Le décret anti-immigration de Donald Trump a provoqué l'indignation et la colère dans le monde entier. - Mandel Ngan / AFP |
Des centaines de sans-papiers ont été arrêtés et expulsés par les autorités américaines, la semaine dernière. Les opérations, présentées comme "routinières", ont créé la panique dans les communautés d'immigrés.
Les autorités américaines ont arrêté et expulsé
plusieurs centaines de sans-papiers considérés comme prioritaires, la
semaine du 6 février. Ces opérations, menées par les agents de l'ICE
(Immigration and Customs Enforcement), l'agence fédérale spécialisée
dans les reconduites à la frontière, ont ciblé des foyers d'immigrés
clandestins dans plusieurs villes, notamment à Los Angeles, New York,
Chicago et Austin.
"Les objectifs de ces opérations ne diffèrent pas des arrestations ciblées et de routine conduites quotidiennement par les équipes de recherche de fugitifs", a déclaré la porte-parole d'ICE, Jennifer Elzea.
Expulser les sans-papiers avec casier judiciaire
Selon le Washington Post,
le nombre d'arrestations s'élève à plusieurs centaines. À Los Angeles,
le directeur local de l'ICE, David Marin, a indiqué aux journalistes que
160 personnes avaient été arrêtées, dont 75% ont fait l'objet de
condamnations lourdes. D'autres, qui n'avaient pas de casier judiciaire,
ont pu être arrêtées lors du même coup de filet, a-t-il dit. Vendredi
soir, 37 clandestins avaient déjà été expulsés vers le Mexique.
Dans un décret signé le 25 janvier, le président Donald Trump a donné
la priorité à l'expulsion des sans-papiers ayant un casier judiciaire
ou accusés de délits. "Les articles faisant état de barrages routiers ou
d'opérations au hasard sont faux, c'est dangereux et irresponsable", a
dénoncé David Marin, selon le Los Angeles Times, soulignant que ses services menaient régulièrement ce type d'opérations ciblées, dernièrement en juillet 2016 et août 2015.
Trump "trahit nos valeurs"
Les arrestations, qui ont visé des lieux d'habitation et de travail,
ont toutefois déclenché la mobilisation des élus démocrates des régions
concernées, notamment en Californie et à Los Angeles, où le Pew Research
Center estime que vivent un million de sans-papiers.
"Le changement de politique du président Trump trahit nos valeurs", a protesté la sénatrice de Californie Dianne Feinstein.
À Austin, au Texas, où vivent 100 000 sans-papiers, la vidéo de l'interpellation d'un homme au volant de son véhicule a fait la une des journaux et provoqué des manifestations. Selon la chaîne locale KVUE, citant le consulat mexicain à Austin, 44 ressortissants mexicains ont été arrêtés en deux jours.
Des opérations similaires sous Obama
Depuis 2011, l'administration Obama avait déjà mené au moins six
opérations nationales similaires, baptisées "Cross Check". La dernière,
qui a duré cinq jours en mars 2015, avait conduit à l'arrestation de
plus de 2000 clandestins considérés comme des "menaces à l'ordre
public".
Mais, désireux d'épargner les familles établies dans le pays sans
autre infraction que celle d'être en situation irrégulière, Barack Obama
avait mis la priorité sur l'expulsion des sans-papiers ayant été
condamnés pour des crimes graves ou des délits répétés: violences,
viols, pornographie pédophile ou appartenance à des gangs. Les
condamnations répétées pour conduite en état d'ivresse étaient aussi
incluses.Trump: une politique plus intransigeante
Le décret de Donlad Trump va plus loin en ne faisant pas la
distinction entre crime et délit, et en ciblant également ceux qui sont
seulement poursuivis ou soupçonnés, sans avoir été condamnés.
Un exemple de cette politique plus intransigeante est l'expulsion, jeudi, de Guadalupe Garcia de Rayos,
35 ans. Cette mère de famille avait été condamnée il y a plusieurs
années pour l'usage de faux documents et déclarée expulsable, mais avait
bénéficié de l'indulgence des autorités jusqu'à présent. Elle a été
arrêtée lors d'une convocation de routine devant les services
d'immigration à Phoenix
Après cette expulsion, très médiatisée, le ministère mexicain des
Affaires étrangères a invité ses ressortissants à "prendre des
précautions et à rester en contact avec le consulat le plus proche pour
recevoir l'aide nécessaire face à une situation de ce type".
Credit: DIASPORAMA-HAITI avec CANAL+HAITI et AFP
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