dimanche 17 février 2013

Haïti/USA/Diasporama: La diva, Yanick Etienne, sans détours… Entretien exclusif !

Jonglant sa voix avec dextérité et maestria entre le R’n B et le Gospel Music à la sauce des rythmes caribéens, Yanick Etienne est incontestablement, l’une des meilleures et plus belles voix haïtiennes de tous les temps. Elle naquit à Port-au-Prince, Haïti, un 17 juin. Sur sa page Facebook, madame Dernst Emile se définit, entre autres, comme suit: « I’m a vocalist who has been blessed with tremendous talent(s). My life is not about pursuing the trappings of fame, but rather to touch each and every heart that encounters my soul through my songs, my music.” Ce qui se traduit littéralement par: « Je suis une chanteuse qui a été bénie par un talent extraordinaire. Je ne suis pas à la recherche du piège de la  gloire et de la célébrité, mais voudrais plutôt toucher le cœur de tout un chacun qui aimerait rencontrer mon âme à travers mes chansons et ma musique. »
 
 Elle quitta sa terre natale  au seuil des annexes ’70, pour s’établir aux États-Unis, à la poursuite du « rêve américain », comme tout le monde. Elle est diplômée de “Sheepshead Bay High School” (1972) et de “CUNY Kingsborough” (1978) du “Big Apple”, New York City. Notre « lawyer » avocate (NDLR: Elle a un diplôme en Sciences Juridiques) n’est pas née de la dernière pluie, elle vient d’une famille d’artistes accomplis,  notre diva a de qui tenir : deux frères musiciens, une sœur cadette danseuse,  ses aptitudes vocales lui proviennent directement de sa maman qui avait un don : la qualité et la beauté de sa voix. La cerise sur le gâteau, elle est l’épouse du génie haitiano-américain, le grand compositeur Dernst Emile

 Artiste professionnelle depuis 1979, elle travailla sur les albums de plusieurs grands noms et célébrités du monde musical qui l’entouraient, tels que : Jose Tavernier, Austin Tuitt, Tabou Combo, Elite Orchestra (Gimme Love) ou un certain… Antoine Rossiny Jean-Baptiste aka Ti Manno, le chanteur-compositeur-interprète anglais, Brian Ferry, pour ne citer que ceux-ci.
Le groupe konpa "Elite Orchestra", au fond, assise sur le piano: Yanick Etienne, en 1982


En 1982, au sein du groupe « Elite Orchestra« , elle fut encadrée par les grosses pointures du « Konpa » de l’époque, pour une expérience unique de musique dansante. Au chant, Yanick donna la réplique au « monstre-sacré » Raymond Cajuste, ex-Bossa Combo et on retrouva comme musiciens: Serge Joseph (Guitare-Basse/chœur, ex- »Loups Noirs », « Kyband », DJET-X), Dernst Emile (Chant/chœur), Henri Magloire Gilles (guitare solo/chœur), Rony Ambroise (Guitare-accompagnement), Harold Jean-Pierre (Saxophone-Alto), Bill Saxton (Saxophone-Tenor), Robin Eubank (Trombone), Anderson Cameau (Trompette), Steve Furtado (Trompette), Martin Banks (Trompette),Yves Arsene Appolon (Batterie), Camille Armand (Tambour), Rodrigue Gauthier (Percussions), Jean Alcindor (Synthétiseur).

 Dans cet entretien exclusif avec « Diasporama » de « CANAL+HAITI », l’icône reste accrochée à son alma-mater, «…C’est l’endroit où je me sens la plus connectée avec tout ce qui fait partie de moi. J’ai toujours ce sentiment d’appartenance quand je suis en Haïti. Dans une de mes chansons « Paradi Twopikal », de mon premier album « Dernst Emile Presents: Yanick Etienne, » dans lequel il y a le hit « Mistè Damou », je parle de mon enfance et de ma propre réalité comme je les ai vécues à l’époque… »  

 Sa carrière musicale a été définitivement lancée après la parution de son album « Avalon ». En 1988, sur proposition de l’auteur-compositeur-interprète britannique, Brian Ferry, elle effectua une tournée internationale remarquable en compagnie de ce dernier, dans plusieurs États américains, au Canada, au Japon, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Europe.

 Détentrice du « Prix de la Meilleure Nouvelle Artiste » aux Caribbean Music Awards en 1993, Yanick Etienne est interprète, auteure et compositrice de plusieurs chansons à succès, elle travaille sous les conseils, oreilles et regard avisés, attentifs et attentionnés de son mari, le célèbre compositeur haïtien, Dernst Emile.

 Madame Etienne n’est pas indifférente à la problématique haïtienne de la métropole, certes, concernant la conjoncture actuelle, elle s’adresse à la diaspora en ces termes : « … Pratiquement, littéralement, chaque individu semble avoir son propre conseil ou une solution pour Haïti. L’idéal serait d’utiliser les meilleures idées et d’agir sur elles. La pire chose à faire est de ne rien faire… »

 Et en ce qui a trait à la thématique « Jeunesse haïtienne d’Haïti et de la diaspora », l’artiste est très profonde et explicite dans ses réflexions, elle se sent responsable et concernée : « … Les jeunes, les jeunes sont notre avenir en Haïti et le monde en général. Combien de fois avions-nous entendu dire ça? Nous ne pouvons pas et ne devons pas faire une distinction, ou accentuer un sentiment de séparation entre Haïti et la Diaspora. (Haïti/ diaspora). Pourtant, peut-on dire que nous avons tracé les meilleurs exemples pour ces jeunes dans ce monde, en tant que nation, en tant que pays? Ce qui reste, sont nos différents efforts positifs en tant que parents, frères et sœurs, amis, enseignants et mêmes les étrangers, pour faire notre part dans la vie de chaque jeune… »

 Cet article que nous publions sur Yanick Etienne est destiné non seulement à mettre en exergue les qualités et valeurs intrinsèques de notre prestigieuse invitée, mais surtout à montrer aux jeunes et moins jeunes tant de l’intérieur que de l’extérieur de la Nation de Jean-Jacques Dessalines qu’hormis les mauvais exemples d’une certaine élite inconsciente et irresponsable de l’intérieur et de l’extérieur, nous avons des personnalités de grande envergure, d’une probité morale exemplaire et exceptionnelle qui pourraient leur servir de modèle…NON , nous n’avons pas une carence de valeurs , elles sont là, méconnues, mais bien vivantes, éparpillées à travers la planète, recherchons-les. Notre objectif est de les dénicher là où elles se trouvent afin de les célébrer, vénérer et les présenter à ceux et celles qui croient avoir affaire à des médiocres de tout acabit, seulement…

 A l’instar des Emeline Michel, Yole L. Derose, Carole Demesmin, Lunise Morse, Misty Jean , Stéphanie (Tifane) Séjour, Mimerose P. Beaubrun, Sara Renelik, etc… nous sommes heureux et fier de présenter et de rendre un vibrant hommage à cette grande dame de la musique haïtienne qu’est Yanick Etienne. Elle a répondu spontanément à notre invitation de se dévoiler aux internautes, ami(es), contacts et abonné(es) de « Diasporama », « CANAL+HAITI ».

 Découvrons ensemble d’autres facettes positives de notre Sarah Vaughan nationale, la diva, Yanick Etienne.

Entrevue !

DIASPORAMA/CANAL+HAITI.- Madame Yanick Etienne, depuis quand, Pour quels motifs et dans quelle(s) condition(s) avez-vous laissé votre pays d’origine?

YANICK ETIENNE.- Je tiens à dire que c’est un honneur et un privilège d’être comptée parmi celles qui partagent des idées et des expériences sur CANAL+HAITI. Loin de me considérer être une personne de grande connaissance, je ne suis qu’une petite fille haïtienne qui a été bénie suffisamment d’être en mesure de représenter Haïti d’une manière positive sur la scène internationale en tant que chanteuse. Je vous remercie pour votre soutien et votre foi en moi comme quelqu’une qui peut ajouter mon point de vue à Diasporama. Je vous remercie beaucoup.

 J’étais très jeune. Deux ans après avoir émigré d’Haïti, mon père a parrainé les plus ainés de mes frères et sœurs pour les Etats Unis. Puis, quelques années plus tard, en 1970, ce fut le tour de ma mère et moi, et aussi le reste de la famille. 

D/C+H.- Pouvez-vous nous parler un peu de vos activités professionnelles et/ou de votre cursus universitaire?

YE.- Le collège, Le Lycée, l’Université avec un diplôme en Sciences juridiques de secrétariat.

D/C+H.- Quels pays avez-vous visité avant de vous établir en USA?

YE.- Je n’avais jamais voyagé à l’extérieur d’Haïti avant d’aller aux États-Unis. Mais plus tard, j’ai eu la chance de faire le tour du monde comme une chanteuse dans des meilleures salles de spectacle du monde.

D/C+H.- Qu’est-ce que vous appréciez chez les américains et que vous aimeriez retrouver  chez les haïtiens?

YE.- J’ai beaucoup pensé à cette question. Fondamentalement, c’est la nature humaine, la culture, les valeurs, etc. qui comptent.  Je trouve que les qualités et aussi les tendances négatives sont semblables chez les Américains aussi bien que chez les Haïtiens.

D/C+H.- Quels genres de difficultés rencontrez-vous chez l’ « Oncle Sam »?

YE.- Les mêmes difficultés comme tous ceux qui ne sont pas riche, je suppose: Les impôts élevés, une vie chère, et autres. Mais par contre, j’ai pu obtenir une bonne éducation, l’opportunité de poursuivre mes objectifs et nourrir mes talents. Mieux encore, j’ai eu l’occasion de guider mes enfants à bénéficier de ces mêmes opportunités, et encore plus.

D/C+H.- En ce moment, comment sont vos rapports avec « Haïti-Chérie »?

YE.- Ma relation avec Haïti Chérie est la suivante: Elle est, et sera toujours (mon pays) ; là où j’ai vécu mes souvenirs d’enfance, si important pour ma formation d’adulte. C’est l’endroit où je me sens la plus connectée avec tout ce qui fait partie de moi. J’ai toujours ce sentiment d’appartenance quand je viens en Haïti. Dans une de mes chansons « Paradi Twopikal », de mon premier album « Dernst Emile Presents: Yanick Etienne, » dans lequel il y a le hit « Mistè Damou », je parle de mon enfance et de ma propre réalité comme je les ai vécu à l’époque.

D/C+H.- Quels genres de support apportez-vous, à votre pays d’origine ?

YE.- Mon soutien est d’abord et avant tout mes  prières pour une Haïti meilleure.
D/C+H.- Comment êtes-vous arrivée dans la chanson ?

YE.- Si vous voulez dire « comment je suis devenu la chanteuse que je suis aujourd’hui? » Je dirais que chanter est mon don de Dieu, et l’un des nombreux talents qu’Il m’a accordé. C’est ma passion. Durant les premières années de ma carrière, j’ai beaucoup travaillé pour développer, polir et raffiner mes capacités vocales. J’ai commencé à chanter aussi longtemps que je me souvienne. Je me rappelle qu’il y avait une église à côté de ma maison et à chaque fois il y avait un service, je chantais avec la congrégation. Pourtant, je ne savais pas que j’avais le talent pour chanter. Je ne me considérais pas comme une chanteuse. 

Je savais que je pouvais chanter, rien de plus. Puis, au fil des temps, j’ai commencé à chanter ensemble avec les disques des meilleurs chanteurs du monde. C’est alors j’ai réalisé que je pouvais faire mieux.  J’ai commencé à prendre mon chant au  sérieux et à pratiquer de plus en plus. J’ai travaillé avec quelques-uns des professeurs de chant, puis vint un jour quand mon frère aîné a insisté pour que je reconnaisse, dans une interview, que « oui » j’ai du talent en tant que chanteuse. Et le reste … vous le savez. (sourire).

D/C+H.- Aimeriez-vous retourner vous établir  définitivement en Haïti ? Si oui,sous quelles conditions ?

YE.- Récemment, j’ai passé un séjour en Haïti. Au cours de mon bref passage à Port-au-Prince, je n’ai vu que quelques dommages structurels laissés par le tremblement de terre. Pourtant, j’ai aussi détecté la dévastation humaine dès que je suis sortie de l’aéroport, et j’étais triste. Bien que je me sentais pleine d’espoir, malgré le rythme lent des travaux de reconstruction, je me demandais combien de temps il faudrait pour voir un semblant de normalité en Haïti. Ma destination était La Grande Anse. Permet moi de condenser mon expérience à Jérémie en peu de mots que possible. La ville des poètes, c’est la beauté, le charme, la verdure, les montagnes enchantées, des aliments succulents et des gens formidables. J’ai eu l’occasion de rencontrer et de passer du temps avec certains des enfants de l’école Nationale de Mont Ogé; ils sont les plus dévoués. Ils sont les meilleurs et les plus brillants que la Grande Anse a à offrir et je compte leur apporter mon soutien autant que Dieu le permettra.

 Bien sûr, je serais ravie de me retraiter en Haïti un jour. Il n’y a aucun endroit comme chez soi. Mais Dieu seul peut dicter les conditions.

D/C+H.- Parlez-nous un peu de vos bons et mauvais souvenirs d’Haïti ?

YE.- Heureusement pour moi, j’ai plus de bons souvenirs d’enfance que de mauvais. Je me souviens de l’école, étant l’une des meilleures élèves de ma classe et aussi jouer dans la cour avec mes sœurs et amis. Je me souviens avec émotion aider ma mère dans la cuisine, notamment la cuisson de la dinde chaque année. Je dirais que j’ai eu une enfance normale avec un peu d’expériences et d’apprentissages qui m’ont certainement aidé d’être la femme dont je suis aujourd’hui. N’oublie pas non plus que mon émigration aux États-Unis s’était faite alors que j’étais encore une fillette.

D/C+H.- Quels sont vos espoirs pour la jeunesse haïtienne  d’Haïti et de la diaspora?

YE.- Les jeunes, les jeunes sont notre avenir en Haïti et le monde en général. Combien de fois avions-nous entendu dire ça? Nous ne pouvons pas et ne devons pas faire une distinction, ou accentuer un sentiment de séparation entre Haïti et la Diaspora. (Haïti/ diaspora). Pourtant, peut-on dire que nous avons tracé les meilleurs exemples pour ces jeunes dans ce monde, en tant que nation, en tant que pays? Ce qui reste, sont nos différents efforts positifs en tant que parents, frères et sœurs, amis, enseignants et mêmes les étrangers, pour faire notre part dans la vie de chaque jeune.

D/C+H.- Quels conseils donneriez-vous à la diaspora haïtienne concernant son pays d’origine ?

YE.- Pratiquement, littéralement, chaque individu semble avoir son propre conseil ou une solution pour Haïti. L’idéal serait d’utiliser les meilleures idées et d’agir sur elles. La pire chose à faire est rien.

D/C+H.- Madame Yanick Etienne, avez-vous réalisé le rêve de votre vie ?

YE.- Tant que je vis et respire, je ne peux pas dire que j’ai réalisé le rêve de ma vie. Dieu a un grand rêve pour moi que je ne peux même pas l’imaginer. Par conséquent, jusqu’à ce que mon corps physique quitte ce monde, je n’ai pas la moindre idée.

D/C+H.- Un dernier message au peuple haïtien tant de l’intérieur et de l’extérieur de la métropole?

YE.- Dieu seul le sait vraiment.

D/C+H.- Yanick Etienne, DIASPORAMA & ‘CANAL+HAITI’  vous remercient pour votre support dans le cadre du Mouvement de la Reconstruction d’Haïti, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.

Pour écouter les chansons de la diva, Yanick Etienne, visiter la chaine TV Youtube de DIASPORAMA/CANAL+HAÏTI

Pour écouter la voix extraordinaire de la diva, Yanick Etienne et le groupe konpa ELITE ORCHESTRA cliquer ici

Crédit: CANAL+HAITI

Propos recueillis par Andy Limontas pour la Chronique « Diasporama » de CANAL+HAITI
email: andylimontas@yahoo.fr / canalplushaiti@yahoo.fr
Tous droits réservés@CANAL+HAITI, Février 2013

2 commentaires:

zmax a dit…

Il est rafraîchissant de lire ses réponses. Non seulement elle est un monument musical pour Haïti, elle est aussi humble et prouve que vous pouvez être la plus grande étoile de talent énorme mais aussi avoir un cœur humain. Diasporama, bravo pour cette interview très instructive.

CANAL+HAITI a dit…

...c'est gentil, zmax, on continue le boulot...