mardi 12 décembre 2017

Mon adieu à Johnny Hallyday. Un phénomène français.

MON ADIEU À JOHNNY HALLYDAY. UN PHÉNOMÈNE FRANÇAIS.

«On a tous en nous quelque chose de Johnny. » Emmanuel Macron.————————————————————Biographie: Jean-Philippe Smet, dit Johnny Hallyday, est un chanteur, compositeur et acteur français né le 15 juin 1943 à Paris.

Avec plus de cinquante cinq ans de carrière, il est l'un des plus célèbres chanteurs francophones et l'une des personnalités les plus présentes dans le paysage médiatique français, où plus de 2 100 couvertures de magazines lui ont été consacrées.

S'il n'est pas le premier à chanter du rock en France, il est, en 1960, celui qui, le premier, popularise le rock and roll dans l'Hexagone. Après le rock, il lance le twist et le mashed potato, et s'il lui fut parfois reproché de céder aux modes musicales, il les a toutefois précédées plus souvent que suivies2. Les différents courants musicaux auxquels il s'est adonné, rock 'n' roll, pop, rhythm and blues, soul, rock psychédélique, puisent tous leurs origines dans le blues, et bien qu'interprète de nombreuses chansons dites de variété, de ballades, et parfois de country, le rock reste sa principale référence.

Son apport à la scène française est important. D'abord décrié puis reconnu, il impose sa marque et transforme le tour de chant traditionnel en un véritable spectacle. En dehors des pays francophones, s'il ne parvint pas durablement à s'imposer malgré plusieurs tournées à succès, notamment en Amérique du Sud, sa réputation d'homme de scène franchit en revanche les frontières. Au niveau international, Hallyday est considéré comme le seul rock’n’roller non anglophone connu par un large public.

Sa longévité au premier plan, comme ses prestations vocales et scéniques, lui attirent la reconnaissance de ses pairs. De l'Alhambra, en 1960, à aujourd'hui, en 183 tournées et 27 rentrées parisiennes, il a attiré plus de 28 millions de spectateurs, enregistré plus de 1 000 titres, composé une centaine de chansons et vendu 110 millions de disques. Sa carrière est déjà récompensée par 40 disques d’or, 22 de platine, 5 de diamant et 10 Victoires de la musique, pour une discographie officielle qui compte 50 albums studio et 27 albums live. (Source Wilkipedia).
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J’écris ce texte en regardant les funérailles de Johnny Hallyday retransmis en direct à la télé. Plus de 700 bikers accompagnent le cortège funéraire jusqu’à l’église de la Madeleine. Le dernier road-trip de Johnny. Impressionnant. 

Johnny Hallyday a bercé notre jeunesse. On a tous dansé le twist en écoutant Johnny, l’idole des jeunes. Avec mes oncles, Guy Bennett et Pierre-Marie Ligondé, on passait des après-midi à écouter ses disques à fond la caisse. C’était l’époque des 33 tours. Que de beaux souvenirs. 

J’ai fait la connaissance de Johnny il y a près de 20 ans à un dîner chez une amie commune, Yanou. J’étais très émue de me retrouver face à lui. Ce soir là, il était accompagné de sa toute jeune et jolie femme Laetitia, qu’il venait d’épouser. Je me suis retrouvée à sa gauche à table et on a passé le temps du repas à se parler. J’ai découvert un homme timide, très réservé. Tout le contraire du Johnny sur scène. Il avait un côté émouvant, mélancolique. Comme it était un grand fumeur comme moi, il a passé la soirée à allumer mes cigarettes. Par la suite, on se croisait assez souvent à notre restaurant italien préféré. J’ai aussi eu le grand privilège d’être invitée à l’un de ses concerts. Quelle présence sur scène. Époustouflant. 

Je garde le souvenir de Johnny à une journée d’anniversaire de ses deux filles, Jade et Joy, à St. Barths un mois d’août. Lui et Laetitia m’avait gentiment invité à me joindre à eux pour l’occasion. J’ai découvert un Johnny, attentif, délicat et très présent pour sa famille. 

Je présente mes condoléances émues à son épouse Laeticia, à ses enfants, David, Laura, Jade et Joy.
Comme des millions de fans attristés, je pense à ma chanson préférée de Johnny, «Que je t’aime! Que je t’aime! Que je t’aime ».




Michele Bennett Duvalier
Paris, France

Le 9 Décembre 2017

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Gessica Généus reçoit un prix au Sénégal pour son premier documentaire

La récompense après l’effort. L’actrice devenue réalisatrice Gessica Généus a reçu le prix du meilleur documentaire de création pour son film « Douvan jou ka leve » (le jour se lèvera) dans la catégorie moyen-métrage hier dimanche 10 décembre.


Cette prestigieuse distinction lui a été décernée par le jury 2017 dans le cadre du Festival du film documentaire de Saint-Louis. Un évènement qui a réuni plus de 10.000 spectateurs et une centaine de professionnels du cinéma et l’audiovisuel du 4 au 9 décembre Sénégal.


Cet endroit en lui-même est tout un symbole de la pertinence de cette œuvre cinématographique à un moment où l’esclavage est revenu au centre des débats. Et Mme Généus en est bien consciente: « Sénégal, c’est là où se trouve l’île de Gorée, l’un des plus grands pots de transportations d’esclavages, un des points pivot de la traitre negrière. Et mon film traite également de l’héritage colonial, de la colonisation de l’imaginaire. »


Premier prix pour ce film documentaire et pour sa carrière de réalisatrice, Gessica Généus a de quoi se réjouir. « Après avoir travaillé pendant si longtemps, quatre ans, sur un projet pour lequel on reçoit un prix, on n’est soulagé de voir que le temps n’est pas vain et qu’il y a des personnes qui portent un regard sur ce projet pour le mettre en lumière », a—t-elle déclaré très humblement à la Presse.


Et son attente ne s’arrête pas là. « Plus on voit le film, plus on prend connaissance de son existence, plus je me sens soulagée à l’idée que ce que je raconte contribue à faire avancer le débat. » Justement, en août dernier, on a retrouvé « Douvan jou ka leve » dans la programmation du festival États généraux du film documentaire organisé à Lussas, en France.


« Douvan jou ka leve », 52 minutes, est coproduit par SaNoSi et Rachèle Magloire. La réalisatrice Gessica Généus  a confié que  le film sera projeté en grande première en Haiti en février 2018.

Manno Charlemagne, mort d'un troubadour haïtien


Chanteur engagé le plus célèbre de son pays, il avait été contraint à l'exil avant de devenir, à la chute de la dictature du clan Duvalier, maire de Port-au-Prince.

En 1986, le cinéaste américain Jonathan Demme fait plusieurs voyages en Haïti, où il est le témoin des convulsions de la fin de la dictature du clan Duvalier : le «déchoucage», soit la chasse aux «tontons macoutes» et autres éléments liés à l’ancien régime, les espoirs placés dans une nouvelle société, le poids des traditions héritées de l’Afrique… Il en tire en 1987 un documentaire, Haiti : Dreams of Democracy. Deux ans plus tard, le futur réalisateur de Philadelphia et du Silence des agneaux rassemble dans la compilation Konbit, Burning Rhythms of Haiti les sons qui ont accompagné la révolution. Ce disque sera pour beaucoup d’amateurs la porte d’entrée dans l’univers luxuriant des musiques de la Première République noire. Au milieu des cadences trépidantes du kompa (l’ancêtre du zouk), on y trouvait un morceau qui dans son dépouillement guitare-voix donnait la chair de poule: Ayiti pa Foré de Manno Charlemagne.

Dylan et Cuba

 

En cette ère pré-Internet, les renseignements étaient rares sur ce twoubadou à la voix fiévreuse, qui évoquait autant le protest-song anglophone de la génération Dylan que la nueva trova de la Cuba socialiste. Joseph Emmanuel Charlemagne est né en périphérie de Port-au-Prince en 1948. Père absent, mère expatriée en Floride, il est élevé par une tante. A 15 ans, il est arrêté et torturé par les tontons macoutes, la milice de la dictature qui terrorisait la population avec de prétendus pouvoirs magiques.


Après avoir fondé un mini-jazz (orchestre dansant), le jeune «Manno» rejoint le mouvement mizik angajé et compose ses premiers brûlots. A la fin des années 70, le duo contestataire qu’il forme avec Marco Jeanty se fait connaître sur les ondes de Radio Haïti Inter. Mais leur popularité grandissante dans les milieux étudiants les met en danger. Après un album enregistré en 1978, Charlemagne s’exile aux Etats-Unis, puis à Montréal où il vivra longtemps. De cette période date le Mal du Pays, une de ses rares chansons en français.


En mars 1986, dans les semaines qui suivent la fuite de Bébé Doc, le dernier tyran de la dynastie Duvalier, il rentre au pays où il est acclamé. Il fonde un chœur sous forme de konbit (coopérative): Koral Konbit Kalfou. Son disciple le plus célèbre, Beethova Obas, en est issu. Les structures démocratiques tentent de s’installer dans un environnement chaotique, où les règlements de comptes se multiplient. Manno Charlemagne sera lui-même grièvement blessé dans une fusillade lors d’un concert. Cette situation lui inspire Ayiti pa Foré, acide chronique de l’après-Duvalier : «Si Haïti n’est pas une jungle, pourquoi y trouve-t-on tant d’animaux ?» 

Bouillonnement de chanteurs engagés dans la Caraïbe

 

La chanson appartient au 33 tours Oganizasyon Mondyal, ouvrage militant qui superpose à la grille d’accords folk une grille de lecture marxiste de l’histoire. Manno n’est pas un cas unique, depuis la décennie précédente, la Caraïbe est un bouillonnement de chanteurs engagés : Peter Tosh et Bob Marley en Jamaïque, Andrés Jimenez à Porto Rico, Luis Días dans le pays voisin de Haïti, la République Dominicaine, Guy Konkèt en Guadeloupe…


Et l’engagement de Charlemagne ne s’arrête pas aux textes des chansons. Il accompagne l’ascension de Jean-Bertrand Aristide, prêtre défroqué devenu le porte-parole des déshérités, et de son mouvement, Lavalas («l’avalanche»). «Titid» est réélu président en 1994 (son premier mandat avait été écourté par un coup d’Etat militaire) et son ami Manno devient en 1995 maire de Port-au-Prince, la capitale, pour un mandat de quatre ans. L’expérience lui laissera un goût amer. Echaudé, il retourne aux Etats-Unis, s’installe à Miami où il chante au restaurant Le Tap Tap, épicentre de la vie culturelle de Little Haïti. Il se produit aussi dans les universités et enregistre de nouveaux disques. Atteint d’un cancer du poumon, il désirait finir ses jours dans son pays. Dernière volonté qui n’a pu se réaliser: Manno Charlemagne est mort dimanche dans un hôpital de Miami Beach, à 74 ans. Quelques mois après son ami Jonathan Demme, qui lui offrit un petit rôle dans son film la Vérité sur Charlie.



Crédit: François-Xavier Gomez /Liberation
 

dimanche 10 décembre 2017

Musique/Nécrologie: Manno Charlemagne est mort !

Manno Charlemagne a rendu l’âme ce dimanche aux Etats-Unis. Un cancer du poumon a eu raison de celui qui chantait « Banm yon ti limyè ».

Aussi chanteur qu’écrivain ou compositeur folk, Manno Charlemagne naquit à Port-au-Prince, Boulevard Jean-Jacques Dessalines, à coté de la Boulangerie Morel, en 1948. Son engagement pour la justice sociale lui valut des inimitiés dans les rangs de la dictature. Cible d'attaques et de tentatives d'assassinat, il fut forcé à prendre l'exil aux États-Unis sous Jean Claude Duvalier.

Après sa mort, les réactions pleuvent. Entre autres, pour le chef de l’Etat Jovenel Moise, « le départ pour l’Orient éternel du chanteur engagé Manno Charlemagne constitue une grande perte pour le pays et pour le secteur culturel en particulier». M. Moise adresse ses « sympathies à la famille et aux proches de ce patriote qui aimait son pays avec passion. Haïti lui est reconnaissante. ».

Manno raconte sa vie, ici:...