une réussite ? Autrement dit, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?

ARTHUS WEBERT.- Jusque-là, ma vie est une réussite. J’ai eu une belle carrière de journaliste. Mais je suis encore relativement jeune. Maintenant, je m’attends à une belle carrière d’universitaire, riche en enseignement et publication. 


DIASPORAMA.-Quelle est la question primordiale que nous ne vous avions pas posé, quelle en est la réponse…  et  donnez-nous le mot de la fin ?

ARTHUS WEBERT.- Je crois qu’on a dit l’essentiel.


DIASPORAMA.-Dr. Arthus Weibert… « DIASPORAMA » vous remercie pour  votre support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.


Posted by canalplushaitionlinenews  for the 1rst time, on January 23, 2012 at 7:55 PM


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By: CANAL+HAITI ONLINE NEWS

Propos recueillis par Andy Limontas & Eunide Innocent pour DIASPORAMA/CANAL+HAITI
copyright@Mars2012/Tous droits réservés CANAL+HAITI

mercredi 3 octobre 2012

Interview exclusive avec la présidente de l’APDARH de France, Irène Hadassa Clovis Pierre-Saint.

Née au Surinam (Amérique du Sud) de parents haitiens (père et mère), Irène Hadassa Clovis Pierre-Saint n’a jamais foulé le sol haitien et pourtant , elle en meurt d’envie. Elle a beaucoup papilloné entre le Surinam, la Guyane Française et la France. Elle cherche ses racines , elle se cherche. elle cherche Haiti. Elle souffre avec son pays d’origine. Elle prend ses responsabilités comme « patriote conséquente ».

Après sa première performance, parue le 7 décembre 2011, c’est la deuxième participation de madame Hadassa Clovis Pierre-Saint à « Diasporama ». Elle remet ça  et de façon magistrale…Combien d’haïtiens, haïtiennes, que j’ai pu rencontrer qui avait honte de dire qu’ils étaient Haïtiens, qui n’osaient même pas parler le créole ! Vous  ne verrez jamais un français dire à un étranger, je suis américain s’il est français. Combien d’haïtiens mentent pour paraître ce qu’ils ne sont pas ! Je pense qu’il y a un total désamour de la part de la majorité d’ Haïtiens  vivant en Haïti et à l’étranger et ce à tous les niveaux. Il faut qu’on réapprenne à s’aimer, pour pouvoir  aimer notre pays…

Elle aime Haiti, d’un amour démesuré. Cette histoire d’amour infini la pousse à créer des groupes sur le réseau social « Facebook » et des organisations sociohumanitaires là où elle évolue, avec d’autres haitiens et haitiennes de souche... ‘Je dirais que je suis en pleine quêtes, je cherche justement  à créer ce rapport  avec Haïti. Cela ne fait pas très longtemps que j’ai découvert ce désir, cette curiosité d’apprendre à connaitre ce pays, et j’en découvre tous les jours des choses fantastiques sur Haïti. Avec des amies, on a créé un groupe nommé Association Perles Des Antilles d’Haïti, Ressuscité (APDARH) sur Facebook, pour justement aidez mes compatriotes à redécouvrir, pour ceux qui avaient oublié Haïti et puis les autres, comme  moi par exemple qui suis jamais allée, de découvrir ce pays dans l’attente de s’y rendre très prochainement je l’espère de tout cœur…’

Sans plus tarder, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, Diasporama est fière de vous présenter une authentique fille et ambassadrice d’Haiti dans l’Hexagone: Irène Hadassa Clovis Pierre-Saint.
Entretien à coeur ouvert 


DIASPORAMA.- Irène Hadassa Clovis Pierre-Saint, pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ou universitaires?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- J’ai un Brevet d’Etude professionnel en secrétariat, un baccalauréat accueil, Assistance Conseil, et puis actuellement je prépare une licence de droit.



 DIASPORAMA.- Quels pays avez-vous visité avant de vous établir définitivement en France?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- Alors je n’ai pas vraiment visité de pays, a proprement parlé, mais toutefois, je suis née au Surinam,  à l’âge de 4 ans  nous avons du  quitter le Surinam avec mes parents en direction de la Guyane française à la recherche du bonheur et puis à l’âge de 20 ans, nous avons décidé ma famille et moi de partir vers la Métropole (NDLR, La France) pour poursuivre mes études et puis chercher du travail. Donc voilà je n’ai pas visité de pays, mais j’ai résidé dans chacune de ces pays, le Surinam, la Guyane Française et la France où je réside actuellement.


 DIASPORAMA.- Quelle relation développez-vous avec  la communauté haïtienne de Tours?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  J’entretien de bonne relation avec la communauté Haïtienne à Tours. Je ne connais pas beaucoup d’haïtiens à Tours, je sais qu’il y en beaucoup d’haïtiens mais pour le peu que je connais, j’entretiens de bonne relation dans l’ensemble.


DIASPORAMA.- Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous êtes ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  Oui très certainement, qu’il existe des associations là où j’habite à Tours, j’en ai rencontré et je sais qu’ils font des choses formidable pour Haïti avec le peu de moyen qu’ils ont. Et ce qui m’a toujours marqué dans ces associations c’est que ce ne sont pas forcément des associations haïtiennes, mais  ce sont des Français fasciné par Haïti, qui décidés par curiosité, par un élan de générosité, ou peut–être par amour de ce pays d’apporter leur contribution… et ça fonctionne très bien. D’ailleurs ces associations m’ont appris beaucoup de chose sur Haïti.


DIASPORAMA.- Qu’est-ce que vous aimez chez les français et que vous aimeriez retrouver  chez les haïtiens?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  Ce que j’aime chez les français c’est cette façon de dialoguer et échanger, Je dirais même que débattre, c’est leur première fonction….. Il arrive que la plupart de leur débat soit houleux, mais ils font toujours en sorte de se respecter,  ils peuvent s’envoyer des pics par si des pics par là, mais ils savent qu’il y a des limitent à ne pas dépasser, même s’ils ne sont pas forcément d’accord avec la personne en face. Vraiment je crois que entre nous les haïtiens nous avons trop de familiarité entre nous, de se dire tout et non n’importe quoi en public, pas de respect pour aucune autorité, à croire qu’on n’a pas d’éducation, on aime pas du tout la correction, et ça c’est dommage.
 
Il faut vraiment qu’on apprenne à se respecter, et réapprendre à s’aimer ! c’est primordiale et fondamentale et deuxième chose que j’aimerais retrouver chez les haïtiens que j’aime chez les français, c’est leur  fierté d’appartenance à la France, d’être français, malgré les polémiques qu’il y a eu sur le fait de l’appartenance, sur l’identité nationale… on ne verra jamais un français nié sa langue, ou avoir honte de dire je suis français !. Combien d’haïtiens, haïtiennes, que j’ai pu rencontrer qui avait honte de dire qu’ils étaient Haïtiens, qui n’osaient même pas parler le créole !

 Vous  ne verrez jamais un français dire à un étranger, je suis américain s’il est français. Combien d’haïtiens mentent pour paraître ce qu’ils ne sont pas ! Je pense qu’il y a un total désamour de la part de la majorité d’ Haïtiens  vivant en Haïti et à l’étranger et ce à tous les niveaux. Il faut qu’on réapprenne à s’aimer, pour pouvoir  aimer notre pays.


DIASPORAMA.- Comment sont vos rapports avec « Haïti-Chérie », actuellement ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  Je dirais que je suis en pleine quêtes, je cherche justement  à créer ce rapport  avec Haïti. Cela ne fait pas très longtemps que j’ai découvert ce désir, cette curiosité d’apprendre à connaitre ce pays, et j’en découvre tous les jours des choses fantastiques sur Haïti. 

Avec des amies, on a créé un groupe nommé Association Perles Des Antilles d’Haïti, Ressuscité (APDARH) sur Facebook, pour justement aidez mes compatriotes à redécouvrir, pour ceux qui avaient oublié Haïti et puis les autres, comme  moi par exemple qui suis jamais allée, de découvrir ce pays dans l’attente de s’y rendre très prochainement je l’espère de tout cœur, Haïti et moi sommes en train de nous découvrir l’un à l’autre et nous avons déjà pris rendez-vous pour nous rencontrer.


DIASPORAMA.- En ce moment, quels genres de support apportez-vous à la Mère-Patrie ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- Actuellement avec des amies, nous sommes en train de créer une association du même nom que le groupe ouvert sur Facebook APDARH, toujours dans le même esprit véhiculer une image positive d’Haïti, faire découvrir la culture des Antilles d’Haïti, voir comment est-ce qu’on peut aider, apporter notre contribution à  l’éducation, dans la santé, du tourisme etc…, il est vrai que nous ne connaissons pas grandes choses sur Haïti, mais l’envie et là, l’amour pour Haïti est là, la vision, les projet sont là,  Dieu est avec nous, ce qui est le plus important selon moi, nous sommes une équipe de jeunes dans l’âge mais aussi dans la tête, pas seulement d’haïtiens mais aussi d’Africain, et d’autre nationalité.

 Nous avons aussi comme objectif de travailler, dans quelques mois ou quelques années en étroite collaboration peut-être avec la « Nouvelle Génération Engagée Togolaise » , qui est une association Togolaise, qui fait des choses magnifiques pour aider les Jeunes Togolais, dont la vice présidente est  Delali Attiopou, en est la marraine de notre association, il est toujours intéressant de voir ce qui se passe chez nos voisins et s’inspirer de ce qui a fonctionné surtout quand ils combattent le bon combat tel que la NGE. 

 Voilà donc les choses avance petit à petit, pas à pas, et ensemble on peut y arriver ;  Je crois que vraiment le plus important est de faire les choses, à la manière de Dieu, pas à la manière des Hommes ! Et le reste, les résultats, les changements viendront d’elle-même.


DIASPORAMA.- Souhaiteriez-vous vous établir en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- Pour l’instant je ne peux pas vous répondre tant que je n’aurais pas visité Haïti, lorsque j’aurais visité Haïti, à partir de ce moment là je serais plus apte à répondre à cette question. Vous savez c’est facile d’aimer un pays qu’on n’a jamais rencontré, et  est-ce que lors de cette rencontre pour la première avec cette chère Haïti, je vais l’aimez toute autant, est-ce que je vais me sentir chez moi, j’ai beaucoup de question en suspend, c’est pourquoi il devient très urgent que je rencontre Haïti.


DIASPORAMA.- Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- Ouf ! …à ce sujet j’ai beaucoup de choses à dire en tant que jeune, mais je rêve qu’un jour voir cette belle jeunesse haïtienne, métissé, de couleurs de toutes races, se lever et construire son pays, prendre des décisions, se bouger un peu, prendre la parole, je rêve de voir cette jeunesse tracer sa voie, et marcher dans la voie de la vérité, de la justice, de l’intégrité, de respect, de l’amour, du partage, du pardon et de la réconciliation…. 

Car je crois que c’est vraiment le moment pour nous la jeunesse d’écrire une nouvelle page qui pourrait marquer l’histoire d’Haïti, bâtir un nouvel Haïti sur des  fondations saines. Vous savez souvent, j’entends  mes  aînées, mes compatriotes ou même des jeunes comme moi vieux dans la tête déjà à leur âge, parler de l’empereur Dessalines et bien d’autres… qui ont marqués l’histoire d’Haïti et moi en tant que jeune naïve peut – être, je dis et je le redis  que Dessalines fait parti de l’histoire d’Haïti, et ne fait plus parti du présent et qu’il faut qu’on arrête de sortir les vielles cassettes, alors que nous sommes dans l’air de CD, de l’MP3, ces hommes ont fait ce qu’ils avaient à faire, bien ou pas bien, mais nous les jeunes, qu’est-ce que nous attendons pour agir, pour marquer l’histoire à notre tour, qu’est-ce qu’on attend pour prendre un balaie et  nettoyer notre pays, qu’est-ce qu’on attend pour mettre la main à la patte. Dessalines, c’est Dessalines, et nous qui nous sommes et que faisons-nous. 
 
Moi je vois l’avenir d’Haïti dans la jeunesse, quand je parle de jeunesse, je parle de jeunesse dans la tête, qui est capable de sortir du passé, parce que malheureusement il y des jeunes vieux dans la tête, (dans le passé tout n’a pas été bon !),  une jeunesse  qui est capable de renouveler la mentalité, capable d’ouverture d’esprit, dans le respect de chacun et dans la dignité. Il faut que la jeunesse se lève, réclame aux autorités établies une bonne éducation de sagesse, d’intelligence, d’humilité, d’honnêteté, une scolarité de choix ouvert à tous sans distinction de classe sociale parce que la jeunesse aussi a le droit de s’exprimer. La jeunesse doit prendre son destin en main. Nullement besoin de prendre des armes, nullement besoin de ce faire entendre par la violence, utilisons le droit de parole que nous avons pour parler et proposer des idées constructives avec  sagesse.


DIASPORAMA.- Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  Tout simplement d’aimer son pays, Haïti. Si nous sommes dans cette situation, aujourd’hui  ce n’est pas à cause des blancs, ni des jaunes, ni des américains, etc… C’est tout simplement de notre faute, et c’est  purement la vérité, donc à nous de réparer  nos erreurs  passées, et  de cesser de trouver des excuses ; nous avons laissé faire les choses sans rien dire.

Pour demander le changement d’un pays, pour rebâtir il faut de l’amour pour ce pays, or nous les Haïtiens nous n’aimons pas notre pays, tout simplement parce que nous ne le respectons pas ! Nous sommes toujours les premiers à faire de la mauvaise publicité pour notre pays. Si nous n’aimons pas notre pays, qui va l’aimer, qui l’aimera à notre place ???  Si de notre bouche sort que de la haine et l’amertume, qui va l’aimer ! L’étranger ? Haïti est assiégée par des étrangers parce que nous l’avons donné aux étrangers librement avec l’accord de tous les haïtiens, diasporas ou non nous sommes tous concernés, tous impliqués sans exception.

 Vous savez nous sommes, nous autres haïtiens trop fort pour faire des débats politiciens, nous sommes forts pour critiquer les choix, mais quand c’est pour dire et parler de son amour pour Haïti plus personnes, il faut presque supplier !! Je parle de constat et d’expérience personnelle que j’ai vécue, et des témoignages qui ont conclu au même constat. Attention je ne critique pas, c’est juste des constats,  et je crois qu’il est important de parler de ce qui ne va pas afin de faire table rase, ainsi avancer ensemble sur de bonne base.


DIASPORAMA.- Qu’entendez-vous par « développement durable » ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  Ce que j’entends par développement durable, c’est  répondre aux besoins élémentaires d’un peuple, d’une population, d’un pays au présent et qui durent dans le temps. 

Pour qu’il y ait développement durable il faut une cohésion une entente entre différents agents, tel que le peuple, les différentes structures, les  politiciens, en bref on a besoin de tous les agents pour contribuer à cela et répondre aux besoins économiques, sociaux environnementaux et de façon durable, et doit être capable de se renouveler  quand le système ne fonctionne plus.

   
DIASPORAMA.- Pouvez-vous faire le distinguo entre « aide pour le développement durable » et « aide humanitaire » ; laquelle de ces problématiques choisiriez-vous pour Haïti et pourquoi?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  Comme j’ai répondu à votre question précédente, le développement vise à  répondre aux besoins élémentaires d’un peuple de façon pérenne, et autonome.

Moi personnellement, je choisirais le développement durable, car pour moi ce serait un signe d’une autonomie, ce serait le début de  la fin de l’assistanat ce qui n’est pas le cas en ce moment. Alors que l’aide humanitaire c’est bien pour un cas d’urgence comme les catastrophes naturelles, pour aider dans un temps donné, pour aider un pays à faire face aux problèmes pendant que le pays trouve des solutions, pour assister le pays mais pas de façon pérenne, l’aide humanitaire doit être ponctuelle, ors ce nous constatons en Haïti, est que l’aide Humanitaire a presque remplacée l’Etat, l’Etat n’est quasiment plus autonome, le pays vie sous l’assistanat et sur ce point nous devons poser des questions, sur la  question de la gestion du pays et comment faire pour sortir de l’assistanat et enfin dire aux aides humanitaires merci pour tout mais on n’a plus besoin de vous !!!

 Attention dans l’état actuel des choses on ne peut prendre le risque de demander à l’aide humanitaire de partir parce que la vérité est qu’on a grandement besoin d’eux. Et se séparer d’eux maintenant serait une folie !


DIASPORAMA.- Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- Sur ce point je ne peux donner mon avis parce que je ne vis pas en Haïti je n’ai pas suffisamment de recule sur ce point, ceux qui sont les plus apte à répondre à cette question sont ceux qui vivent là-bas, selon moi vous devriez leur poser cette question. Je serais très intéressée d’entendre leur avis sur la question.


DIASPORAMA.- Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FADH ? Pourquoi ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  La FADH, la encore je ne peux pas répondre tout à fait à cette question, mais je pense que dans tout pays il y a des forces armées, il y a bien des forces armées étrangères qui sont bien en Haïti,  d’après ce que je sais,  sauf erreur de ma part, je ne crois pas que  les forces armées  Haïtiennes soient implantées dans d’autre pays, donc cela mène à réfléchir sur la politique sécuritaire  d’Haïti, et quelle serait son rôle ????

 Si je fais erreur  sur la question n’hésitez surtout pas à  me corriger. Un pays digne de ce nom, à besoin de se protéger parfois  d’elle-même et de l’extérieur ; Du point de vue de l’extérieur un pays qui n’a pas de forces armées est un pays faible qui ne peut se défendre sans l’assistance d’un pays allié ce qui pourrait être une marque de faiblesse. Haïti doit devenir un Etat de providence mais aussi un Etat gendarme, en bref selon moi concilier les deux.


DIASPORAMA.-  Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- Ma réponse est non, tout simplement parce que à un moment donné il va falloir que Haïti apprenne à s’envoler de ses propres ailes, le monde change et Haïti doit changer aussi, le monde évolue aussi et dans le bon sens, il suffirais juste que nous « mété têt ansanm » pour voir les choses décollé en Haïti, mais nous sommes bien trop orgueilleux et avide pour comprendre ça et c’est dommage. 

Il faudrait se tourner vers Dieu pour tout changer en un instant, cela fait combien de temps que Haïti est assiégée par l’étranger ???? En ce qui me concerne depuis  l’enfance j’entend parler de la communauté internationale en Haïti. Et la question est qu’est-ce que nous y  gagnons ?  

Maintenant, attention, demander à la communauté internationale de partir maintenant serais une folie, puisque nous n’avons pas de quoi subsister seul et prendre soin de tout un peuple. Il faut développer le pays durablement et sortir de cet assistanat, pour qu’un jour Haïti devienne un modèle de réussite et d’innovation et ce dans tout les secteurs...


DIASPORAMA.- Irène Hadassa Clovis Pierre-Saint, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.- Au niveau spirituel, sentimental, je dirais que oui j’ai réalisé le  rêve de ma vie qui est de servir Dieu, et ce n’est pas moi qui l’ai choisi mais c’est lui qui m’a choisi, mais toutefois, il reste un rêve cher à mon cœur, c’est un jour foulé la terre d’Haïti, la rencontrer, la touché et écouté ce qu’elle a à me dire, certainement qu’elle attend ma venue.

 Je rêve de voir une autre Haïti, une Haïti solidaire, une Haïti amoureuse, une Haïti décideuse, victorieuse, intègre, riche. Je souhaite qu’elle devienne une grande puissance, qui domine, qui produit pour elle-même mais aussi pour les autres, une Haïti auto-suffisante, capable de subvenir à ses propres besoins. 

Mais pour  cela  il faudrait déjà que Haïti se délie de son passé et regarde le futur avec plus d’optimisme, d’espérance, que Haïti toute entière face une grande repentance générale et demande pardon à  qui de droit, se pardonner à soi-même, bannir toutes sortes d’amertumes, de colères, on ne peut rien bâtir sur tout ce qui est ténébreux et si le cœur est ténébreux, on ne peut s’attendre à un changement radical, car le changement commence dans le cœur, sans pardon et sans amour pas de reconstruction durable.


DIASPORAMA.- Quel est le mot de la fin ?

IRENE HADASSA CLOVIS PIERRE-SAINT.-  Le mot final pour Haïti est passé à autre chose ! Saisir l’opportunité de la nouvelle chance que Dieu nous donne de tout recommencer à zéro sur de bonne base, si la première méthode  ne fonctionne pas… allons, essayons une autre méthode qui soit plus saint ! Et arrêtons d’utiliser tous les jours l’esclavage, la couleur de la peau, pour justifier notre amertume et vivre dans les excuses cela doit cesser, que Haïti devienne un bon terrain qui porte du fruit en toute saison ! Préparons la terre, labourons la terre, semons pour que Haïti puisse recevoir la pluie, de la prospérité, de la liberté.  Que Haïti devienne une lumière dans le monde. Et ce que je tiens  à  dire à mes compatriotes qui serait le mot de la fin, ce n’est pas un Homme qui fait un pays, c’est un tout,  c’est un territoire, une nation, un peuple, un état, etc…

 Ce que je veux dire par là oui un président est élu pour faire ce que le peuple lui demande, mais qu’est-ce qui nous empêche nous de l’aider, plutôt de critiquer  sans respecter  l’autorité  qui a été établit  que nous autres avons voté pour qu’il soit à la tête du pays, qu’est ce qui nous empêche, nous de prendre la pelle et de travailler à la reconstruction. L’union fait la force, que ces quatre mots devienne réalité ! Et que la devise, liberté, égalité, fraternité  soit en Haïti. 

Car je crois qu’il y a bien longtemps qu’Haïti n’est plus liberté, égalité et fraternité ! Moi je veux parler à tous ceux qui aime leur pays, à tous les haïtiens  qui aime Haïti, d’arrêter de se déchirer entre nous, d’arrêter d’être orgueilleux, de faire des clans,  de former des rivalités, les distinctions entre haïtiens de souche et haïtiens blanc ou métissé, d’arrêter de nous tuer les uns les autres, «  nou tout sé afriken nou yé, nou se pitit Bondye , tout pitit yon sèl kreyatè a, si nou té kòmanse vire kè nou, détounin ké de mal, pou ké nou ta  vin jwenn Bondye, pou jwenn solisyon ke nou bezwen pou peyi nou, ke se sèl Bondye  kapab ban no !, moun ki  mete konfyans yo nan mounn nan n’homme va pèdi lavi l ‘, men, moun ki mete konfyans li nan sa Bondye dit,  ka genyen nan lavi li. mwen kwè ke nou pédi ase temps nan chamaillement, pito nou comencé fé bon bagay pou péyi nou, pou pitit nou, pou la gloire de Dieu. Sé sa ke en tant que jeune haitienne, mwé ta rinmin wé nan péyi’m, sé an lot péyi que mwen vlé wé !! Et mwen gin la fwa, ké yon jou map wé ayiti tounin you cité, yon peyi de lumiére ! paské nom nou sé pa peuple mizé, mais sé peuple  richesse  avec beaucoup opportunité pou nou exploité! » Haiti je vous aime !

Je vous remercie DIASPORAMA  de me donner l’opportunité de m’exprimer. Soyez béni pour tout le travail d’informations que vous avez accompli et que vous continuerez à accomplir très certainement.


DIASPORAMA.- DIASPORAMA & CANAL+HAÏTI  vous remercient pour  votre support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.


Propos receuillis par Andy Limontas pour « Diasporama »/CANAL+HAITI
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mardi 2 octobre 2012

Lucie Tondreau, Journaliste et leader communautaire incontournable en Floride.


Tous ceux qui luttent pour l’amélioration du mode de vie haïtien tant en Haïti qu’à l’étranger, devraient rencontrer Madame Lucie Tondreau qui s’est fait un nom, en défendant, de façon magistrale et spontanée, les droits des haïtiens et haïtiennes  vivant aux États-Unis, plus spécialement ses compatriotes évoluant dans l’état de la Floride.
 
Originaire de «La Vallée-de-Jacmel» (Département du Sud-est), madame Tondreau laissa Haïti malgré elle, alors qu’elle était une fillette, en 1967. Son père passa six mois, pour des raisons ‘politiques’ à la prison-musée du régime des Duvalier, «Fort-Dimanche» (La Saline). Quelques temps plus tard, elle et  sa famille s’exilèrent au Canada. Elle n’a pas la mémoire courte, « … je n’oublierai jamais le soir ou un camion de tontons macoutes a investi notre maison pour arrêter mon père. Il travaillait à Damien et avait été arrêté en même temps que Georges Eustache. On les avait accusé de propager les documents d’un livre intitule « Radiographie d’une dictature… »

Après avoir fait de brillantes études à Montréal et New-York, Lucie Tondreau s’installa à Miami en 1986. Sa rencontre avec feu le Révérend père Gérard Jean-Juste allait complètement changer sa vie au niveau de sa conception des droits humains, «…défendre des réfugiés à l’époque qui arrivaient par centaines  tous les jours. La réception et les injustices subies par nos compatriotes par rapport aux cubains étaient criantes. J’ai travaillé aux côtés du Père Gérard Jean Juste pour encadrer nos compatriotes…»

Dans cet entretien exclusif, La militante nous parlera de ses bons et mauvais souvenirs de son pays d’origine, de sa position par rapport à la réhabilitation d’une force armée militaire haïtienne en Haïti,…et surtout elle n’y va pas avec le dos de la cuillère, en parlant de l’ immixtion de l’armée Onusienne en Haïti, «…La présence de la Minustah n’aide pas au développement ni à la sécurité de notre pays. Au contraire. Tout comme moi vous avez entendu les histoires morbides de la Minustah en Haïti vis-à-vis de nos jeunes. Jusqu’ici il reste encore à prouver combien de pays occupé a fait un pas vers l’avant… »

Femme de médias, madame Lucie Tondreau parle sans ambages à «DIASPORAMA»…

…ENTRETIEN…
DIASPORAMA.- Lucie Tondreau, depuis quand avez-vous laissé Haïti?

LUCIE TONDREAU.- Mes Parents ont laissé Haïti en 1967 pour le Canada.


DIASPORAMA.- Pour quels motifs avez-vous laissé Haïti ?

LUCIE TONDREAU.- Mon père a passé 6 mois au Fort Dimanche à l’époque de Papa Doc pour des raisons politiques.


DIASPORAMA.-  Dans quelle(s) condition(s) avez-vous laissé votre pays ?

LUCIE TONDREAU.- J’étais encore enfant et ne comprenais pas trop bien ce qui arrivait. Cependant je n’oublierai jamais le soir ou un camion de tontons macoutes a investi notre maison pour arrêter mon père. Il travaillait à Damien et avait été arrêté en même temps que Georges Eustache. On les avait accusé de propager les documents d’un livre intitule « Radiographie d’une dictature ».


DIASPORAMA.-  Pouvez-vous nous parler de vos activités professionnelles ou universitaires?

LUCIE TONDREAU.-   Mes études élémentaires, secondaires, collégiales et universitaires ont eu lieu à Montréal. J’ai continuée en Floride.


DIASPORAMA.-   Quels pays avez-vous visité avant de vous établir définitivement aux Usa?

LUCIE TONDREAU.- Tout d’abord le Canada, un peu plus tard la Cote d’Ivoire et plusieurs pays de la Caraïbes recherchant Haïti. J’ai fait le va et vient entre Montréal et New-York pendant plusieurs années puisque que ma mère s’y était établie.


DIASPORAMA.- Quelle relation développez-vous avec  la communauté haïtienne de Miami?

LUCIE TONDREAU.- En 1986, je me suis établie à Miami dans le but de militer pour la défense des réfugiés a l’époque qui arrivaient par centaines  tous les jours. La réception et les injustices subies par nos compatriotes par rapport aux cubains étaient criantes. J’ai travaillé aux côtés du Père Gérard Jean Juste pour encadrer nos compatriotes.



DIASPORAMA.-  Existe-t-il des associations pouvant défendre les intérêts des haïtiens là où vous êtes ?

LUCIE TONDREAU.- Il en existe plusieurs, parmi lesquelles  la « Haitian American Grassroots Coalition », Veye-Yo, Fanm Ayisyen nan Miyami, Sant La, Center for haitian Studies, pour n’en citer que celles-là.



DIASPORAMA.- Qu’est-ce que vous appréciez chez les américains et que vous aimeriez retrouver  chez les haïtiens?

LUCIE TONDREAU.- Le Patriotisme des Américains. Dès qu’il s’agit des intérêts des américains, il n’existe pas d’appartenance politique, ils voient pays avant tout. 

L’état de droit qui existe ici aux USA que nous ne voyons pas en Haïti. 

La transparence dans  l’ État haïtien, ici les contribuables peuvent questionner et voir ou va l’argent de leurs impôts.

Le respect de l’environnement.

Le droit de tout un chacun de vivre en paix.


DIASPORAMA.-  Quels genres de difficultés rencontrez-vous aux États-Unis ?

LUCIE TONDREAU.- La bataille sans fin de notre communauté face à un système qui ne fait cadeau à personne. Quand il ne s’agit pas de l’immigration, c’est la reconnaissance de nos jeunes Haïtiens au niveau scolaire, etc… Des qu’Haïti présente une mauvaise image cela reflète dans la façon dont  les étrangers nous traitent.


DIASPORAMA.- En ce moment, comment sont vos rapports avec « Haïti-Chérie » ? 

LUCIE TONDREAU.-  Assez étroits. J’évolue dans une communauté ou les haïtiens vivent de politique ou tout fonctionne à partir de ce qui se passe en Haïti. Je n’ai pas vraiment le choix. Mais mon attachement avec Haïti est inébranlable. Comme on dit : … «Quand Haïti éternue, j’ai la grippe ». La lutte pour l’amendement constitutionnelle pour la reconnaissance de la multiple-citoyenneté afin que les gens qui vivent ici puissent apporter leur connaissance et expérience vers le développement d’Haïti.


DIASPORAMA.-   Aimeriez-vous retourner vivre définitivement en Haïti ? Si oui, sous quelles conditions ?

LUCIE TONDREAU.-  Mon rêve le plus cher est de vivre dans mon pays. Il y a tellement à faire, tellement à donner, tellement à expérimenter en Haïti, je pense qu’Haïti est l’un des plus beau pays sur terre.


DIASPORAMA.-  Parlez-nous de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?
 
LUCIE TONDREAU.-  Mon premier voyage en Haïti en tant que journaliste était pour couvrir les élections du 29 Novembre 1987 l’expérience n’était pas bonne du tout. J’ai vue et entendu et encore cela ne m’a pas empêché d’y retourner. Je rentre pratiquement  tous les 3 mois en Haïti  pour des raisons professionnelles et j’en profite pour faire du tourisme local.


DIASPORAMA.- Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti?

LUCIE TONDREAU.-  Quand je regarde l’évolution de la situation qui sévit actuellement en Haïti, je m’inquiète sincèrement pour la jeunesse grandissante. Les valeurs d’antan n’existent plus, les jeunes s’américanisent de plus en plus en oubliant ce que nous représentons en tant que peuple. C’est pour cela qu’à chaque fois nous remontons à l’histoire. Nous évoquons encore Dessalines, Louverture, et cela remonte à plus de 200 ans. Au niveau ’histoire’ nous n’avons pas grand ’chose à montrer à part notre héroïque Indépendance de 1804.


DIASPORAMA.- Que pensez-vous de la présence de la Minustah en Haïti ?
 
LUCIE TONDREAU. Je pense qu’Haïti en tant que pays souverain ne devrait en aucun cas être sous ’égide  d’autres pays. La présence de la Minustah n’aide pas au développement ni à la sécurité de notre pays. Au contraire. Tout comme moi vous avez entendu les histoires morbides de la Minustah en Haïti vis-à-vis de nos jeunes. Jusqu’ici il reste encore à prouver combien de pays occupé a fait un pas vers l’avant. La Minustah n’est pas la réponse pour nous.


DIASPORAMA.- Devrait-on remobiliser et réhabiliter les FAD’H ? Pourquoi?
 
LUCIE TONDREAU.- Je ne vois pas en quoi une armée aiderait la situation actuelle de notre pays. On parle souvent de la frontière que nous partageons avec la Dominicanie, même si nous avons une armée nous n’arriverons pas à l’effectif de l’armée  Dominicaine, ni n’avons les moyens pour soutenir une armée. Renforcer la police nationale, créer une garde forestière,  etc… Répondraient plus à nos besoins actuels. Les jeunes peuvent toujours être utilises avec un bon training en cas de désastre écologique, telles que tremblement de terre, cyclone ou autres.


DIASPORAMA.- Les haïtiens devraient-ils rester indéfiniment sous la coupe de la communauté Internationale?

LUCIE TONDREAU.- Notre plus grand drame est cette mentalité de mendicité dont nous sommes actuellement. Il faut aussi comprendre que lorsque l’internationale contrôle notre budget, il contrôle aussi notre façon de vivre, de penser et même d’agir. Nous regardons avec peine, la façon dont les communautés dirigent notre pays tout en s’enrichissant, c’est vraiment dommage. Si nous établissons un état de droit ou les citoyens deviennent responsables, on pourra sans aide internationale regagner notre Indépendance.



DIASPORAMA.- Lucie Tondreau, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ? 

LUCIE TONDREAU.-  Pas encore, a part des succès personnels je pense que le plus grand rêve reste de voir un jour Haïti a un autre niveau. Ou les citoyens n’auront pas à prendre des risques pour quitter le pays et mourir en mer ; la fin de l’humiliation de mon peuple à travers le monde que l’on considère comme des parias. 

Enfin l’éducation de tout un chacun pour que nous cessions de toujours trouver les mêmes excuses à savoir « j’ai oublié mes lunettes,  je ne peux écrire ». Enfin avoir une classe possédante responsable qui contribue au développement du pays au lieu de s’enrichir et investir dans d’autres pays. Ici aux États-Unis c’est la bourgeoisie qui construit écoles et Universités, hôpitaux.

 On voit partout la classe possédante non seulement est responsable pour payer son impôt, mais aussi elle a ce sentiment d’appartenance de l’endroit où elle vit et ne regarde pas son pays comme un endroit on l’on fait escale. Avoir de vrais hommes politiques qui ont les intérêts du pays  a cœur au lieu de leurs intérêts personnels. En fait une Haïti comme autrefois ,je crois du temps où vivait mon père  il faisait bon d’y vivre.


 DIASPORAMA.- Madame Tondreau… un dernier message…?

LUCIE TONDREAU.- Malgré tous les problèmes que nous confrontons aujourd’hui, je reste confiante qu’un jour Haïti changera. J’espère tout simplement que je pourrai apporter mon grain de sel à ce changement.

 Le peuple Haïtien à une responsabilité morale envers divers pays à qui il a donné le ton contre l’esclavage et a pu défier une puissance à un moment ou encore on prenait les noirs pour des sauvages. Le monde a les yeux braqués sur nous et nous avons un défi à relever en tant que peuple, en tant que première nation nègre à être Indépendante, et surtout en tant que petits-enfants de nos ancêtres qui ont participé à changer l’histoire des noirs…


Madame Lucie Tondreau, « Diasporama » et « CANAL+HAITI » vous remercient pour  votre support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. 

DIASPORAMA est un vibrant hommage rendu à la courageuse Communauté Haïtienne vivant à l’étranger pour son support infatigable, agissant et indéfectible aux compatriotes de la Patrie-mère pour un avenir meilleur.
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DIASPORAMA, comme son nom l’indique, est une tribune panoramique mise, essentiellement,  à la disposition des haïtiens et haïtiennes qui vivent à travers le monde, par CANAL+HAITI,  afin de mieux se connaître et se faire connaître, mieux connaître leur pays d’origine, mieux comprendre le milieu ambiant, pour se faire comprendre de part et d’autre et servir de boussole à ceux et celles du terroir.

Cette chronique (DIASPORAMA) se propose d’être la passerelle entre les Haïtiens de l’intérieur et ceux de l’extérieur. Ensemble, nous allons donner un sens beaucoup plus constructif et positif à la thématique. Diaspora, nous avons besoin d’un « Heads Together » pour le bien de notre Nation.  

Aimeriez-vous faire passer vos idées à travers « Diasporama » ? Envoyer vos textes ou réclamer le questionnaire/diasporama par l’email (Courriel) suivant :

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Propos recueillis par Andy Limontas pour la chronique «DIASPORAMA »   du site de l’Agence Haïtienne de Nouvelles : CANAL+HAÏTI

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