La ville des Cayes a été l’hôte du carnaval national cette année. Malgré certaines imperfections, les festivités se sont déroulées dans un climat relativement calme. L'édition 2017 du carnaval national a été marqué par le retour de l'ancien président Michel Martelly qui ne s’est pas gêné pour s’en prendre grossièrement à deux journalistes.
Il fallait voir ces
dizaines de milliers de carnavaliers, chauffés à blanc, monter et descendre le
boulevard des Quatre Chemins, consommant les prestations avec frénésie. Sans
modération. Il fallait les voir exiger plus à chaque fois. Les diatribes de Michel
Martelly contre la presse sont passées sans filtre. Il fallait voir leur
conspiration à se précipiter vers Gelée, après chaque soirée colorée de
décibels, pour aller prendre la plage d'assaut et déguster des fruits de mer.
Durant ces trois jours, la ville des Cayes a comblé les attentes et a
littéralement gagné son pari, malgré certaines imperfections. Au point qu’à
cause de l’euphorie provoquée par la fête, la récente catastrophe qui a secoué
la ville a été jetée aux oubliettes.
Aucun décès, mais plusieurs
blessés
Présent durant
l'événement, le président de la République, Jovenel Moïse, n'a pas caché sa
fierté. Sur Twitter, le 58e président d'Haïti a salué, avec sa femme, « les
efforts du comité pour avoir assuré la pleine réussite du carnaval national 2017
». « La ville des Cayes a fait preuve une fois de plus de son hospitalité. Que
cette solidarité serve d'exemple aux autres communes du pays », lisait-on dans
un tweet sur la page du président Moïse. Le chef de l’Etat a aussi tressé des
lauriers aux hommes en uniforme qui ont assuré la sécurité durant les
festivités. « Félicitations à la PNH qui a réalisé un travail hors pair sur le
parcours et dans les autres artères », a-t-il également dit sur Twitter. Côté
sécurité, aucun décès n'a été enregistré. Les agents de la PNH ont toutefois
réalisé 62 interpellations durant les trois jours, notamment pour possession de
fausses monnaies et trouble à l'ordre public. De plus, l'institution policière
a dénombré 81 victimes qui ont pour la plupart été blessées lors d'accidents de
la circulation par arme blanche ou par voies de fait suivies de blessures.
Encore une fois cette
année, l'OFATMA a mis un service d'urgence au profit des participants. Le
directeur de l'Office d'assurance accidents du travail, maladie et maternité,
Max Rudolph Saint-Albin, a indiqué que cette initiative d'installer un stand
médical sur le parcours était plus que nécessaire. « Ce stand répond à un plan
global de réponse médicale durant le carnaval. Ici, on réalise la stabilisation
des urgences. On réfère les cas qui sont plus graves aux autres hôpitaux », a
expliqué le directeur de l'OFATMA. Au total, 22 ambulances ont été déployées,
notamment celles de l'OFATMA, du Centre ambulancier national (CAN), de la
Croix-Rouge et de l'OAVCT. Le directeur a souligné que les cas reçus sur le
stand étaient des « cas mineurs ». L'hôpital de l'Immaculée Conception des
Cayes a reçu 6 cas le premier jour, 12 cas le 2e et 19 le dernier jour, selon
le directeur, Jean Yves Dommerçant.
Le Conseil national des
télécommunications (CONATEL) a été remarquable durant les festivités
carnavalesques à Jacmel, une semaine plus tôt, comme dans la ville des Cayes.
Dans le Sud-Est, l'institution dirigée par Jean Marie Altéma a voulu rapprocher
les consommateurs et les opérateurs de téléphonie mobile et d'Internet, via
l'initiative « Karavàn Tèk-tèk ». Aux Cayes, le CONATEL a hébergé des médias
sur son stand. « Nous avons logé la plateforme des médias du Sud composée d'une
vingtaine de radios et de télés. Nous avons également hébergé 6 radios, 2
télévisions et 3 médias de la capitale », indique Jean Marie Altéma. Le CONATEL
avait par ailleurs profité du carnaval national pour lancer le projet de centre
d'appel communal avec la mairie des Cayes. Un lot de matériel avait été remis
pour le fonctionnement de ce centre. « Le Centre d'appel communal (CAC) est un
projet qui vise à doter les mairies des principales communes d'un numéro court
(short code) afin de les rapprocher des administrés. Le CAC des Cayes a servi
de support au comité du carnaval », a confié Altéma.
Son mandat présidentiel
terminé, Michel Martelly a pris part au défilé du carnaval en tant qu'artiste.
L'ancien président n'a pas mis de gants pour s'en prendre à certains
journalistes et médias qu'il considère comme ses adversaires. Jean Monard
Métellus et Lilianne Pierre Paul, baptisés respectivement Ti Mona et Ti Lili,
ont été la cible du chanteur. Sa prestation était teintée de propos grivois,
grossiers. La foule, elle, n'a rien fait sinon qu'obéir. Pour le 3e jour gras,
elle a accompagné Sweet Micky jusqu'à Gelée, même si le carnaval avait
officiellement pris fin. Cette fois, ni la logistique ni la mairie des Cayes
n’ont levé le petit doigt. Le président du compas est parvenu à aider ses fans
à oublier la tragédie haïtienne dont il est partie prenante.
Crédit: Jean Daniel Sénat
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