“Prendre un enfant par la main” chante le poète avec beaucoup de tendresse et une pointe d’inquiétude. C’est qu’au bout de ses doigts, il tient une menotte confiante, un destin à diriger, un avenir à construire. Tâche exaltante et difficile pour les aînés: aider chaque enfant à trouver sa place , grande ou petite, dans l’œuvre divine de progrès de l’Humanité.
Qui tient, en Haïti, les enfants par la main? Qui se soucie de celui qui deviendra un jour le leader patriote, le cadre compétent , l’ouvrier habile, l’employé efficace, l’entrepreneur dynamique et honnête, l’éducateur sérieux et bienveillant, le parent soucieux, gardien des valeurs morales de la Nation?
Est-ce ce petit être fragile sous une hutte minable de la Forêt des Pins sans même une chemisette pour le protéger du froid?
Est-ce cette petite fille de Baie d’Orange qui agonise après avoir mangé des fruits vénéneux pour apaiser sa faim?
Est-ce ce jeune des environs de Léogane qu’un semi-lycée (sic) a abruti à force de répétitions de mots vides de sens?
Est-ce ce petit régulièrement “rigoisé” par des parents timorés qui veulent réussir leur propre vie à travers leur progéniture?
Est-ce cette écolière enrubannée qui se goinfre encore après un solide petit déjeuner vautrée sur le siège arrière de la Mercedes de Papa?
Est-ce cette petite mendiante famélique qui tend les mains dans les villes en se composant un visage de circonstance ?
Personne ne prend ici par la main ces jeunes d’horizons divers qui vivent sur un même territoire, pour leur montrer le chemin de la connaissance, de l’entraide, de la solidarité, du dévouement, de la fraternité. Personne ne leur apprend à se connaître, à se comprendre, à se respecter, à travailler ensemble pour la Patrie commune. Même pas une école de qualité, Même pas de loisirs pour tous.
Oui donc va assurer la continuité de la Nation?
Haïti, tes jeunes sont méprisés, maltraités, abandonnés. Tu ne les aimes pas, tu ne les instruis pas , tu ne leur apprends pas à t’aimer. Tu oublies de construire les maillons de ton éternité. Haïti, Tu glisses vers le néant. Haïti, ressaisis-toi; il en est encore temps. Prends tes enfants par la main.
Crédit: Marie-Marthe Balin Paul/CANAL+HAITI
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